Sous-financement chronique de la recherche et de la prévention reliées au VIH
au Québec
MONTRÉAL, le 12 juill. /CNW Telbec/ - À la veille de la XVIIIème Conférence internationale sur le sida (Vienne, Autriche; 18-23 juillet 2010), Mark Wainberg, PhD, co-directeur du Réseau Sida / Maladies infectieuses (FRSQ) et le Dr Réjean Thomas, président de la clinique médicale l'Actuel dénoncent le sous-financement chronique de la recherche et la prévention reliées au VIH au Québec et de son impact dramatique sur la recrudescence de l'épidémie de VIH et des cas d'ITSS. Les chercheurs exigent que le gouvernement double les montants dédiés à ces secteurs.
De concert avec la prévention, le domaine de la recherche constitue une des seules avenues pour éradiquer l'épidémie de VIH. "Le gouvernement doit prendre conscience que nous ne parviendrons pas à éliminer le VIH si les fonds adéquats ne sont pas dédiés à la recherche", explique Mark Wainberg. "Grâce à la recherche nous avons réalisé des progrès extraordinaires, notamment dans le développement des thérapies, mais le gouvernement québécois doit soutenir ses chercheurs pour endiguer la transmission du VIH".
Loin d'être éradiquée, l'épidémie de VIH présente au contraire, bon an mal an, environ 400 nouveaux cas par année(1). Ce nombre est sous-estimé car il s'agit de cas diagnostiqués mais il pourrait en fait atteindre 700 nouvelles infections par année. Le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Québec est estimé à 18 000 dont environ 10 000 sont sous traitements antirétroviraux. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) demeurent le groupe le plus touché représentant plus de 70% des nouveaux cas(1).
Du côté des ITSS, le nombre annuel de nouveaux cas ne cesse de progresser. La chlamydia augmente chaque année depuis 2000 pour atteindre environ 15 000 cas en 2010, en particulier chez les jeunes(2). La gonorrhée suit la même trajectoire avec 1 650 nouveaux cas déclarés en 2008(2). Et que dire de la syphilis que l'on croyait passée à l'histoire et qui ressurgit avec plus d'un cas déclaré par jour, chez les hommes en grande majorité. Est-il besoin de rappeler que le VIH et les ITSS ont des voies de transmission communes?
Les cas augmentent mais le financement du VIH stagne en prévention/communications et recherche et ce, depuis 20 ans. Le secteur prévention et communications bénéficie depuis 1989 de 3,3 millions par an présentant une répartition financière plutôt aléatoire selon les facteurs de risque avec moins de 15% du budget alloué aux HARSAH.
Au plan de la recherche le budget affiche un montant annuel minime de 2,2 millions dont 1 250 000 $ alloué au Réseau Sida / Maladies infectieuses (le reste étant dédié aux bourses de recherche), depuis sa création au début des années 1990. C'est dire que le Réseau supporte près de 10 infrastructures dont certaines cotées parmi les meilleures au monde avec à peine plus d'un million $.
En regard de ces chiffres, les coûts médicaments antirétroviraux des PVVIH s'élèvent annuellement à 150 millions $ et ne comprennent que les coûts directs. Le Dr Réjean Thomas souligne qu'"il n'est pas question de réduire le financement des traitements mais d'augmenter significativement celui de la prévention et de la recherche, ce qui permettra de diminuer le nombre de nouveaux cas de VIH par année".
1 Programme de surveillance de l'infection par la virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec, Mise à jour des données au 30 juin 2009. Institut national de santé publique, 2009. 2 L'épidémie silencieuse, Ministère de la santé et des services sociaux, 2010.
Renseignements: et pour entrevues : Pour Mark Wainberg : Mark Shainblum, Hôpital général juif, 514-340-8222 poste 6592; Pour le Dr Réjean Thomas: Marie-Hélène Chrétien, Des Ruisseaux Communications, 514-272-3072; Source: Réseau Sida et Maladies infectieuses (FRSQ) et Clinique médicale l'Actuel
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