SELON UN RAPPORT DE MARCHÉS MONDIAUX CIBC, L'ATTIRANCE QU'EXERCE LE CANADA SUR LES BANQUES CENTRALES POURRAIT FAIRE GRIMPER LE HUARD
Le taux de change entrave la capacité de la Banque du Canada à ralentir l'augmentation de la dette des ménages
TORONTO, le 17 déc. /CNW/ - CIBC (CM aux bourses de Toronto et de New York) - Selon un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc., l'attirance croissante qu'exerce le Canada sur les investisseurs étrangers, y compris les banques centrales, pourrait entraîner la surévaluation du huard, ce qui nuirait encore plus au secteur canadien de la fabrication, déjà mal en point. Ainsi, la Banque du Canada aurait plus de difficultés à hausser les taux d'intérêt en vue de ralentir l'endettement croissant des ménages.
Alors que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s'inquiétait récemment d'une possible "mainmise" sur le dollar américain, puisque plus de 40 % du commerce américain s'effectue avec des pays dont le taux de change avec le dollar américain est administré et avec plus d'une dizaine de pays dont les réserves augmentent à un rythme supérieur à 10 %, les auteurs du rapport remarquent qu'il pourrait aussi y avoir mainmise sur le dollar canadien.
"La décision, raisonnable par ailleurs, des banques centrales de diversifier la composition de leurs réserves, y compris en augmentant la pondération en dollars canadiens, peut avoir été un facteur clé dans l'atteinte de la parité de notre monnaie avec le dollar américain. Cette parité contrebalance d'ailleurs un important déficit commercial", écrit Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC. "Il n'est pas possible d'obtenir des données précises sur ces flux monétaires, et la majeure partie des obligations canadiennes détenues à l'étranger se trouve probablement entre les mains d'acteurs du secteur privé. Mais une part importante de l'augmentation récente, qui a été massive, semble être liée aux réserves des banques centrales et d'autres fonds souverains."
Le rapport de la Banque CIBC révèle que les investisseurs étrangers ont ajouté plus de 72 G$ à leurs portefeuilles d'obligations libellées en dollars canadiens au cours des 12 derniers mois, montant presque suffisant pour effacer l'ensemble du déficit fédéral et des déficits provinciaux de l'an dernier. La majeure partie de ces obligations ont été émises par le gouvernement du Canada, instruments privilégiés par les banques centrales pour leurs réserves.
Les avoirs des banques centrales en dollars canadiens sont regroupés, dans les données du FMI, dans la catégorie "Autres", laquelle comprendrait aussi le dollar australien et quelques autres, et la plupart des pays émergents ne déclarent pas la composition de leurs avoirs. M. Shenfeld croit que ces derniers respectent une ventilation similaire. Au moyen d'une estimation raisonnable de la part canadienne de cette catégorie "Autres", il estime qu'entre le tiers et la moitié des achats étrangers nets seraient le fait des banques centrales, ce qui correspondrait aussi aux observations empiriques des participants au marché.
"Bien sûr, ces banques centrales n'essaient pas de contrôler le cours de leur monnaie par rapport au dollar canadien, puisque peu d'échanges commerciaux bilatéraux seraient affectés", ajoute M. Shenfeld. "Elles ne cherchent pas non plus directement à surévaluer le huard par rapport au dollar américain. Mais c'est tout de même ce qui se produit."
La valeur élevée du huard a paralysé la Banque du Canada dans ses tentatives d'endiguer la croissance rapide des dettes des ménages au moyen de hausses des taux d'intérêt. Une analyse du rapport par Études économiques de la Banque CIBC montre que le niveau actuel d'endettement du Canada ne pose pas de problème, mais que s'il est maintenu, le rythme actuel des emprunts pourrait étouffer les finances des ménages d'ici cinq ans.
La Banque ne peut pas augmenter ses taux d'intérêt afin de décourager les emprunts par crainte d'envoyer le huard en orbite et de freiner encore plus les exportations. L'appréciation du dollar canadien a déjà contribué à la perte, par le Canada, de plus du quart du marché des importations américaines comparativement à 2001.
Nombreux sont ceux qui se tournent vers le gouvernement fédéral pour freiner le rythme des emprunts des ménages; le rapport laisse entendre qu'un autre choix se présente à Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada.
"Une tactique n'a pas encore été employée : celle qui consiste à combattre le feu par le feu", soutient M. Shenfeld. "Le Canada pourrait intervenir en faveur de notre monnaie à la hauteur des interventions des banques centrales étrangères au moyen d'une opération de compensation, soit la vente d'un volume équivalent de dollars canadiens. Cette opération ferait en sorte que les taux de change seraient à nouveau déterminés par le marché et relâcherait la mainmise sur le dollar canadien."
Alors que les décideurs mondiaux ont consacré beaucoup de temps et d'efforts à la mise au point de réformes du secteur financier fondées sur les leçons retenues de la dernière crise économique, note M. Shenfeld, les décideurs canadiens pourraient s'intéresser un peu plus aux effets d'un déséquilibre commercial lié au mauvais alignement des devises, un autre facteur clé expliquant les perturbations récentes qui ont touché l'économie mondiale.
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/sdec10.pdf.
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Avery Shenfeld, économiste en chef, Marchés mondiaux CIBC, 416 594-7356, [email protected]; ou Kevin Dove, Communications et affaires publiques, 416 980-8835, [email protected]
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