Suspension des blocus forestiers : les Atikamekw laissent une dernière chance à la négociation English
NITASKINAN, QC, le 10 juill. 2012 /CNW Telbec/ - Après une vaste consultation de leurs membres, le Conseil des Atikamekw d'Opitciwan, le Conseil des Atikamekw de Manawan, le Conseil des Atikamekw de Wemotaci et le Conseil de la Nation Atikamekw annoncent que, malgré des doutes légitimes exprimés par leurs membres, ils ont décidé de privilégier la négociation avec le gouvernement du Québec, et de donner la chance au processus entamé hier, le 9 juillet. Ils avertissent toutefois que les négociations devront progresser rapidement et que l'échéancier du 30 août doit absolument être respecté. Les blocus qui avaient été suspendus vendredi resteront donc ouverts pendant la négociation.
« L'entente-cadre permet la mise en place d'une négociation avec un échéancier et des obligations de résultat. C'est donc cette voie qui peut mener à la protection du Nitaskinan et de nos droits, mais il faudra que le gouvernement négocie sérieusement et respecte l'échéancier du 30 août. Nous n'accepterons pas que le processus traîne; nous voulons rapidement des résultats », a dit le Chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa.
Conformément à ce qui était prévu vendredi (le 6 juillet), les représentants atikamekw ont soumis hier matin un projet d'entente aux représentants du gouvernement du Québec, qui ont accepté de le recommander pour la suite des choses avec certaines reformulations et ajouts qui devront être négociés. Ce projet d'entente-cadre doit ouvrir la voie à la négociation d'une entente de principe devant être conclue d'ici le 30 août 2012, suivie d'une entente finale portant sur l'ensemble des dossiers qui font présentement l'objet de la crise forestière en Haute-Mauricie. Le projet d'entente-cadre soumis hier matin (9 juillet) comprend la création d'une table politique de haut niveau, composée de membres élus du gouvernement et des conseils atikamekw, ainsi que la mise en place d'une négociation intensive portant sur la création d'une relation de nation à nation, l'établissement d'une formule de cogestion du territoire, l'accès aux ressources naturelles du Nitaskinan, les redevances sur la gestion des ressources du Nitaskinan et les mesures d'harmonisation sur le Nitaskinan.
Des remerciements à la population non-autochtone
La Nation Atikamekw tient à remercier la population régionale, particulièrement les travailleurs forestiers, pour leur patience et leur compréhension de la situation. Conscients des impacts négatifs qu'ont eus jusqu'à présent les blocus forestiers, ils rappellent qu'ils n'avaient pas le choix que de prendre de telles mesures, compte tenu de leur situation précaire. Les Atikamekw espèrent que le gouvernement négociera de bonne foi, assurés que l'entente qui en résulterait serait très bénéfique pour toute la région. « Nous sommes vraiment conscients que le blocus a dérangé, et ma communauté apprécie beaucoup l'appui et la compréhension des Québécois. Mais il faudrait préciser au premier ministre Charest que nos blocus ne sont pas des « barricades », comme il l'a écrit dans sa lettre. En tout temps, nous avons permis l'accès aux Québécois sur nos territoires et nous les invitons encore à venir sur nos territoires. Ma communauté a pardonné ce côté maladroit du premier ministre et nous l'invitons à saisir cette chance de créer une nouvelle relation de confiance et de permettre aux Atikamekw d'obtenir leur juste part de la richesse de son territoire, dont le Québec a longuement bénéficié », a souligné le Chef d'Opitciwan, Christian Awashish.
Pour sa part, le Chef de Wemotaci, David Boivin, a annoncé que sa communauté avait finalement accepté de donner une chance à la négociation et lèvera les blocus qui demeuraient dans ce secteur du Nitaskinan. Secouée par un incident, la semaine dernière, d'un camionneur qui a attaqué un des blocus, la communauté de Wemotaci a été plus réticente à donner tout son appui à la négociation, et n'avait pas encore suspendu les blocus qu'ils géraient, ce qui a été fait dimanche soir (8 juillet), à minuit. « Les membres de ma communauté veulent avoir des garanties. Ils sont prêts à accorder cette dernière chance au gouvernement de montrer sa bonne foi, mais nous n'accepterons pas de voir la négociation s'étirer. Notre patience est à bout », a souligné le Chef de Wemotaci, David Boivin, qui lance un appel aux compagnies forestières à faire pression sur le gouvernement, et non sur les Atikamekw, pour que les choses progressent vite, et pour éviter de revenir à un blocus. Les Chefs des trois communautés atikamekw soulignent que, s'ils suspendent les blocus, ils continueront toutefois d'effectuer des actions d'affirmation d'appartenance à leur Nitaskinan.
Rappelons que, depuis le 25 juin, les Atikamekw bloquaient les opérations forestières sur le Nitaskinan, notamment celles de la compagnie Kruger, et empêchaient les camions transportant du bois de sortir du territoire traditionnel atikamekw. Suite à une première rencontre avec le gouvernement le mardi 3 juillet, les Atikamekw avaient été déçus que la lettre reçue le lendemain de la main du premier ministre Jean Charest, et qui devait confirmer les discussions, laisse en plan certains points discutés lors de la rencontre de la veille. Malgré tout, ils avaient décidé de suspendre les blocus, sauf à Wemotaci qui s'est ralliée à cette position lundi soir.
Par ailleurs, la Grand Chef Eva Ottawa a tenu à souligner le courage des membres de la Nation Atikamekw. « Notre peuple a longtemps fait l'objet de préjudices. Nous avons subi la sédentarisation forcée, les pensionnats indiens, l'exploitation de nos terres et ressources sans notre consentement ; surtout, nous avons souvent été trompés par des promesses non tenues. Je suis fière de la persévérance de mon peuple et de sa détermination à mener des actions parfois radicales pour faire respecter nos droits. J'espère de tout cœur que, cette fois-ci, les promesses seront tenues », a déclaré la Grand Chef Ottawa.
À propos de Manawan, d'Opitciwan et de Wemotaci
Située dans la partie nord de la région de Lanaudière, Manawan compte 2400 personnes. Sa gouvernance est assurée par le Conseil des Atikamekw de Manawan. Située au nord du Réservoir Gouin, à 300 km à l'ouest de Roberval, la communauté d'Opitciwan compte 2592 membres, dont 2169 vivant sur la réserve, et est administrée par le Conseil des Atikamekw d'Opitciwan. La communauté de Wemotaci est située sur les bords de la rivière Saint-Maurice, compte quelque 1700 membres, et est administrée par le Conseil des Atikamekw de Wemotaci. Le Peuple Atikamekw occupe le Nitaskinan depuis des millénaires.
Suzanne Bourdon
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