MONTRÉAL, le 4 mai 2017 /CNW Telbec/ - L'avènement de l'Internet des objets (IdO), qui révolutionnera bientôt tous les aspects de notre économie et de nos vies, forcera Ottawa à revoir ses priorités et ses politiques en matière de télécommunications, soutient l'édition 2017 de L'état de la concurrence dans l'industrie des télécommunications au Canada, publiée aujourd'hui par l'IEDM.
Cette « quatrième révolution industrielle », comme on la décrit, ne bouleversera pas uniquement l'industrie des télécommunications. Des électroménagers aux systèmes de sécurité, en passant par des capteurs corporels pour les patients jusqu'à la gestion du trafic routier et la production agricole, tout sera bientôt connecté à Internet. Au Canada, on parle d'un marché s'élevant à 21 milliards de dollars d'ici 2018. Ce trafic de données accru devra transiter par les réseaux de télécommunications, notamment la nouvelle technologie sans fil 5G qui sera déployée au cours des prochaines années.
« En conséquence, des investissements majeurs dans les réseaux seront requis pour répondre à cette croissance exponentielle du trafic », explique Martin Masse, coauteur du rapport. « Or, seuls les fournisseurs nationaux et régionaux solides qui possèdent leur propre infrastructure ont les moyens d'investir dans les réseaux filaire et sans fil dont on aura besoin pour suivre le rythme des progrès en IdO. Ces fournisseurs investissent déjà plus de 11 milliards de dollars en moyenne par année en infrastructure de réseau, alors que les revendeurs n'investissent que 30 millions de dollars environ. »
M. Masse souligne que les politiques du gouvernement fédéral et du CRTC au cours de la dernière décennie, qui cherchaient à soutenir des concurrents en sans-fil sous-capitalisés et des revendeurs de services Internet, ne font qu'encourager une concurrence artificielle et ont mené à du gaspillage et à une mauvaise allocation des ressources comme le spectre. Or, elles risquent aussi de freiner le développement de l'IdO au Canada si Ottawa s'entête dans cette direction.
Ces politiques ont d'ailleurs été critiquées dans les trois premières éditions annuelles de ce rapport. « La concurrence fondée sur les installations, par opposition à la concurrence fondée sur les services, est la meilleure façon de catalyser l'innovation. Nous l'avons souligné dans les éditions passées du rapport, mais cela est encore plus vrai aujourd'hui, avec l'arrivée de l'IdO », dit Paul Beaudry, coauteur du rapport.
Il n'y a aucun doute selon lui qu'Ottawa devra adapter ses politiques à la nouvelle réalité de l'IdO. « Seuls les fournisseurs qui possèdent leur propre infrastructure filaire et sans fil pourront de toute façon gérer les réseaux de façon à assurer la sécurité et la robustesse nécessaires, par exemple pour les systèmes de navigation des voitures autonomes. Les revendeurs n'auront aucun rôle à jouer dans ce marché », explique M. Beaudry.
L'édition 2017 de L'état de la concurrence dans l'industrie des télécommunications au Canada souligne également, à l'aide de données provenant d'études internationales, que les Canadiens continuent de bénéficier de services de télécommunications de qualité et compétitifs.
Le rapport analyse aussi des dossiers qui ont fait les manchettes dans l'industrie au cours de la dernière année, notamment l'acquisition par BCE de MTS et la décision récente du CRTC sur les services de télécommunications de base.
Les auteurs font également le bilan du Décret d'instructions de 2006 qui, entre autres, exigeait du CRTC qu'il s'en remette le plus possible aux forces du marché lorsqu'il rend ses décisions. Si le CRTC a semblé prendre au sérieux les principes du décret pendant quelques années suivant son adoption, il a vite repris ses vieilles habitudes interventionnistes, par exemple avec sa décision de 2015 imposant le partage de réseaux de prochaine génération avec des revendeurs qui n'investissent presque rien dans les réseaux.
L'édition 2017 du Cahier de recherche sur L'état de la concurrence dans l'industrie des télécommunications au Canada, est signée par Martin Masse, rédacteur et réviseur principal à l'IEDM, et Paul Beaudry, chercheur associé à l'IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, conseillère principale, Communications, Département des interventions liées à l'actualité, IEDM, Tél. : 514-502-6757, courriel : [email protected]
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