Services sociaux : Quand le MSSS, l'Agence de Montréal et les CSSS
permettront-t-ils aux personnes ayant des limitations fonctionnelles de vivre
dans la dignité? Ex aequo dévoile les résultats d'une importante enquête sur
les services de soutien à domicile (SAD)
MONTRÉAL, le 30 nov. /CNW Telbec/ - Le réseau de la santé et des services sociaux ne répond que partiellement aux besoins des personnes ayant une déficience motrice et ne tient pas compte, de manière générale, de leur volonté de participer activement à la société, de leur capacité d'être incluses socialement et de leur contribution potentielle. Voilà les résultats d'une recherche-action, menée par l'organisme Ex aequo en 2009-2010, dévoilés dans le cadre d'un colloque sur le soutien à domicile qui se tient aujourd'hui. Ces constats corroborent les revendications du milieu associatif mille fois répétées. Alors que l'on s'attarde au « mourir dans la dignité », quand se préoccupera-t-on vraiment du « vivre dans la dignité »?
En conséquence, Ex aequo exhorte l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et les CSSS notamment à :
- adopter le principe de l'inclusion sociale;
- cesser rapidement les réductions totales ou partielles de services;
- accroître le nombre d'heures et améliorer la qualité des services;
- cesser la tarification des services de SAD;
- faire cesser les menaces d'institutionnalisation;
- développer un outil d'évaluation des besoins, humain et non uniquement médical et administratif, qui tient compte des facteurs d'inclusion sociale;
- implanter des modalités de prestation des services flexibles qui permettent l'inclusion sociale, tel que le Chèque emploi-service (CES).
Des résultats importants du sondage auprès de 270 répondants et de 40 participants à des groupes de discussions révèlent, entre autres, que:
- il existe un déficit de 868 heures par semaine de services de soutien à domicile entre les heures estimées nécessaires par les 241 répondants qui reçoivent des services et celles accordées par les CSSS;
- il existe une attente moyenne de 14 mois pour les 29 répondants qui ne recevaient pas ces services;
- l'entourage compense, gratuitement et presque entièrement, le déficit hebdomadaire entre les heures estimées nécessaires et celles accordées (840 heures);
- la présence d'un proche empêche l'obtention de services ou l'intensité requise des services;
- l'outil d'évaluation, basé sur la perte d'autonomie, ne respecte pas l'objectif de la participation sociale et le libre choix des individus, plusieurs fois affirmés dans les outils législatifs;
- la formation du personnel qui évalue les besoins et de celui qui dispense les services n'est pas adéquate, et ce, tant du point de vue humain que technique;
- un grand nombre d'intervenants, auxiliaires et préposés ont des attitudes irrespectueuses, notamment l'intimidation et les menaces, qui illustrent l'ampleur de ces manquements;
- l'information est peu transmise aux usagers et à leurs proches en ce qui concerne les explications des différents modes de prestation de services et le processus pour déposer une plainte en cas d'insatisfaction;
- des réductions totales ou partielles de services et des fermetures de dossiers sont fréquentes.
Les personnes ayant des limitations fonctionnelles (handicapées) sont exposées, dès leur naissance, leur accident ou leur maladie, à l'exclusion, la discrimination, la pauvreté, l'injustice, les luttes quotidiennes et incessantes, ainsi qu'à l'impunité d'un trop grand nombre d'intervenants, auxiliaires et préposés. Leurs droits sont lésés à bien des égards, même si des lois et politiques leur reconnaissent tous les droits fondamentaux, économiques, sociaux et culturels.
Témoignages saisissants issus des groupes de discussion de la recherche-action:
- J'ai coupé mes activités parce que je n'ai plus de services toutes les semaines. J'ai socialisé moins cet hiver… la solitude, ça commence à me peser…
- Je déteste le mot d'« aidant naturel ». Ce n'est pas naturel, ça n'a jamais été naturel. J'ai voulu être mère, je n'ai pas voulu être aidante naturelle, infirmière, docteur…
- …je ne suis pas un handicapé, je suis un handi-capable…
- J'annule mes possibilités d'avancement économique parce que le système ne répond pas, n'est pas capable de répondre à mon besoin.
- C'est fait pour les personnes âgées. Ils veulent évaluer le degré de perte d'autonomie, alors qu'on a toujours dit que l'on est en quête d'autonomie.
- Aussitôt qu'on se montre intéressé par quelque chose, c'est tout de suite les menaces…
- Tant que le gouvernement va vouloir baisser les heures de services par individu, on n'arrivera jamais à l'inclusion pleine et entière.
- Elle disait : « …mais oublie pas qu'on a le gros bout du bâton pour te placer. » Là, j'ai dit : « Oh non! Je n'endurerai pas la violence psychologique. »
Ex aequo croit qu'il faut travailler conjointement afin d'élaborer une planification et une organisation novatrices des services de soutien à domicile.
Enfin, l'organisme souhaite le ralliement d'un grand nombre de citoyens et citoyennes, impliqués à tous les niveaux et concernés de près par ces services, afin de convaincre les élus et les dirigeants de la gravité de la situation et de la nécessité d'y consacrer les ressources appropriées, dans le respect humain auquel toute personne aspire.
Ex aequo est un organisme qui, depuis 30 ans, a pour mission la promotion et la défense des droits des personnes ayant une déficience motrice.
Pour connaître tous les détails de cette recherche-action ou pour mieux connaître l'organisme, visitez la page web suivante : http://exaequo.net/spip.php?article14.
Renseignements:
Marc-André Burelle-Favron, agent de promotion, Ex aequo, 514 929-4300
Médias : Marie-Claude Normandin, responsable des communications, Ex aequo, 514 836-2019
courriel :[email protected]
www.exaequo.net
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