Toutes tannées d'attendre
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Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle07 juil, 2021, 10:41 ET
MONTRÉAL, le 7 juill. 2021 /CNW Telbec/ - En tant qu'organisme appuyant les femmes et les filles victimes d'exploitation sexuelle ainsi que leurs proches, la CLES demande des actions gouvernementales à la hauteur des recommandations de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineur.e.s et du groupe d'experts sur l'accès à la justice.
L'opposition à Québec a demandé au gouvernement de démontrer plus de célérité à mettre en place les recommandations phares de ces deux rapports. Depuis plusieurs jours, nous lisons ou entendons les cris du cœur des victimes d'exploitation sexuelle ou de leurs proches. La CLES reçoit quotidiennement des appels de femmes en détresse, de parents désemparés cherchant du soutien afin d'aider leur fille, adolescente ou jeune adulte, à se sortir des griffes d'un proxénète ou des pièges de l'industrie du sexe.
Au cours de la dernière année, la CLES a soutenu 172 femmes et filles aux prises avec la prostitution dont 64 nouvelles femmes. Près de 40 proches ont récemment participé à l'un de nos groupes de soutien. Nous offrons ces groupes aux proches depuis près 8 ans avec des moyens restreints et un financement à la mission qui ne couvre que 10% de notre budget et ne représente aucune sécurité pour nous et les femmes auprès de qui nous intervenons.
Tel que recommandé par la Commission, la CLES devrait être éligible à un rehaussement important de son financement récurrent. Mais le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) nous a offert une augmentation bien en deçà des besoins et du travail accompli (de 58 000$ à 97 000$/année). Nous sommes épuisées et ne pouvons tenir le rythme imposé par la pandémie mais aussi par une industrie qui ravage les jeunes femmes.
Ceci est sans compter l'impact de la prostitution dans la vie des femmes. Les appels que nous recevons sont, de plus en plus, de la part de jeunes femmes (42% des femmes fréquentant la CLES ont entre 17 et 34 ans), 30% d'entre elles sont racisées, plus de 50% reçoivent de l'aide sociale et plusieurs nécessitent un accompagnement dans des démarches juridiques ou psychosociales.
La pauvreté agit comme une chape de plomb sur les femmes que nous soutenons et la pandémie a aggravé cette situation. L'hébergement et l'accès à un logement abordable sont au cœur du processus de sortie de la prostitution pour plusieurs d'entre elles. Cependant, à cause des critères d'admission ou faute de places, la CLES arrive très difficilement à leur trouver de l'hébergement.
Tout cela décrit une problématique exigeant des actions fortes. Le rapport de la Commission en contient. Nous réclamons immédiatement les actions suivantes :
- L'octroi d'un financement récurrent à la mission à la hauteur des besoins, soit au minimum 200 000$ par année, pour les organismes comme la CLES qui œuvre sur le terrain depuis des dizaines d'années;
- La mise sur pied d'un programme de soutien à la sortie de la prostitution offrant une aide financière directe aux femmes et aux filles ainsi que l'accès à un hébergement avec soutien communautaire et soutien psychologique;
- L'octroi d'un financement spécifique pour la mise sur pied de maisons d'hébergement pour les femmes et les filles victimes d'exploitation sexuelle;
- L'inclusion, dans la nouvelle loi sur l'IVAC, d'une rétroactivité pour l'éligibilité des victimes d'exploitation sexuelle remontant à octobre 2018, moment où la CAQ a été portée au pouvoir;
- Le déploiement d'une campagne grand public pour rappeler le caractère criminel de l'achat d'actes sexuels;
- La modification des règlements municipaux et politiques permettant à l'industrie du sexe de croître et de recruter des femmes et des filles avec impunité;
- La reconnaissance de notre expertise en ce qui concerne l'exploitation sexuelle et la consultation des organismes offrant déjà des services directs aux femmes et aux filles victimes d'exploitation sexuelle dans chacune des régions.
Le gouvernement a annoncé des fonds spécifiques pour les services de police ou les institutions travaillant avec eux, notamment les CAVAC, nous attendons maintenant les engagements envers les changements sociaux et les organismes communautaires sur le terrain. Les femmes que nous représentons sont tannées d'attendre et ne veulent plus faire les frais de tractations entre ministères.
SOURCE Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle
Pour information, Diane Matte ou Jennie-Laure Sully, 514 750-4535 ou 514 376-9241
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