Surveillance des superinfirmières : payant pour les médecins
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)25 avr, 2019, 05:30 ET
MONTRÉAL, le 25 avril 2019 /CNW Telbec/ - En plus des patient·e·s, à qui profitent les « superinfirmières » ? Pour l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), la réponse est claire : aux médecins. En cabinet privé, ceux-ci reçoivent mensuellement jusqu'à 2 680 $ pour « surveiller » les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et 2 500 $ pour couvrir les frais d'exploitation liés à leur présence dans la clinique. Au total, ils touchent plus de 62 000 $ par année pour chaque IPS (voir graphique ici-bas). « C'est plus de cinq fois le montant reçu par les médecins en établissement public, et c'est davantage que le salaire annuel des IPS se situant aux six premiers échelons. Autrement dit, au Québec, on est en train de payer des médecins très cher pour surveiller les infirmières les mieux formées au Canada », indique Anne Plourde, chercheure à l'IRIS.
En effet, les IPS québécoises reçoivent la formation la plus approfondie au Canada. Selon le cadre réglementaire en vigueur, les médecins exercent tout de même une surveillance médicale formelle de leurs activités, alors qu'ailleurs au Canada, seule une surveillance informelle est requise, voire, dans certaines provinces, aucune surveillance. Selon les projections de l'IRIS, c'est plus d'un demi-milliard de dollars (513,3 M$) que les médecins auront accumulé sur dix ans (entre 2017 et 2027) pour la surveillance des IPS et les frais d'exploitation associés.
L'IRIS estime que la volonté de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, de permettre aux IPS de poser des diagnostics sans que les patient·e·s doivent consulter leur médecin dans les trente jours suivants sera bénéfique pour le public. « Libérées du carcan des médecins, ces infirmières pourraient contribuer à désengorger les urgences et à améliorer l'accès aux services de façon générale, affirme Anne Plourde. Mais pour y parvenir, il faudra aller au-delà de ce qui est proposé par la ministre. »
L'IRIS recommande ainsi d'abolir l'exigence de surveillance médicale de la pratique des IPS. En plus de libérer du temps pour les médecins, une telle mesure permettrait d'économiser des sommes qui pourraient être utilisées plus judicieusement pour former davantage de « superinfirmières ». En 2017, le Québec se distinguait encore comme la province avec le plus faible taux d'IPS par habitant·e·s au Canada soit 5 IPS pour 100 000 en 2017, contre 22 IPS pour 100 000 habitant·e·s en Ontario. « Nous recommandons également de mettre fin à l'allocation mensuelle pour les frais d'opération liés à la présence des IPS dans les cabinets privés. Rien ne justifie une telle allocation, surtout dans le cas des GM, où les frais d'opération sont déjà doublement financés par une rémunération à l'acte fortement bonifiée et par des subventions du MSSS », de conclure la chercheure.
À propos de l'IRIS
L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) est un organisme à but non lucratif, indépendant et progressiste fondé en 2000 et qui travaille principalement sur les politiques publiques québécoises.
Pour lire la fiche : https://iris-recherche.qc.ca/publications/caq-5-superinfirmieres.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Demandes d'entrevue : Laurent Deslauriers, Responsable des communications, 438 862-8051, [email protected]
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