Émis au nom de tous les partis identifiés ci-bas
OTTAWA, le 28 févr. 2015 /CNW/ - Une rencontre a eu lieu à Ottawa, hier, mettant en présence des familles et des dirigeants autochtones, des premiers ministres, des ministres et représentants provinciaux et territoriaux, ainsi que des ministres du gouvernement du Canada. Cette rencontre visait à établir des mesures à prendre pour prévenir la violence envers les femmes et les filles autochtones.
Les femmes et les filles autochtones courent trois fois plus de risque d'être victimes de violence que les femmes non autochtones. En mai 2014, la Gendarmerie royale du Canada a dévoilé un aperçu opérationnel national sur les femmes autochtones disparues ou assassinées qui décrivait les cas de 1 181 femmes ayant fait l'objet de rapports de police entre 1980 et 2012, dont 1 017 ont été assassinées. Aujourd'hui, 164 enquêtes sur des disparitions de femmes autochtones sont toujours en cours, et certains dossiers remontent à 1952.
Dans une rencontre sans précédent, la Table ronde nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a réuni des représentants des familles des victimes, de l'Assemblée des Premières Nations, du Congrès des Peuples Autochtones, de l'Association des femmes autochtones du Canada, de l'Inuit Tapiriit Kanatami, de la Pauktuutit Inuit Women of Canada, du Ralliement national des Métis, des Femmes Michif Otipemisiwak / Women of the Métis Nation, de toutes les provinces et tous les territoires, et du gouvernement fédéral.
Les délégués se sont engagés à maintenir le dialogue et à prendre des mesures concertées dans ce domaine prioritaire pour s'attaquer au nombre disproportionné de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées, et à se réunir de nouveau en 2016 pour évaluer les progrès réalisés.
La Table ronde nationale découle de l'appui donné par les premiers ministres provinciaux et territoriaux à l'occasion de leur rencontre avec les organisations autochtones nationales, en août 2014.
Points saillants :
Les discussions de la Table ronde ont porté sur trois domaines prioritaires, et les délégués ont convenu de coordonner leurs efforts en vue de prendre des mesures concrètes et immédiates dans chacun de ces domaines.
- Prévention et sensibilisation
- Sensibiliser davantage la population en vue de changer les comportements dévalorisants à l'égard des femmes et des filles autochtones et valoriser la contribution des peuples autochtones comme outil d'éducation et de prévention pour lutter contre la violence.
- S'attaquer à la marginalisation des femmes et des filles autochtones en soutenant le développement socioéconomique.
- Améliorer la prévention et les interventions pour contrer la violence entre proches et dans les familles.
- Sécurité dans les collectivités
- Aider les communautés et les organismes autochtones ainsi que les individus à élaborer des initiatives en matière de sécurité répondant à leur situation et à leurs besoins particuliers sur les plans culturel, traditionnel et socioéconomique.
- Inciter les communautés, les gouvernements, les organismes et les institutions à soutenir la prévention, l'action et l'intervention face à la violence.
- Favoriser la sécurité et la guérison des personnes, des familles et des communautés.
- Mesures policières et réponses de la justice
- Améliorer les relations entre les professionnels du secteur de la justice (y compris la police) et les peuples autochtones et renforcer les services de police communautaires dans les collectivités autochtones.
- Établir des stratégies au sein du système de justice pour protéger et aider les femmes et les filles autochtones victimes d'actes de violence.
Résultats attendus et étapes suivantes
Les délégués à la Table ronde nationale s'engagent à poursuivre leur collaboration en vue de prendre des mesures concertées destinées à prévenir la violence envers les femmes et les filles autochtones et à y mettre fin. Ils s'engagent également à organiser une deuxième Table ronde nationale en 2016. Toutes les parties se sont engagées à travailler directement avec les communautés et les organisations autochtones à la mise en œuvre des engagements pris à l'occasion de la Table ronde en vue d'examiner les travaux en cours, les progrès réalisés et les questions nécessitant plus d'attention. De plus, les participants à la Table ronde se sont engagés à recourir à leurs propres mécanismes pour faire rapport sur leurs activités et les progrès réalisés, à informer davantage le public et à faire connaître aux autres gouvernements, aux organisations et aux communautés autochtones les efforts de collaboration qui sont concluants.
Les parties à la Table ronde nationale se sont également engagées à mettre sur pied une campagne de prévention et de sensibilisation et elles ont accepté une invitation de la province du Manitoba à organiser un premier forum pour étudier les pratiques exemplaires et mieux coordonner et communiquer l'information sur les mesures policières et les réponses de la justice.
Citations
Judy Mass, de la Première Nation de Blueberry River, représentante des familles : « Nous ne resterons plus jamais inactifs, alors nos sœurs, nos mères, nos filles, nos tantes et nos grands-mères disparaissent et continuent de subir tous les types de violence. Nous ne serons plus jamais invisibles. Nous allons occuper la place qui nous revient de plein droit. Nos voix sont les voix de celles qui ont souffert. Nos enfants méritent mieux. Nous nous attendons à rien de moins qu'un engagement officiel des gouvernements à concrétiser les recommandations qui ont été faites. »
L'honorable K. Kellie Leitch, C.P., O.Ont., députée, ministre du Travail et ministre de la Condition féminine : « Notre gouvernement comprend les lourdes répercussions qu'a la violence sur les victimes, les familles et les collectivités. C'est pourquoi nous sommes déterminés à prendre des mesures concrètes visant à aborder le problème de la violence familiale et des crimes violents commis envers les femmes et les filles autochtones. Et parce que tout le monde a un rôle à jouer, le gouvernement du Canada poursuivra sa collaboration avec les provinces et les territoires, les familles, les collectivités et les organisations autochtones pour s'attaquerà ce grave problème. »
Bernard Valcourt, ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord : Notre gouvernement reconnaît que le problème de la violence envers les femmes autochtones est la responsabilité de tous et qu'il nécessite un engagement de tous les partenaires, y compris des collectivités. Notre réunion d'aujourd'hui et la poursuite de notre collaboration laissent clairement entendre que ces actes de violence répugnants ne seront pas tolérés.
Perry Bellegarde, chef de l'Assemblée des Premières Nations : « Je salue la force des familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées et le leadership des organisations autochtones, des provinces, des territoires et du gouvernement fédéral qui sont venus participer à cette rencontre sans précédent. Nous devons faire de la fin de la violence une priorité nationale et devons travailler ensemble pour assurer le maintien du droit fondamental à la vie et à la sécurité pour chaque femme et chaque fille autochtone et pour qu'elles vivent sans être victimes de discrimination. Les engagements que nous avons pris aujourd'hui doivent se traduire par des actions sur le terrain afin que les femmes et les filles autochtones puissent vivre en sécurité. Nous poursuivrons notre travail avec les familles autochtones, les organisations et tous les niveaux de gouvernement pour mettre fin à la violence, et nous continuerons de demander la tenue d'une enquête publique nationale pour que justice soit faite et pour en arriver à des solutions à long terme. »
Betty Ann Lavallée, chef du Congrès des Peuples Autochtones : « Cette réunion a été constructive et représente un pas en avant, mais il reste encore beaucoup à faire. Les esprits de nos sœurs, et nous nous-mêmes, n'auront de repos tant que justice ne sera pas faite. »
Terry Audla, président de l'Inuit Tapiriit Kanatami : « Il n'y a pas de démarche universelle dans la lutte contre le problème auquel nous devons faire face aujourd'hui. Les Inuits font bon accueil aux engagements pris lors de cette rencontre et ils sont impatients de travailler avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral en vue d'élaborer des moyens précis de répondre à leurs besoins les plus pressants, en tenant compte du fait que la violence a un coût humain, de même qu'économique. Les Inuits vivent dans certaines des collectivités les plus éloignées au Canada, et la prestation et l'utilisation des programmes et services dans nos terres coûtera toujours plus cher que dans le cas des mêmes programmes et services fournis dans le Sud du Canada. »
Clément Chartier, président du Ralliement national des Métis : « La nation Métis est heureuse de voir progresser ce dossier de la plus haute importance. Le problème de la disparition et de l'assassinat des femmes et des filles autochtones affecte nos collectivités depuis trop longtemps, et il faudra chercher et appliquer des solutions concrètes. Je tiens à souligner le leadership des gouvernements, tant autochtones que non autochtones, qui ont entrepris cette démarche progressiste, et je remercie les familles touchées de leur grande détermination à vouloir obtenir la justice que requiert cette violation de la vie. »
Melanie Omeniho, présidente des Femmes Michif Otipemisiwak / Women of the Métis Nation : « Je tiens à souligner le travail accompli pour rassembler les organisations autochtones nationales, les provinces, les territoires, le gouvernement fédéral et les représentants des familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées à cette réunion unique en son genre. La vie et la sécurité des femmes autochtones, qui comprennent également les femmes métis sont une priorité pour les Femmes Michif Otipemisiwak. C'est là une occasion exceptionnelle de travailler avec d'autres organismes de représentation des Autochtones et avec les divers niveaux de gouvernement pour fonder notre action sur un plan collectif qui nous aidera à combattre cet immense problème qui découle de la violence dont ont été victimes certaines femmes autochtones. »
Dawn Harvard, Ph. D., présidente intérimaire de l'Association des femmes autochtones du Canada : « Nous devons travailler ensemble - les peuples autochtones, et tous les niveaux de gouvernement - afin de mettre en place des mesures visant à protéger les femmes et les filles autochtones. Se contenter de moins équivaudrait à nier nos droits humains fondamentaux. Les provinces et les territoires, et les peuples autochtones, ont tous donné leur appui à la tenue d'une enquête publique nationale et nous devons maintenant travailler de concert avec le gouvernement fédéral en vue de mettre en œuvre un vaste cadre national de mesures destinées à mettre fin à la violence! »
Rebecca Kudloo, présidente de la Pauktuutit Inuit Women of Canada : « Nous savons que les femmes et les enfants inuits sont ceux qui risquent le plus d'être victimes de violence dans leurs demeures, et nos membres estiment que la prévention sera l'enjeu le plus important et le plus urgent à aborder après cette table ronde. On nous a dit que les problèmes découlant de traumatismes et d'abus sont les plus importantes causes sous-jacentes à régler, et nous attendons donc avec impatience une réponse positive de l'ensemble des gouvernements pour travailler ensemble en vue de s'attaquer à ce grand problème de santé mentale et physique. »
Pearl Calahasen, secrétaire législative de l'Alberta pour l'éducation, les emplois, les compétences et la formation des Autochtones : « Les discussions que nous avons eues aujourd'hui à la Table ronde nationale ont été très fructueuses. Le gouvernement de l'Alberta est déterminé à agir à l'égard du problème des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées en poursuivant son travail avec les leaders, les collectivités et les organisations autochtones dans le but de trouver une solution. »
John Rustad, ministre des Relations et de la Réconciliation avec les Autochtones, Colombie-Britannique : « Cette importante rencontre a donné lieu à des discussions d'un niveau sans précédent et je remercie les membres des familles des femmes autochtones disparues et assassinées qui ont donné de leur temps et qui ont fait preuve d'un grand courage en racontant leur histoire. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a pris des mesures relativement à tous les grands thèmes de sa commission provinciale d'enquête sur les femmes disparues, et il poursuivra son travail avec ses partenaires autochtones à l'égard des changements que nécessite le système pour créer un climat de sécurité pour les femmes et les filles autochtones. Ces travaux, et les efforts déployés à l'échelle du pays, s'enrichiront du dialogue d'aujourd'hui. »
Gregory Selinger, premier ministre du Manitoba : « Cette Table ronde concerne les familles qui, dans l'ensemble du pays ont vécu une perte inimaginable et tragique. Des mères, des filles, des sœurs et des épouses ont été enlevées à leurs familles qui ont été laissées à elles-mêmes pour ramasser les morceaux. Dans le cas de certaines, elles ont la triste tâche de prendre soin d'enfants qui ne reverront jamais plus leur mère. Cette rencontre nous aide à faire avancer la lutte à ce difficile problème de la disparition et de l'assassinat de femmes et de filles autochtones au Canada. »
Ed. Doherty, ministre responsable du Secrétariat des affaires autochtones du Nouveau-Brunswick : « La violence envers les femmes et les filles autochtones se répercute sur les collectivités et les familles autochtones de tout le Nouveau-Brunswick. Nous sommes heureux d'avoir cette occasion de travailler ensemble et de stimuler la discussion et la collaboration à l'égard du problème de la violence envers les femmes et les filles autochtones non seulement au Nouveau-Brunswick, mais à l'échelle de tout le pays. ».
Judy Manning, ministre de la Justice et de la Sécurité publique, et procureure générale de Terre-Neuve-et-Labrador : « En 2014, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a appuyé une résolution de tous les partis de la province demandant la tenue d'une enquête nationale sur les disparitions et les assassinats de femmes et de filles autochtones. Nous sommes disposés à travailler avec le gouvernement du Canada à l'égard de pareille initiative et nous sommes déterminés à collaborer avec toutes les administrations pour éliminer toutes les formes de violence envers les femmes et les filles autochtones. Nous rendons hommage aux familles et aux personnes qui ont participé aux rencontres de familles, et nous les remercions d'avoir eu le courage de raconter leur histoire. »
Bob Mcleod, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest : « Notre expérience dans les Territoires du Nord-Ouest nous fait dire que nous sommes plus forts et obtenons plus de succès lorsque nous travaillons en partenariat. C'est là le fondement de notre engagement à collaborer avec les gouvernements et organisations autochtones dans un climat de respect, de reconnaissance et de responsabilité. À titre de président de la Table ronde nationale, je suis très encouragé par la volonté de tous les participants d'engager un fructueux dialogue national sur les mesures et les solutions concrètes à adopter pour combattre la crise de la violence envers les femmes et les filles autochtones. »
Joanne Bernard, ministre des Services à la collectivité et de la Condition féminine de la Nouvelle-Écosse : « Je suis honorée d'avoir participé à cette importante et opportune discussion. J'invite instamment tous les Canadiens et Canadiennes à s'engager et à se sensibiliser davantage à cette question du taux disproportionné de disparitions et d'assassinats de femmes et de filles autochtones. »
Jeannie Ugyuk, ministre des Services à la famille du Nunavut : « Assurer la sécurité et le bien-être des femmes et des filles autochtones est une responsabilité nationale que tous doivent assumer, que nul ne peut ignorer, maintenant. J'ai participé bien humblement à la rencontre d'aujourd'hui. Au nom du gouvernement du Nunavut, je m'engage à travailler en vue de l'établissement d'un cadre qui permettra de mettre fin à cette violence une fois pour toutes. »
Kathleen Wynne, première ministre de l'Ontario : « Trop de femmes et de filles autochtones ont vécu l'expérience de la violence, ont été assassinées ou ont disparu. Cette perte n'affecte pas seulement les collectivités autochtones du pays, mais le Canada tout entier. Je suis fière de voir l'Ontario se joindre aux leaders de tout le Canada pour faire en sorte que les femmes et les filles autochtones puissent vivre en sécurité et réaliser leur plein potentiel. »
Valerie E. Docherty, ministres des Services à la collectivité et des Aînés, et ministre responsable de la condition féminine de l'Île-du-Prince-Édouard : « C'est maintenant le temps d'agir et d'affronter la crise causée par le nombre disproportionné de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées au Canada. En travaillant ensemble dans le respect, nous pourrons élaborer des mesures qui permettront d'améliorer la vie des femmes, des filles et des familles autochtones. J'ai bon espoir que le travail accompli aujourd'hui constituera le point de départ d'une collaboration entre tous les niveaux de gouvernement et les organisations autochtones afin de produire des mesures réalisables.
Geoffrey Kelley, ministre responsable des affaires autochtones du Québec, et Stéphanie Vallée, ministre de la Justice du Québec : « En août 2014, lors du Conseil de la Fédération, le gouvernement du Québec a appuyé l'initiative des Premières Nations de tenir une table ronde nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées. Nous travaillons déjà sur l'ensemble des enjeux touchant la violence envers les femmes autochtones en concertation avec plusieurs organisations autochtones du Québec, mais nous savons qu'ensemble, nous pouvons toujours faire mieux. Notre présence aujourd'hui témoigne donc de notre volonté à travailler avec nos homologues provinciaux et fédéraux afin de partager nos connaissances et nos façons de faire, et ce, afin de mieux contrer le phénomène de la violence faite aux filles et aux femmes autochtones. »
Gordon Wyant, ministre de la Justice et procureur général de la Saskatchewan : « Je suis fier des services offerts en Saskatchewan pour aider à régler le problème de la violence envers les femmes et les filles autochtones, et des initiatives de prévention et de sensibilisation. Nous reconnaissons qu'il y a encore du chemin à faire et, en travaillant ensemble nous pouvons mettre nos idées en commun et élaborer les moyens d'intervention qui conviendront pour réduire le risque de violence envers les femmes et les filles autochtones de tout le pays. »
Darrell Pasloski, premier ministre du Yukon : « Au nom du gouvernement du Yukon et de tous les Yukonais, je réitère notre engagement à mettre fin à la violence envers les femmes et les filles autochtones. Je tiens également à souligner la force et la résilience des membres des familles qui ont participé à la Table ronde, ainsi que la détermination de tous ceux et celles ici présents à établir des collectivités dans lesquelles les femmes et les filles autochtones pourront vivre en sécurité. »
TABLE RONDE NATIONALE SUR LES FEMMES ET LES FILLES AUTOCHTONES DISPARUES ET ASSASSINÉES
CADRE D'INTERVENTION POUR PRÉVENIR ET CONTRER LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES ET AUX FILLES AUTOCHTONES
INTRODUCTION ET OBJET
La Table ronde nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées vise à :
- amorcer un dialogue entre tous les ordres de gouvernement, les représentants des Autochtones[1] et des familles éprouvées pour contrer le fléau de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones;
- identifier des solutions et des moyens de collaboration, avec la participation des peuples, des familles et des communautés autochtones, pour parvenir à éliminer toutes les formes de violence.
La Table ronde nationale regroupe les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en partenariat avec les organisations autochtones nationales (OAN) pour discuter de la meilleure façon de collaborer et de coordonner les actions à prendre afin de contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, notamment lorsqu'elle mène à leur assassinat ou leur disparition. Comme il a été mentionné dans le Plan d'action fédéral 2014 pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones, « …aucun organisme ni ordre de gouvernement ne pourra enrayer seul cette violence. Le travail nécessite non seulement un partenariat entre les organismes fédéraux, mais aussi un partenariat avec les provinces et les territoires et, surtout, avec les communautés et les organismes autochtones ».
Toutes les femmes et tous les enfants autochtones ont eux aussi le droit de vivre sans violence ni discrimination aucune. Au cours des dernières années, des initiatives ont visé à répondre à la prévalence de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, et aux taux excessifs de disparitions et d'assassinats au Canada. Les communautés et administrations autochtones de même que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont instauré tout un éventail de solutions et d'interventions, sans qu'une réponse complète et coordonnée ait été mise en place. Une telle réponse devrait attirer l'attention, sensibiliser et faire converger les actions vers la prévention et des solutions immédiates, tout en permettant la flexibilité et la prise de décisions sur la scène locale.
Afin de faire avancer le dialogue à la Table ronde, sur la question du nombre excessif de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées, et de lancer une intervention concertée, les trois priorités suivantes ont été dégagées comme thèmes de discussion :
- La prévention et la sensibilisation
- Les plans et les protocoles de sécurité communautaire
- Les mesures policières et les interventions du système de justice.
PRINCIPES
Il y a consensus que des interventions supplémentaires s'imposent maintenant et que des efforts accrus sont nécessaires pour réaliser des progrès et faire en sorte que soit assuré par tout ce qu'il est possible de faire la sécurité des femmes et des filles autochtones. La Table ronde nationale est une occasion unique pour les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de se réunir avec des OAN et des représentants des familles éprouvées pour coordonner les interventions, les mesures de prévention et les solutions.
Il est souhaité que la Table ronde nationale donne lieu à des engagements portant sur la prévention, la réduction et l'élimination de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones et axés avant tout sur les trois domaines prioritaires. Les parties à la Table ronde nationale considèrent comme élément important de ce cadre de discussion leur accord sur un ensemble de principes communs qui guideront leur travail pour prévenir et contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones constitue une assise importante ce cadre. Les parties à la Table ronde approuvent les principes suivants :
Droits de la personne : La violence à l'endroit des femmes et des filles autochtones porte atteinte à de nombreux droits de la personne, notamment le droit à la vie, à la sécurité et à l'égalité, ainsi qu'à une vie sans discrimination.
Responsabilité conjointe : La prévention et la lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants autochtones constituent une responsabilité conjointe, et des engagements communs entre les gouvernements et les communautés s'imposent pour s'en acquitter.
Solutions communautaires : Les solutions afin de prévenir la violence faite aux femmes et aux filles autochtones et d'y mettre fin doivent provenir des communautés, permettre de reconnaître la diversité des réalités et de renforcer les réponses communautaires.
Convergence vers la guérison : La lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants autochtones nécessite de développer des relations entre Canadiens autochtones et non autochtones fondées sur le respect et la compréhension, ainsi que des approches holistiques favorables à la guérison des personnes et des communautés.
Convergence axée sur la collaboration : Les Autochtones doivent être des partenaires dans l'élaboration et l'application de solutions visant à contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.
Modification des comportements : La lutte et la prévention contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones exigent des changements d'attitude et de comportements chez les personnes, au sein des institutions et des organisations, et notamment chez les hommes et les garçons, qui en deviennent des agents de changement.
Changer les discours : En mobilisant les communautés autochtones et non autochtones à changer la façon dont nous discutons de ces problèmes, nous pouvons contribuer à recadrer les réponses institutionnelles, les perspectives communautaires et les attitudes individuelles.
Ces principes se dégagent des récents rapports, mentionnés dans le présent document, qui ont identifiés les voies à suivre dans l'élaboration de stratégies communautaires visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.
LES VOIES À SUIVRE
Dans le sillage de la Table ronde nationale, le gouvernement fédéral, les gouvernements des provinces et des territoires et les OAN coordonneront leurs efforts vers la prise de mesures concrètes et immédiates dans chacun des domaines prioritaires. Il s'agira globalement d'un engagement pan-canadien conjoint en vue d'une collaboration soutenue et accrue, comportant l'élaboration de solutions régionales fondées sur les communautés, et mise en œuvre par ces dernières afin de prévenir et de contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.
Les parties à la Table ronde nationale ont convenu d'améliorer la coordination et la collaboration entre leurs différents secteurs et entre elles, en fonction des grands volets suivants, en reconnaissant que ces domaines sont fondamentalement interdépendants et qu'il ne faut pas les aborder de manière isolée.
Les parties continuent d'examiner des exemples précis de la façon dont ces volets pourraient être instaurés. Les moyens et les processus de mise en œuvre varieront en fonction des relations et des priorités entre, d'une part, les communautés et les organisations autochtones et, d'autre part, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
Prévention et sensibilisation
- Sensibiliser le public afin de modifier les attitudes qui dévalorisent les femmes et les filles autochtones et de mettre en valeur les contributions des peuples autochtones comme agents d'éducation en prévention de la violence.
- Réduire la marginalisation des femmes et des filles autochtones en améliorant le développement socioéconomique.
- Améliorer les façons de prévenir et de traiter la violence dans les relations intimes et familiales.
Sécurité des collectivités
- Aider les Autochtones et leurs collectivités et organisations à élaborer des initiatives de sécurité qui répondent à leurs réalités et à leurs besoins culturels, traditionnels et socioéconomiques particuliers.
- Mobiliser les collectivités, les gouvernements, les organisations et les institutions pour appuyer la prévention, l'action et l'intervention en cas de violence.
- Appuyer et améliorer la sécurité et le processus de guérison des personnes, des familles et des collectivités.
Mesures policières et interventions judiciaires
- Améliorer la relation entre les professionnels de la justice (y compris les services de police) et les peuples autochtones et renforcer les mesures policières axées sur les communautés autochtones.
- Définir des stratégies dans le cadre du système de justice pénale en place pour protéger et aider les femmes et les filles autochtones qui sont victimes de violence.
SUIVI ET PARTAGE DES RÉSULTATS
Toutes les parties à la Table ronde nationale s'engagent à continuer de conjuguer leurs efforts pour coordonner les interventions visant à prévenir et à éliminer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones. Afin de consolider encore davantage ces efforts, une deuxième Table ronde nationale aura lieu d'ici la fin de 2016 pour discuter des progrès réalisés, échanger sur les efforts en cours et poursuivre le dialogue sur d'autres efforts à envisager. Toutes les parties s'engagent à travailler directement avec les communautés et les organisations autochtones pour donner suite à ces priorités et préparer la deuxième Table ronde nationale.
Il est primordial de faire connaître au public les progrès soutenus réalisés pour contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, et mettre fin au fléau des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. C'est pourquoi les parties à la Table ronde nationale se sont engagés à faire rapport sur leurs activités et sur les progrès réalisés au sein de leurs institutions, d'en informer le public, et de faire connaître et de partager avec les autres gouvernements, les organisation et les communautés autochtones les efforts de collaboration qui sont concluants.
HISTORIQUE/CONTEXTE
Il va sans dire qu'il existe depuis longtemps des enjeux sous-jacents complexes qui ont conduit aujourd'hui à un taux disproportionnément élevé de violence à l'égard des femmes et des filles autochtones, et qui perpétuent cette situation critique. Les femmes et les filles autochtones sont trois fois plus susceptibles d'être victimes de violence que les femmes non autochtones, et cette violence est plus grave. En mai 2014, la Gendarmerie royale du Canada a dévoilé un aperçu opérationnel national sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. La recherche identifiait dans les bases de données de la police canadienne 1 181 femmes autochtones disparues ou assassinées entre 1980 et 2012. De ce nombre, 1 017 avaient été assassinées. Aujourd'hui, 164 enquêtes sur des disparitions de femmes autochtones sont toujours en cours, et certains dossiers remontent à 1952.
Les Autochtones ne forment pas un groupe homogène sur les plans culturel, traditionnel ou géographique. Il existe, entre les Premières Nations, les Inuits et les Métis, des distinctions et une diversité qui reposent sur de nombreux facteurs, comme la langue, les croyances culturelles, les structures sociales, la situation géographique, les structures de gouvernance et l'existence de traités et d'autres accords avec l'État dans certains domaines. Cela signifie que les solutions efficaces doivent provenir des communautés et être pilotées par ces dernières. Compte tenu de cette diversité et des différences dans les résultats dans la diversité des Premières Nations, des Inuits et des Métis, il faut s'efforcer de formuler des réponses qui tiennent compte de ces différences. En outre, il faut prendre en compte les besoins et les points de vue variés des femmes, des jeunes, des aînés et des populations urbaines, nordiques et éloignées.
La sécurité et le bien-être des femmes et des filles autochtones font partie intégrante de la santé et du bien-être des familles, des communautés et des nations autochtones au Canada. Il n'y a pas de rôle plus important des gouvernements ou de l'État que de protéger les citoyens. De même, il n'y a pas de rôle plus important pour les familles ou les communautés que celui de se protéger entre elles et de promouvoir la sécurité.
Nombre de rapports, de forums et d'enquêtes ont attiré l'attention sur cette grande question, y compris la Commission royale sur les peuples autochtones (1996), l'Enquête sur la justice autochtone réalisée au Manitoba en 1999, le rapport On a volé la vie de nos sœurs d'Amnistie Internationale (2004), la Commission d'enquête sur les femmes disparues de la Colombie-Britannique de 2012, le rapport de la Commission interaméricaine des droits de l'homme sur les femmes autochtones disparues et assassinées en Colombie-Britannique (2014) ainsi que les rapports de chacun des Sommets nationaux des femmes autochtones qui ont eu lieu de 2007 à 2014.
Les administrations et les communautés autochtones ont répondu par tout un éventail d'activités. En outre, des efforts multilatéraux sont en cours afin de lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones au Canada. Des cadres ont été créés par le Groupe de travail sur les affaires autochtones (Cadre de coordination des interventions visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones) de même que les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la Justice et de la Sécurité publique (Cadre juridique provisoire visant la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones), et le Forum des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la condition féminine a approuvé la déclaration d'Iqaluit adoptée en 2007 pour lutter contre la violence faite aux femmes.
Sur la scène fédérale, un Comité parlementaire spécial sur la violence faite aux femmes autochtones a dévoilé son rapport intitulé Femmes invisibles : Un appel à l'action - Un rapport sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées au Canada en mars 2014. Le gouvernement du Canada y a répondu en septembre 2014, dans son Plan d'action fédéral 2014 pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones.
[1] Le terme « Autochtones » s'entend des Inuits, des Métis et des membres des Premières Nations au Canada. Les parties à la Table ronde nationale reconnaissent les besoins particuliers qu'il faut distinguer selon les régions urbaines, rurales et nordiques, la vie dans les réserves et à l'extérieur de celles‑ci, les conditions dans l'Inuit Nunangat, l'application de la Loi sur les Indiens et les questions hommes-femmes.
SOURCE Assemblée des Premières Nations
Personnes-ressource : Patricia D'Souza, agente principale des communications, Inuit Tapiriit Kanatami, 613-292-4482 (cellulaire) [email protected]; Daniel Wilson, directeur, Politiques et relations avec les medias, Congrès des Peuples Autochtones, 613-747-6022 poste 202 OU 613-809-8147 (cellulaire) [email protected]; Claudette Dumont-Smith, directrice exécutive, Associaton des femmes autochtones du Canada, 613-722-3033 poste 223 ou [email protected] OU Gail Gallagher 613-722-3033 poste 225, [email protected] 613-290-5680; Jenna Young Castro, agente des communications, Assemblée des Premières Nations 613-314-8157 (cellulaire) [email protected]; Alain Garon, agent chargé des communications bilingues, Assemblée des Premières Nations 613-292-0857 (cellulaire) [email protected]
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