Suicides à Uashat Mak Mani-utenam : le Conseil réclame des mesures concrètes et lance un appel à Justin Trudeau English
UASHAT MAK MANI-UTENAM, QC, le 9 nov. 2015 /CNW Telbec/ - Le Conseil de Uashat mak Mani-utenam (ITUM) salue la décision du gouvernement québécois de tenir une enquête publique pour déterminer les causes et les circonstances du décès d'une jeune Innue de la communauté, Mme Nadeige Guanish, survenu le 31 octobre. Il souhaite que cette annonce soit la première d'une série de mesures concrètes permettant de mettre fin à la vague de suicides qui accable la communauté de Uashat mak Mani-utenam.
Extrapolés à l'échelle du Québec, les cinq suicides au cours de la dernière année équivaudraient à 12 000 Québécois s'enlevant la vie. À cette tragédie s'ajoutent quelques tentatives et le désespoir qui règne chez plusieurs autres. « Récemment, notre communauté a été durement éprouvée en son cœur. Plusieurs décès prématurés survenus en peu de temps. Notre peine est immense. Je veux ici, au nom du Conseil et de tous les employés d'ITUM, exprimer notre sympathie à la famille et aux proches de Nadeige. C'est toute la communauté de Uashat mak Mani-utenam qui souffre et qui compatie. Je souhaite que l'enquête du coroner permettra de faire la lumière sur cette tragédie et les circonstances qui l'entourent », a déclaré le Chef Mike McKenzie.
Le Conseil et la famille de la jeune victime sont conscients que de multiples facteurs ont contribué au geste désespéré. Ils interpellent ainsi l'ensemble des autorités concernées afin qu'une réflexion soit menée sur l'ensemble des conditions qui amènent plusieurs jeunes de la communauté de Uashat mak Mani-utenam à penser au suicide. « Le suicide de Nadeige est le symptôme d'un problème plus grand qu'il faut régler. Il faut trouver des solutions pour que ce soit le dernier. Il y en a déjà eu trop », a exprimé Marie-Luce Jourdain, tante de Nadeige et porte-parole de la famille.
Appel au nouveau premier ministre canadien
Le Chef de Uashat mak Mani-utenam interpelle directement le nouveau premier ministre canadien, M. Justin Trudeau, et lui demande de venir le rencontrer dans la communauté afin de constater personnellement la situation. Rappelant que Pierre-Elliott Trudeau était venu à Uashat en 1970 pour souligner le centenaire de la découverte du minerai de fer dans la Fosse du Labrador, le Chef McKenzie estime que « 45 ans après la visite de son père, Justin Trudeau doit venir ici rencontrer la communauté et démontrer qu'il est prêt à passer de la parole aux actes dans le domaine des problématiques autochtones ».
Il lui demande notamment d'annoncer rapidement l'enquête publique nationale sur le sort des femmes autochtones assassinées et disparues, tel qu'il l'a promis pendant les élections. Il demande aussi aux deux paliers de gouvernement d'adopter, sans attendre, un certain nombre d'autres mesures qui permettraient de répondre à des enjeux associés aux problèmes vécus dans la communauté. Il demande notamment :
- un financement adéquat du Service de police de Uashat mak Mani-utenam (SPUM) afin de mieux intervenir dans la communauté. Ce service est présentement sous-financé;
- la création d'une escouade mixte de la SPUM, de la SQ et de la GRC pour réduire la disponibilité des substances illicites, d'autant plus que Sept-Îles est la plaque tournante des drogues pour l'est du Québec;
- le soutien à la communauté pour des programmes de prévention et la promotion d'un mode de vie sain;
- le soutien aux intervenants situation de crise et la mise en place d'un programme de suivi pour éviter la rechute et le retour en mode crise;
- de développer des corridors de services avec les partenaires du réseau québécois pour les besoins spécialisés.
« Nous sommes en crise. Il faut que toutes les autorités le reconnaissent et que nous soyons capables, tous ensemble, de la régler rapidement. Il faut aussi se demander comment on peut éviter l'apparition d'autres crises. À moyen terme, il faut donc réfléchir sur des stratégies durables pour développer l'autonomie de notre population et entreprendre le chemin de la guérison individuelle et collective. Le pensionnat de Mani-utenam a fait des dégâts et nous sommes toujours victimes d'un système paternaliste qui doit cesser », de préciser le Chef McKenzie.
En plus de la création d'une commission d'enquête nationale sur le sort des femmes autochtones, ITUM fait également sienne la demande soumise par l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) d'une commission publique québécoise sur les facteurs systémiques qui nuisent aux relations entre les institutions québécoises et les Premières Nations, notamment chez les services policiers.
SOURCE Innu Takuaikan Uashat Mak Mani-Utenam (ITUM)
en français et en anglais : Jean-Claude Therrien Pinette, Directeur, ITUM, Cell. : 418-409-5681, [email protected]; Pour information en langue innue et en français : Raoul Vollant, Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, Communication, Cell.: 418-964-6289, Tel. : 418-962-0327 #5290, [email protected]
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