La reconnaissance faciale est une technologie qui utilise des algorithmes d'intelligence artificielle (IA) pour identifier un individu sur une image ou dans une vidéo, ou pour analyser les caractéristiques d'un individu, dont son âge, son genre, ses émotions, sans nécessairement chercher à l'identifier.
Elle soulève de multiples enjeux éthiques, notamment en matière de protection de la vie privée, d'équité, de transparence et de sécurité publique. « Les autorités publiques et les entreprises privées au Québec devraient-elles utiliser la reconnaissance faciale? Si oui, dans quelles circonstances et à quelles fins? », demande Jocelyn Maclure, président de la CEST.
La parole aux jeunes
« Nous avons abordé les enjeux au travers du prisme de la protection des droits et libertés de la personne, en portant une attention particulière au sort des personnes plus vulnérables », affirme Karianne Cloutier, étudiante en science de la nature et l'une des quatre co-porte-paroles de la CEST-Jeunesse. « Au cœur de notre analyse figurent des valeurs telles que l'équité et la non-discrimination, le respect de l'autonomie (principalement au moyen de l'exigence de consentement), ainsi que la protection du droit à la vie, à la sécurité et à l'intégrité des personnes, conçue comme une condition nécessaire de l'exercice de l'autonomie. »
Sarah Elizabeth Simpson, étudiante en histoire et civilisation et aussi co-porte-parole de la CEST-Jeunesse, souligne l'importance du consentement, rappelant que « de pouvoir refuser d'être soumis à la reconnaissance faciale est central pour la protection de la vie privée et de l'autonomie des individus. » D'ailleurs, pour permettre un consentement vraiment éclairé, la CEST-Jeunesse recommande au gouvernement de développer et de diffuser des outils d'éducation et de sensibilisation pour informer le public, particulièrement les jeunes.
Tout ne peut pas reposer uniquement sur le consentement et les différents acteurs doivent aussi être responsabilisés face aux risques posés par la reconnaissance faciale. « C'est la responsabilité de l'État d'orienter le développement et l'encadrement de la reconnaissance faciale dans l'intérêt public », Fanny Caire, maintenant étudiante en droit et co-porte-parole. « Bien sûr, les institutions publiques doivent être elles-mêmes soumises à cet encadrement dans leur utilisation de la reconnaissance faciale, pour éviter des dérives telles que de la surveillance abusive ou de la discrimination. »
La CEST-Jeunesse recommande notamment que le Gouvernement du Québec se dote d'une instance de surveillance et de régulation en matière d'intelligence artificielle.
La reconnaissance faciale vient aussi avec un lot d'enjeux en matière de fiabilité et de biais potentiels. « Dans certains contextes, l'utilisation d'un système de reconnaissance faciale pourrait avoir des effets discriminatoires sur certains groupes d'individus, ce qui va à l'encontre du droit à la non-discrimination », souligne Julien Guèvremont-Cornut, étudiant en soins infirmiers et co-porte-parole. « Plusieurs études démontrent que la reconnaissance faciale est moins fiable pour établir des correspondances lorsque les personnes visées sont non blanches, ou lorsqu'elles sont des femmes, des personnes âgées ou des enfants. Dans un tel cas, un problème de fiabilité entraîne un problème d'équité et de discrimination potentielle. »
L'avis publié fait état des travaux de la CEST-Jeunesse 2020, de ses questionnements, de ses constats et de ses recommandations.
Plus de détails sont disponibles sur le site Web de la CEST :
https://www.ethique.gouv.qc.ca/fr/commissions-jeunesse/2020-la-reconnaissance-faciale/
À propos de la CEST et de la CEST-Jeunesse
La Commission de l'éthique en science et en technologie est un organisme du gouvernement du Québec dont la mission consiste à conseiller le gouvernement et à sensibiliser le public relativement aux enjeux éthiques en science et en technologie.
À chaque deux ans, la CEST met sur pied une commission jeunesse. Ce projet vise à permettre à des étudiantes et des étudiants du cégep de s'intéresser concrètement aux enjeux éthiques d'une application de la science et de la technologie, de vivre l'expérience du fonctionnement de la CEST et de la délibération éthique, pour ensuite publier un avis éthique en réponse aux enjeux soulevés.
SOURCE Commission de l'éthique de la science et de la technologie
Sylvain Pelletier, secrétaire général ([email protected])
Liens connexes
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