Stratégie québécoise en habitation : du réchauffé et une vision obsolète qui aggravent la crise en favorisant les intérêts du privé
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Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)22 août, 2024, 14:52 ET
MONTRÉAL, le 22 août 2024 /CNW/ - Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) exprime son profond désaccord avec la Stratégie québécoise en habitation présentée aujourd'hui par la ministre France-Élaine Duranceau et le gouvernement Legault. Cette stratégie, loin de répondre aux véritables besoins des locataires dans une crise du logement sans précédent, constitue essentiellement un exercice de communication qui ne présente aucune nouvelle mesure significative et révèle une pensée magique s'appuyant sur des principes dépassés, erronés et dangereux qui n'ont fait qu'exacerber la crise.
Une stratégie sans vision
« La Stratégie québécoise en habitation, qui met de l'avant une série de mesures visant à accélérer la construction, y compris des projets-pilotes de logements préfabriqués, montre que le gouvernement continue de miser sur une augmentation de l'offre pour répondre à la crise. Ces mesures sont présentées comme innovantes, mais en réalité, elles sont complètement éculées, et manquent de la vision et de la rigueur nécessaires pour réellement résoudre la crise », soutient Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ.
La Stratégie ne propose aucune mesure efficace pour contrôler les loyers, ce qui est pourtant essentiel pour freiner la flambée des coûts de logement. Les données issues des récents rapports du RCLALQ montrent que l'augmentation de l'offre seule n'a pas réussi à freiner l'explosion des loyers, qui a grimpé de manière disproportionnée dans plusieurs régions de la province. À Montréal, par exemple, les loyers ont augmenté de 27 % entre 2020 et 2024, tandis que l'inflation n'a augmenté que de 17 % durant la même période. D'autres villes comme Sherbrooke et Trois-Rivières ont vu des hausses encore plus dramatiques de 44 % et 50 % respectivement.
Des mesures qui aggravent la crise
Les politiques actuelles, qui favorisent déjà les nouvelles constructions en affaiblissant les réglementations, ont conduit à une augmentation continue des loyers, indépendamment des taux d'inoccupation. Malgré des investissements records dans la construction résidentielle au cours des dernières décennies, les loyers ont explosé dans l'ensemble de la province, rendant le logement toujours plus inaccessible pour une grande partie de la population québécoise.
« La stratégie du gouvernement, qui encourage les municipalités à alléger leurs réglementations pour accélérer les mises en chantier, risque d'accentuer le manque de logements abordables en facilitant la construction de projets qui ne répondent pas aux besoins réels de la population. Les mesures incitatives pour les municipalités, basées sur leur capacité à déroger aux règles d'urbanisme, visent davantage à favoriser les intérêts des promoteurs immobiliers qu'à s'attaquer à la crise, et ça se fait au détriment des locataires », dénonce Cédric Dussault.
Un discours trompeur sur l'augmentation de l'offre
L'idée véhiculée par la ministre Duranceau, qui est en fait celle que prône les promoteurs immobiliers, les associations de constructeurs et de propriétaires, veut que l'augmentation globale de l'offre résoudra miraculeusement la crise du logement. Cette idée relève de la pensée magique. Les loyers des logements neufs ainsi construits sont très élevés, et se révèlent inabordables pour la plupart des locataires. De plus, l'argument selon lequel une construction de logements neufs permettrait de libérer des logements plus abordables pour les ménages à faible revenu ne tient pas la route. Les logements libérés sont loin de rester abordables; au contraire, les propriétaires profitent de l'occasion pour augmenter les loyers de manière substantielle, et les loyers élevés des logements neufs exercent une pression à la hausse sur l'ensemble des loyers. Comme l'ont souligné les chercheurs Louis Gaudreau et Catherine Héon Cliche dans une étude récente de l'IRIS, les propriétaires ne se contenteront pas de revenus moindres lorsque des promoteurs immobiliers démontrent qu'il est possible de mettre sur le marché des unités résidentielles à des prix largement supérieurs. Ce phénomène contribue non seulement à une érosion de l'abordabilité du parc locatif, mais aussi à un appauvrissement général de la majeure partie de la population.
« Le RCLALQ appelle le gouvernement à cesser de se reposer sur des solutions qui ont déjà prouvé leur inefficacité. Il est urgent d'adopter un véritable contrôle des loyers, de renforcer les droits des locataires, et d'investir massivement dans le logement social. Sans ces actions concrètes, la Stratégie québécoise sur le logement ne fera qu'accentuer une crise déjà désastreuse pour les ménages québécois », conclut le porte-parole du RCLALQ.
SOURCE Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)
Renseignements et demandes d'entrevue : Cédric Dussault, RCLALQ, 514-781-2220
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