Selon une étude de l'Université de Sherbrooke - Les chiens dociles vivent
plus longtemps
SHERBROOKE, QC, le 29 avr. /CNW Telbec/ - Un étudiant au doctorat en biologie de l'Université de Sherbrooke a démontré que la personnalité des chiens a une grande influence sur leur longévité, en plus de leur taille corporelle. Les résultats de l'étude de Vincent Careau et de ses collaborateurs de l'UdeS, McGill et l'UQAM ont paru récemment dans la revue The American Naturalist et ils suscitent depuis un engouement et des débats dans plusieurs revues scientifiques internationales.
Les chercheurs démontrent qu'à poids égal, un chien obéissant gagne en longévité par rapport à un chien plus têtu et téméraire. Lors de l'étude, ils analysent des questions de "train de vie" et de dépense énergétique chez certaines races. Ultimement, ces travaux pourraient aider à mieux comprendre l'évolution de certaines espèces, voire de l'homme.
"Les recherches sur la personnalité et sur les traits biodémographiques sont très en vogue actuellement, témoigne Vincent Careau. Cela nous amène à analyser des données sur la fertilité, la croissance, la longévité et la personnalité - par exemple l'âge à la première reproduction, la taille de la portée et la durée de vie. Ultimement, on cherche à mieux connaître les grandes lignes du train de la vie."
Plusieurs biologistes ont soulevé l'idée que la personnalité des animaux a évolué de façon à ce qu'elle concorde avec le mode de vie adopté. Ainsi, ils s'attendent à ce que les animaux agressifs et hardis dépensent leur énergie de manière plus intense et aient une vie relativement courte. En revanche, les animaux calmes vivraient plus longtemps, ce qui les amènerait à se reproduire plus tard dans la vie.
Pour vérifier cette théorie, Vincent Careau a colligé des données sur la biologie du chien, et ce, à partir de sources très diverses : ouvrage sur la "psychologie" des chiens, recherches dans le domaine vétérinaire, et même des données de compagnies d'assurances. En effet, en Suède, des compagnies proposent des assurances vie pour les chiens, et calculent le risque assurable à partir de données actuarielles sur l'espérance de vie des différentes races.
Du labrador au Grand Danois
En croisant les données de ces différentes sources, Vincent Careau a trouvé que des chiens obéissants, comme des bergers allemands et des bichons frisés, vivent plus longtemps que d'autres espèces de taille similaire. Les races plus têtues, comme les beagles et poméraniens, meurent généralement plus tôt. Vincent Careau a également trouvé que l'agressivité - un autre trait de personnalité important - est reliée aux dépenses d'énergie : les chiens paisibles comme les terre-neuve ou les labradors ont tendance à brûler moins d'énergie par kilogramme que ne le font les chiens agressifs du type fox-terrier ou grand danois, qui sont extrêmement territoriaux.
"On peut voir les races de chiens existant aujourd'hui comme le résultat d'une expérience de sélection artificielle bien contrôlée et surtout bien répliquée, dit-il. Vraisemblablement, les éleveurs qui ont créé ces races, il y a 300 à 400 ans, ont opéré une sélection basée sur la personnalité des chiens, et non pas sur des critères comme leur durée de vie ou la quantité de nourriture qu'ils absorbaient", affirme Vincent Careau.
L'extrême diversité des chiens ne résulte pas de la sélection naturelle. Au fil du temps, les humains ont modelé les animaux grâce aux croisements tenant compte de la sélection des traits qu'ils désiraient, comme la capacité de chasser les renards, de guider les moutons ou de s'asseoir agréablement sur un canapé. Ainsi, le chercheur suggère que la personnalité, le train de vie, et les besoins énergétiques sont, d'une certaine manière, génétiquement liés.
Les conclusions de l'étude sur les chiens peuvent-elles aider à mieux comprendre le cycle de la vie humaine? Il est trop tôt pour se prononcer, mais des psychologistes de l'université d'Édimbourg s'intéressent de près aux travaux de Vincent Careau et une collaboration est envisagée.
Renseignements: Vincent Careau, doctorant en biologie, (819) 821-8000, poste 61928, [email protected]; www.USherbrooke.ca/medias; Source: Pierre Masse, agent de communication, (819) 821-8000 poste 67085, [email protected]
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