Sondage sur la Politique de la réussite éducative - Y a-t-il un ministre de l'Éducation pour les profs?
MONTRÉAL, le 6 févr. 2018 /CNW Telbec/ - Une crise de confiance se dessine entre le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, et le personnel enseignant au Québec. Selon une consultation portant sur la Politique de la réussite éducative, menée récemment par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) auprès de ses membres, près de 86 % des enseignantes et enseignants sondés1 affirment ne pas avoir confiance au ministre Proulx pour qu'il reconnaisse concrètement leur autonomie professionnelle.
Depuis sa nomination, il y a deux ans, le ministre Proulx a systématiquement rejeté les solutions des enseignantes et enseignants visant à améliorer leur quotidien. À la lumière de ce résultat, force est de constater que le ministre Proulx, qui a promis beaucoup, déçoit aussi beaucoup. En effet, Sébastien Proulx a enchaîné les rendez-vous ratés avec les profs. Qu'il s'agisse du projet de loi sur l'organisation et la gouvernance scolaire (projet de loi no 105); du projet de Lab-École; de l'imposition du cours d'éducation financière, des apprentissages en orientation scolaire et professionnelle ainsi que ceux en éducation à la sexualité; et des orientations retenues dans sa politique de réussite éducative, notamment sa décision d'imposer la mise en place d'un institut national d'excellence en éducation (INEÉ), les mesures mises de l'avant par le ministre de l'Éducation correspondent très peu aux besoins prioritaires des profs et ne répondent pas à leurs préoccupations professionnelles.
Malgré les demandes répétées des enseignantes et enseignants, le ministre refuse encore et toujours de mettre en place des balises qui élimineraient les ingérences pédagogiques dont les profs sont victimes. Il ne les reconnaît pas dans la Loi sur l'instruction publique comme les premiers experts de la pédagogie au Québec. Au contraire, ses décisions ajoutent à la lourdeur bureaucratique que doit déjà subir le personnel enseignant. Le maintien des cibles de réussite en est l'exemple parfait. De plus, la décision du ministre de ne pas tenir de débat public sur le phénomène des notes gonflées en dit long sur sa volonté de taire les problèmes vécus par les profs. Le ministre Proulx n'a entrepris aucune action gouvernementale visant à valoriser la contribution essentielle des enseignantes et enseignants au développement de la société québécoise. Bref, les mesures cosmétiques que propose Sébastien Proulx ne dupent pas les enseignantes et enseignants.
« Les profs sont mécontents du manque de soutien et d'écoute de la part du ministre de l'Éducation. Malgré leurs demandes répétées et leurs propositions cohérentes et crédibles, les profs se sentent ignorés par le ministre Proulx. Parce qu'il n'écoute pas les profs, Sébastien Proulx ne parvient pas à poser les bons diagnostics. Donc, il ne propose pas les bons remèdes. Qui peut nier que de plus en plus de profs tombent au combat? Que le taux d'absentéisme pour des motifs liés à la détresse psychologique augmente? Que le taux d'abandon de la profession, qui touche un prof sur quatre en début de carrière, témoigne d'un malaise profond dans la profession? Que les difficultés importantes de recrutement illustrent le peu d'attractivité de la profession enseignante? Pourtant, ces faits exigent que le ministre pose des gestes concrets en faveur des profs. Malheureusement, il choisit de faire la sourde oreille. Quand Sébastien Proulx deviendra-t-il ministre des enseignantes et enseignants? », se questionne Sylvain Mallette, président de la FAE.
Autres résultats
- Près de 50 % des personnes répondantes estiment que les modèles d'apprentissage proposés en orientation scolaire et professionnelle ainsi qu'en éducation à la sexualité ne sont pas de bonnes voies pour assurer la transmission et l'acquisition de savoirs et d'habiletés en lien avec ces sujets (21 % des personnes répondantes n'étaient pas concernés par la question). En faisant fi des critiques légitimes exprimées par les profs, le ministre de l'Éducation a choisi d'ajouter de nouvelles responsabilités au personnel enseignant et de bourrer une grille-matière déjà pleine à craquer.
- Près de 69 % des profs sont en désaccord avec le fait que le ministre Proulx et les commissions scolaires puissent empêcher certains élèves de fréquenter la sixième année sous prétexte qu'ils souhaitent réduire d'ici 2030 la proportion d'élèves entrant à 13 ans ou plus au secondaire.
- Plus de 76 % des enseignantes et enseignantes estiment qu'il faut prioriser les missions dévolues à l'école publique. En ce sens, les profs sont d'avis que l'école publique doit tout d'abord instruire, ensuite socialiser et finalement qualifier. Enfin, 58 % des profs estiment que le ministre accorde trop de place aux entreprises dans le système d'éducation.
« Forte de l'ensemble des résultats et des commentaires obtenus par le biais de cette consultation, la FAE entend profiter de toutes les occasions pour remettre à l'avant-scène les enjeux qui importent aux enseignantes et enseignants qu'elle représente soit : le respect de leur autonomie professionnelle, la mission d'instruction qui doit être au cœur de la réussite scolaire, le refus du nivellement vers le bas appliqué depuis plus de 15 ans à l'école publique et le refus de céder l'école publique aux lois et aléas du marché comme si elle était un bien de consommation. Les profs accomplissent plus que ce dont il est attendu d'eux. C'est au tour du ministre de l'Éducation de respecter sa parole », a conclu M. Mallette.
La FAE regroupe huit syndicats qui représentent plus de 34 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes et le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier, ainsi que les 900 membres de l'Association de personnes retraitées de la FAE (APRFAE).
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1. Destinée aux membres de la FAE, cette consultation s'est déroulée du 12 novembre au 2 décembre 2017 et a atteint 907 membres.
SOURCE Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Marie-Josée Nantel, conseillère au Service des communications, 514 603-2290 ou [email protected]
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