Deux chercheuses de l'INRS autopublient un livre de vulgarisation scientifique pour conscientiser la population aux effets des polluants environnementaux.
QUÉBEC, le 21 déc. 2022 /CNW Telbec/ - Même si les perturbateurs endocriniens font de plus en plus les manchettes, le public demeure peu informé des effets de ces polluants qui interfèrent avec nos hormones. Pourtant, ces substances chimiques font partie de notre quotidien et dans les nombreux produits qui nous entourent. On les retrouve dans les bouteilles de plastique, les biberons, le mobilier, les cosmétiques, et même dans les lacs et les rivières.
Professeures à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), Valérie Langlois et Isabelle Plante étudient les perturbateurs endocriniens depuis de nombreuses années. Avec leurs travaux, elles s'efforcent de sensibiliser la population sur les effets que ces polluants peuvent avoir sur l'environnement et la santé humaine.
Pour ces deux chercheuses, il est primordial de conscientiser les plus jeunes aux effets des polluants. C'est donc à travers une série de deux ouvrages de vulgarisation scientifique qu'elles ont décidé d'aborder ce sujet complexe. Édité en 2022, le premier livre intitulé Rainette explore son marais : L'enjeu des perturbateurs endocriniens raconté à nos jeunes, s'adresse aux enfants de 5 à 8 ans. L'ouvrage met en scène Rainette, une grenouille qui vit dans un marais pollué. Elle a des têtards qui ont des problèmes de santé et des voisins poissons qui n'arrivent pas à se reproduire. Avec ses lunettes magiques, Rainette va remonter à la source de ces molécules qui contaminent son habitat naturel et se faire aider par une scientifique.
« Plus les gens sont informés et conscients des risques associés à ces polluants omniprésents dans notre environnement, plus ils peuvent faire bouger les choses », lance Valérie Langlois, qui se spécialise en toxicologie chimique et environnementale.
Les pertubateurs endocriniens sont des polluants qui se retrouvent dans l'environnement. Une fois en contact avec un organisme, que ce soit un animal ou un humain, ils s'immiscent à l'intérieur et interférent avec les hormones. Ils vont en quelque sorte mimer le comportement de nos hormones dans le corps et perturber la communication entre nos cellules, pouvant ainsi causer des problèmes de reproduction ou de développement.
« En leur faisant découvrir le monde de Rainette, on forme la génération de demain sur des enjeux environnementaux importants. De plus, en s'adressant aux plus jeunes, on informe le reste de la famille. On crée une conscience sociale plus importante », ajoute Isabelle Plante, spécialisée en recherche sur les causes environnementales du cancer du sein.
Les chercheuses et autrices travaillent déjà sur le deuxième tome qui sortira à l'été 2023. Dans cette nouvelle aventure, ce sont un chien et un chat qui enquêteront sur les perturbateurs endocriniens. Ensemble, ils détermineront les effets que ces polluants peuvent avoir sur eux-mêmes, mais surtout sur les humains qui vivent dans leur maison.
Elles-mêmes parents, les deux professeures ont commencé à animer des ateliers dans des écoles primaires de Québec et de Laval. En imprimant ce livre localement sur du papier recyclé et de l'encre végétale afin de respecter le plus possible l'environnement, elles vont au bout de leurs convictions. Le livre est disponible gratuitement en version imprimée ou numérique (sur commande).
Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans notre quotidien. Pourtant, leurs effets inquiétants sur la santé humaine restent peu connus du public et même des scientifiques.
« Contrairement à la plupart des contaminants dont la toxicité augmente avec leur quantité, les perturbateurs endocriniens agissent souvent à l'inverse, c'est-à-dire qu'ils ont des effets nocifs même en très faibles concentrations. Cette particularité rend leur réglementation très difficile », explique Valérie Langlois, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne
« Si on connaît mieux les perturbateurs et qu'on sait où ils se trouvent, on peut faire des choix éclairés en tant que consommatrices et consommateurs pour éviter de s'exposer à certains d'entre eux », lance la professeure Plante.
Les professeures Langlois et Plante ont cofondé le Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) en 2020, un regroupement international de plus de 150 chercheurs de domaines diversifiés. En unissant leurs expertises, les scientifiques sont capables d'identifier les différents perturbateurs endocriniens et d'analyser leur présence dans l'environnement jusqu'à leurs effets sur la santé humaine et animale.
« Il faut continuer à faire de l'éducation à tous les niveaux de la société, que ce soit auprès des politiques, des scientifiques et du grand public », conclut Valérie Langlois.
Le Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) est un regroupement de chercheuses et de chercheurs ayant pour mission d'informer, d'assister et de servir de ressource aux instances gouvernementales, aux organismes à but non lucratif et à l'industrie ainsi qu'à la population québécoise et canadienne afin d'identifier, de reconnaître, de quantifier et de gérer les perturbateurs endocriniens.
L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Québec et au Canada en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1 400 membres étudiants, stagiaires postdoctoraux, membres du corps professoral et membres du personnel.
SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)
Julie Robert, Service des communications et des affaires publiques, Institut national de la recherche scientifique (INRS), Cellulaire : 514 971-4747, Courriel : [email protected]
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