Sondage trimestriel Association des économistes québécois-Léger marketing: La situation des revenus de retraite des Québécois est préoccupante
MONTRÉAL, le 5 mars 2012 /CNW Telbec/ - La vaste majorité des membres de l'Association des économistes québécois interrogés (89%) pense que la situation des revenus de retraite des Québécois est préoccupante dans le contexte du vieillissement de la population et de taux de rendement plus faibles qu'attendu sur les actifs des régimes de retraite. Cette situation commande, selon la moitié d'entre eux, une approche fédérale-provinciale coordonnée (50%), alors que 39 % considèrent plus appropriée une approche parallèle fédérale-provinciale selon les champs de compétences. Seulement 5% penchent plutôt du côté d'une approche à la pièce selon les urgences.
Parmi les moyens qui peuvent être mis en place pour faire face à la situation, celui de l'augmentation des incitatifs aux travailleurs les encourageant à rester plus longtemps en emploi ou à y revenir fait pratiquement consensus : 89% sont favorables à cette mesure générique, contre 8% qui sont en défaveur et 3% qui ne se sont pas prononcés. Les autres dispositions pour lesquelles une forte majorité d'économistes consultés ont exprimé leur appui sont les suivantes : accroître l'indépendance entre l'entreprise et les fonds de pension (76% favorables), augmenter le rang de créancier attribué aux retraités pensionnés en cas de faillite des entreprises (74% favorables), ainsi que repousser l'âge du début des prestations du RRQ/RPC à 67 ans, ou plus tard, si le travailleur le demande et permettre de contribuer à ces régimes sur la période additionnelle de travail (72% favorables).
Les avis sont plus partagés pour d'autres avenues. La mesure consistant à hausser les taux de contribution au RRQ/RPC en cas de déficit actuariel sans diminuer les prestations récolte 63% d'appuis parmi les économistes sondés, alors que 30% y sont défavorables. Celle visant à repousser l'âge de l'obligation de transformer un REER en FERR obtient l'appui de la moitié des économistes interrogés (51%), alors que 25% y sont défavorables et 24% qui ne se sont pas prononcés. La moitié d'entre eux (48%) est aussi en faveur de lier, jusqu'à un certain point, les prestations au rendement des régimes publics (RRQ/RPC), comme en Scandinavie. Cependant, le tiers (33%) est défavorable à cette mesure.
La seule avenue qui divise les économistes consultés est celle de repousser l'âge d'admissibilité à la Pension de la sécurité de la vieillesse à 67 ans : 47% considèrent favorablement cette mesure contre 48% qui y sont défavorables, et 5% n'ont pas émis d'opinion à cet égard. «En somme, commente Jean-Michel Cousineau, président du Comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois, il faut reconnaître, dans ces réponses au sondage, une préférence professionnelle nette qu'ont les économistes en faveur de mesures incitatives (89 %) plutôt que coercitives (48 %) ».
Consensus sur le besoin d'améliorer la transparence des données comptables du gouvernement du Québec
Afin d'améliorer la transparence du processus budgétaire au Québec, les économistes sondés se sont montrés en très forte majorité en faveur de la présentation systématique de l'historique des données sur la base des nouvelles normes comptables que le gouvernement adopte (86%) et de celles des dépenses de programmes consolidées par ministère (fonds dédiés, dépenses de programmes, et autres) (85%). Finalement, près des deux tiers des économistes québécois consultés (63%) sont favorables à la création d'un poste de Commissaire au budget, indépendant du gouvernement. Le quart d'entre eux (25%) y sont toutefois opposés.
L'économie québécoise se maintiendra au cours des six prochains mois selon 63% des économistes
Alors que l'optimisme à l'égard de la conjoncture économique du Québec s'était fortement estompé depuis juin 2011, on constate que la majorité des économistes interrogés (63%) estime que l'économie québécoise se maintiendra au cours des six prochains mois. Bien que près du quart d'entre eux (23%) croit que la situation économique québécoise se détériorera au cours de cette période, cette proportion a diminué de 12 points de pourcentage depuis le mois d'octobre 2011. De plus, 11% des économistes consultés pensent que la situation va s'améliorer, soit une augmentation de 4 points depuis le mois d'octobre dernier.
L'objectif du retour à l'équilibre budgétaire et le prochain budget fédéral : des avis partagés
Les avis des économistes sondés à l'égard de la position que le gouvernement fédéral devrait adopter dans son prochain budget concernant le maintien ou le report de la cible du retour à l'équilibre budgétaire sont partagés. En effet, 54% d'entre eux estiment que le gouvernement du Canada devrait repousser sa cible de retour à l'équilibre budgétaire, alors que 44% croient plutôt que le gouvernement devrait la maintenir.
Une marge de manœuvre financière, si existante, devrait servir en priorité à réduire la dette dans le prochain budget du Québec
La moitié des économistes consultés (49%) estime que si le gouvernement du Québec dispose d'une marge de manœuvre financière par rapport à son plan de retour à l'équilibre budgétaire lors du prochain budget, cette marge devrait servir en premier lieu à réduire la dette.
Deux autres options sont envisagées par une proportion significative des économistes interrogés, soit la mise en place d'un plan d'action pour le développement économique de Montréal (18%) et le financement de mesures pour soutenir le secteur manufacturier malmené par la mondialisation et par la force du dollar (15%). Les propositions d'accentuer l'expertise des ministères dans les secteurs où l'impartition est substantielle et celle d'augmenter les montants consacrés au Plan Nord ne récoltent que 5% et 2% d'appuis, respectivement.
En résumé, « Les économistes du Québec s'attendent à plus de rigueur de la part des gouvernements pour faire face aux enjeux actuels que représentent le ralentissement de l'économie et les déficits budgétaires ainsi qu'aux enjeux futurs tels que les revenus des régimes de retraite et le marché de l'emploi » commente Jean-Marc Léger, économiste et président de Léger Marketing.
La situation de la Grèce : le nouveau plan d'austérité jugé insuffisant pour une sortie de crise définitive
Près des deux tiers des économistes interrogés (64%) jugent insuffisant pour une sortie de crise définitive le nouveau plan d'austérité adopté le 13 février 2012 par les parlementaires grecs afin d'obtenir une aide supplémentaire de 130 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.
Plus précisément, 36% estiment que la Grèce sera dans l'incapacité d'adopter d'autres mesures d'austérité en raison de l'opposition grandissante de la population et devra se retirer de la zone euro, alors que 28% croient que la Grèce devra adopter d'autres mesures d'austérité pour éviter la faillite et demeurer dans la zone euro. Seulement 15% des économistes consultés pensent que le plan d'austérité du 13 février 2012 sera suffisant et permettra à la Grèce d'éviter la faillite, et 21% ne se sont pas prononcés sur cette question.
Méthodologie
Le sondage a été réalisé par Internet, du 21 au 29 février 2012, auprès des économistes membres de l'Association des économistes québécois. Dans l'ensemble, 175 des 444 membres de l'Association rejoints par courriel ont répondu au sondage, ce qui confère aux résultats de l'étude une précision de ± 5,8%, et ce, 19 fois sur 20.
Ce sondage s'inscrit dans une série de sondages que l'Association des économistes québécois et Léger Marketing réalisent chaque trimestre afin de présenter le point de vue des économistes québécois sur la situation économique du Québec ainsi que sur différentes questions liées à l'actualité économique.
L'ASSOCIATION DES ÉCONOMISTES QUÉBÉCOIS
L'Association des économistes québécois, fondée en 1975, est la principale association professionnelle indépendante regroupant les économistes québécois, résidant au Québec ou ailleurs. L'Association des économistes québécois a pour finalités le développement et la diffusion du savoir économique, l'éclairage des débats publics, l'appui aux décideurs privés et publics et la valorisation du rôle de l'économiste.
Résultats détaillés du sondage
L'Association des économistes québécois comprend 689 membres, dont 444 ont été contactés par courrier électronique. Parmi ceux-ci, 175 (25% des membres) ont répondu au sondage.
Tableau 1 - Évolution de la situation économique du Québec à court terme
Question : À votre avis, au cours des six prochains mois, la situation économique du Québec va-t-elle :
MARS 2012 (n=175) |
OCT. 2011 (n=183) |
JUIN 2011 (n=173) |
MARS 2011 (n=164) |
NOV. 2010 (n=198) |
JUIL. 2010 (n=233) |
MARS 2010 (n=205) |
OCT. 2009 (n=213) |
MAI 2009 (n=228) |
FÉV. 2009 (n=156) |
|
Se détériorer | 23% | 35% | 8% | 8% | 12% | 7% | 3% | 7% | 27% | 82% |
Se maintenir | 63% | 58% | 65% | 62% | 70% | 60% | 51% | 50% | 47% | 17% |
S'améliorer | 11% | 7% | 26% | 30% | 17% | 32% | 45% | 42% | 24% | 1% |
Sans opinion | 3% | 1% | 1% | 0% | 1% | 1% | 1% | 1% | 2% | 0% |
Tableau 2 - La situation en Grèce
Question : Les parlementaires grecs ont adopté le 13 février 2012 un nouveau plan d'austérité leur permettant d'obtenir une aide supplémentaire de 130 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international essentielle à la Grèce afin qu'elle puisse faire face à ses obligations.
Selon vous, est-ce que ce nouveau plan d'austérité …
(n=175)
% |
|
TOTAL INSUFFISANT | 64% |
…est insuffisant et la Grèce sera dans l'incapacité d'adopter d'autres mesures d'austérité en raison de l'opposition grandissante de la population et devra se retirer de la zone euro | 36% |
…est insuffisant et la Grèce devra adopter d'autres mesures d'austérité pour éviter la faillite et demeurer dans la zone euro | 28% |
…est suffisant et permettra à la Grèce d'éviter la faillite et de demeurer dans la zone euro | 15% |
Ne sait pas | 21% |
Tableau 3 - Budgets 2012-2013- Contexte d'incertitude économique et financière
Question : Le gouvernement du Canada s'apprête à déposer son budget pour l'année financière 2012-2013 dans un contexte de perspectives de croissance lente et modeste de l'économie américaine, de récession dans la zone euro et de prévisions de l'OCDE de ralentissement de l'économie mondiale. Récemment, les agences de notation Fitch et Moodys's ont fait une mise en garde au gouvernement canadien sur les dangers d'aller trop vite avec les mesures d'austérité pressenties pour le prochain budget. D'après vous, dans le prochain budget fédéral pour l'année financière 2012-2013, le gouvernement du Canada devrait-il :
(n=175)
% |
|
TOTAL REPOUSSER LA CIBLE DE RETOUR À L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE | 54% |
Repousser sa cible de retour à l'équilibre budgétaire. | 41% |
Repousser sa cible de retour à l'équilibre budgétaire et mettre en place de nouveaux plans de relance. |
13% |
Maintenir sa cible de retour à l'équilibre budgétaire. | 44% |
Ne sait pas | 2% |
Tableau 4 - Utilisation d'une marge de manœuvre potentielle
Question : Le gouvernement du Québec déposera aussi son budget 2012-2013 dans les prochaines semaines. À supposer que le gouvernement dispose d'une marge de manœuvre financière par rapport à son plan de retour à l'équilibre budgétaire, à quoi selon vous devrait servir, en premier lieu, cette marge:
(n=175)
% |
|
Réduire la dette | 49% |
Mettre en place un plan d'action pour le développement économique de Montréal | 18% |
Financer des mesures pour soutenir le secteur manufacturier malmené par la mondialisation et par la force du dollar | 15% |
Accentuer l'expertise des ministères dans les secteurs où l'impartition est substantielle. | 5% |
Augmenter les montants consacrés au Plan Nord | 2% |
Aucun de ces choix | 9% |
Ne sait pas | 2% |
Tableau 5- Processus budgétaire
Question : Des critiques ont été adressées au gouvernement du Québec lors du dépôt du budget 2011-2012 à l'égard du manque de transparence de la présentation des informations sur la croissance des dépenses. D'autres critiques avaient porté dans le passé sur le bris des séries des données budgétaires et financières résultant des modifications apportées aux normes comptables qui fait obstacle à l'analyse chronologique. Des solutions ont été avancées pour améliorer la transparence du processus budgétaire. Êtes-vous en accord ou en désaccord avec ces propositions :
(n=175)
En accord | En désaccord | Ne sait pas | |
Présenter systématiquement l'historique des données sur la base des nouvelles normes comptables que le gouvernement adopte | 86% | 4% | 10% |
Présenter systématiquement les dépenses de programmes consolidées par ministère (Fonds dédiés et dépenses de programmes et autres) | 85% | 3% | 12% |
Créer un poste de Commissaire au budget indépendant du gouvernement | 63% | 25% | 12% |
Tableaux 6-7 & 8 - Revenus de retraite
Question : Les revenus de retraite des Québécois sont tributaires de plusieurs facteurs: pensions universelles d'État financées par les impôts, régimes de rentes publics financés par cotisations (RRQ- RPC), régimes complémentaires de retraite privés (d'entreprises ou personnels) déductibles d'impôt (REER, CELI, autres), etc. La hauteur et les paramètres de fonctionnement de ces différentes sources dépendent pour une grande part des gouvernements fédéral et provincial. Le vieillissement de la population et l'évolution des taux de rendement des régimes de retraite des dernières années créent des pressions sur la viabilité des mécanismes mis en place pour assurer un niveau décent de revenus lors de la retraite.
Est-ce que la situation vous apparaît:
(n=175)
% | |
TOTAL PRÉOCCUPANTE | 89% |
Très préoccupante | 31% |
Préoccupante | 58% |
TOTAL PEU OU PAS PRÉOCCUPANTE | 11% |
Peu préoccupante | 9% |
Pas du tout préoccupante | 2% |
Question : Est-ce que la situation commande selon vous :
(n=183)
% | |
Une approche fédérale-provinciale coordonnée | 50% |
Une approche parallèle fédérale-provinciale selon les champs de compétences | 39% |
Une approche à la pièce selon les urgences | 5% |
Ne sait pas | 6% |
Question : Êtes-vous favorable ou défavorable à la mise en place des mesures suivantes :
(n=175)
Favorable | Défavorable | Pas d'opinion | |
Augmenter les incitatifs encourageant les travailleurs à rester plus longtemps en emploi ou à y revenir | 89% | 8% | 3% |
Accroître l'indépendance entre l'entreprise et les fonds de pension | 76% | 11% | 13% |
Augmenter le rang de créancier attribué aux retraités pensionnés en cas de faillite des entreprises | 74% | 9% | 17% |
Repousser l'âge du début des prestations du RRQ/RPC à 67 ans, ou plus tard, si le travailleur le demande et permettre de contribuer à ces régimes sur la période additionnelle de travail | 72% | 21% | 7% |
Hausser les taux de contribution au RRQ/RPC en cas de déficit actuariel sans diminuer les prestations | 63% | 30% | 7% |
Repousser l'âge de l'obligation de transformer un REER en FERR | 51% | 25% | 24% |
Lier, dans une certaine mesure, les prestations au rendement des régimes publics (RRQ/RPC), comme en Scandinavie | 48% | 33% | 19% |
Repousser l'âge d'admissibilité à la Pension de la sécurité de la vieillesse à 67 ans | 47% | 48% | 5% |
Association des économistes québécois
Jean-Michel Cousineau, président du Comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois
(514) 731-0356
[email protected]
Léger Marketing
Aubert L.-Descôteaux, Chargé de recherche en affaires publiques
(514) 982-2464
[email protected]
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