Situation critique relative à l'âge de la retraite? Non. Remise en question de l'âge de la retraite? Les actuaires du Canada acquiescent
OTTAWA, le 1er nov. 2013 /CNW/ - Contrairement aux protestations massives auxquelles ont donné lieu, il y a quelques années dans des pays européens (la France, l'Italie, la Pologne et l'Espagne, par exemple), les mesures d'austérité gouvernementales repoussant l'âge de la retraite, les Canadiens ont à peine bronché lorsque le gouvernement fédéral a fait passer de 65 à 67 ans l'âge d'admissibilité aux prestations du programme de la Sécurité de la vieillesse (SV) et du Supplément de revenu garanti (SRG).
Malgré cette apparence de désintéressement, la longévité accrue engendrera des défis que nous devons surmonter.
Jacques Lafrance, président de l'Institut canadien des actuaires, indique qu'« Au cours des mois à venir, l'Institut publiera la version finale des toutes premières tables de mortalité des retraités canadiens, lesquelles confirment que les Canadiens participant à des régimes de retraite vivent plus longtemps que ce qui avait été prévu auparavant. Par exemple, on prévoyait qu'une femme ayant 65 ans en 2014 vivrait encore 22,1 ans. Selon la nouvelle table, cette espérance de vie est plutôt de 24,5 ans. Pour un homme de 65 ans, ce nombre a augmenté de plus de 2,5 ans, pour atteindre 22,5 ans.
« Imaginez l'incidence que pourrait avoir sur votre stratégie d'épargne-retraite - ou sur le régime de retraite de votre employeur - le fait de vivre 2,5 années de plus que prévu. Ces différences sont appréciables pour les Canadiens, pour leurs employeurs et pour leurs gouvernements. »
Selon les actuaires du Canada, la longévité accrue peut représenter un défi, mais la situation n'est pas critique. Avant que ne soit repoussé l'âge de l'admissibilité aux prestations de la SV et du SRG, on estimait que le coût de ces programmes passerait de 2,3 % du produit intérieur brut (PIB) du Canada en 2010 à un sommet de 3,1 % en 2030. Avec ce changement qui sera pleinement effectif en 2029, on prévoit que le coût atteindra un sommet de 2,9 % du PIB en 2023.
Il y a toutefois d'autres facteurs auxquels les responsables des politiques devraient faire attention. À titre d'exemple, la législation actuelle contraint les particuliers à prélever des sommes de leurs instruments de retraite enregistrés au plus tard à l'âge de 71 ans. Compte tenu de la longévité accrue des Canadiens et du fait que les rendements des investissements demeurent faibles, il serait bien avisé pour le gouvernement d'envisager de repousser cet âge afin d'offrir une plus grande souplesse.
En réalité, le concept même d'« âge de la retraite » est peut-être désuet. De nombreux Canadiens prennent une retraite progressive en travaillant à temps partiel ou en réduisant leurs heures de travail. Notre contexte réglementaire actuel a été conçu à une période où la prise de retraite était un événement brusque, c'est-à-dire qu'on passait directement du travail à temps plein à l'arrêt complet. M. Lafrance ajoute : « Bien que les gouvernements aient réalisé certains progrès pour ce qui est de modifier la législation relative aux régimes de retraite et les programmes gouvernementaux afin de faciliter la retraite progressive, il conviendrait de réexaminer ces règles afin d'aller plus loin. »
Les incitations à la retraite anticipée constituent un autre concept qui mériterait d'être examiné compte tenu de la longévité accrue. Bon nombre de régimes de retraite à prestations déterminées accordent des subventions à la retraite anticipée. Bien qu'un pourcentage de moins en moins élevé d'employés du secteur privé jouisse de tels régimes, les régimes du secteur public prennent en charge plus de 80 % des employés de l'État, et la quasi-totalité d'entre eux prévoient des incitations substantielles à la retraite anticipée. Ainsi, en règle générale, les employés du secteur public peuvent prendre leur retraite plus tôt que les employés du secteur privé en jouissant d'une pleine pension ou d'une pension dont la valeur actuarielle est supérieure. Ces incitations coûtent cher et leur impact n'est pas bien compris. À une époque où la longévité s'accroît, où l'on assiste à des changements démographiques importants et où la population active pourrait diminuer, elles n'ont peut-être plus leur raison d'être.
De nombreuses personnes perçoivent les encouragements à la retraite anticipée offerts dans le secteur public comme une iniquité sectorielle, envers laquelle les contribuables qui paient la facture pourraient se montrer de plus en plus rébarbatifs à soutenir.
M. Lafrance soutient que : « Le Canada est dans une posture enviable comparativement à celle de la plupart des autres pays développés parce qu'il n'est pas aux prises avec une crise en matière de régimes de retraite. Cela n'est toutefois pas un prétexte pour éviter d'importantes décisions politiques dont tous les Canadiens bénéficieront. Au moment d'envisager des changements, les gouvernements doivent tenir compte des effets que ceux-ci auront sur d'autres régimes publics et sur le système de retraite dans son ensemble, y compris l'incidence, positive ou négative, qu'auront ces mesures sur notre économie, maintenant et dans l'avenir. »
L'Institut canadien des actuaires (ICA) est l'organisme national de la profession actuarielle au Canada. L'Institut est voué au service de la population en veillant à ce que les services et les conseils actuariels fournis par la profession soient de la plus haute qualité. En fait, l'Institut fait passer l'intérêt du public avant les besoins de la profession et de ses membres.
SOURCE : Institut canadien des actuaires
ou pour organiser une entrevue avec un actuaire, veuillez communiquer avec Josée Gonthier, communications et affaires publiques, en composant le (613) 236-8196, poste 106, ou par courriel à [email protected]. www.cia-ica.ca
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