Un budget injuste qui ferme les yeux devant une crise du logement bien réelle
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Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)21 mars, 2019, 16:40 ET
QUÉBEC, le 21 mars 2019 /CNW Telbec/ - Alors qu'une pénurie de logements frappe déjà plusieurs villes québécoises, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dénonce avec véhémence le choix du gouvernement Legault de ne pas financer de nouvelles unités de logement social pour la première fois depuis la création du programme AccèsLogis. « C'est complètement irresponsable » commente Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Le regroupement est malgré tout soulagé que le budget prévoit des sommes pour permettre la réalisation une partie des logements sociaux et communautaires déjà annoncés dans les budgets québécois des dernières années et annonce du même souffle l'amélioration d'AccèsLogis.
La seule mesure pour le logement social et communautaire contenue dans le budget Girard est le soutien à la réalisation de 10 000 des 15 000 logements déjà prévus dans les budgets précédents et non livrés, sur 7 ans. Le FRAPRU espérait un déblocage plus rapide de ces projets, dont plusieurs sont attendus depuis des années, d'autant plus que la Coalition Avenir Québec (CAQ) s'est engagée en campagne électorale à livrer durant son mandat l'ensemble des logements non réalisés. Le regroupement pour le droit au logement qualifie d'injustifiable la décision du gouvernement Legault de n'investir que 260 millions $ sur 7 ans, dont 72,8 millions pour Montréal, pour le logement social, au moment même où il se prive de près de 800 millions $ par année en harmonisant la taxe scolaire. « En ne prévoyant pas de nouvelle programmation, on fait payer les plus vulnérables pour la négligence des gouvernements québécois antérieurs » s'indigne Véronique Laflamme,
La porte-parole du FRAPRU insiste sur l'iniquité du budget présenté par le ministre Girard : « un maigre 13,5 millions $ cette année pour la réalisation de logements coopératifs et sans but lucratif, alors que Québec a encaissé des surplus budgétaires de 5 milliards $ en 2018-2019, c'est une claque au visage pour les centaines de milliers de personnes et de familles qui n'arrivent pas à se loger décemment. Le ministre des Finances affirme que les priorités des Québécois et des Québécoises sont au cœur de son budget, mais il semble ignorer les préoccupations des 244 120 ménages locataires ayant des besoins impérieux de logement », réagit Véronique Laflamme.
Selon le FRAPRU, les plus récentes données du Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) aurait dû alarmer le gouvernement. Dans plusieurs villes québécoises, les taux d'inoccupation des logements locatifs ont dégringolé en dessous du seuil dit d'équilibre de 3%, voire sous la barre du 2%, et les loyers augmentent beaucoup plus rapidement que l'inflation. La situation est particulièrement grave pour les familles, les logements de deux et de trois chambres à coucher et plus ayant chuté drastiquement, notamment dans plusieurs quartiers montréalais. Déjà, en pleine période de recherche de logement, des ménages locataires craignant de ne pas trouver un logement qu'ils peuvent payer contactent le FRAPRU.
D'autres mesures insuffisantes
Le FRAPRU est également déçu de l'absence de nouveaux investissements pour l'entretien et la rénovation du parc de logements à loyer modique. À Montréal seulement, l'Office municipal d'habitation (OMHM) estime à 265 millions $ en 5 ans les sommes supplémentaires nécessaires pour remettre en état des centaines de logement.
Même s'il apprécie les 60 millions $ prévus sur 4 ans pour l'adaptation de domicile, l'organisme souligne que les sommes de 20 millions $ prévues cette année sont inférieures à celles des deux derniers budgets alors que les besoins de logements adaptés sont criants.
Le FRAPRU prend note du rehaussement des budgets de la Régie du logement de 23,8 millions $ sur cinq ans et de l'annonce d'effectifs additionnels pour lui permettre de diminuer les délais de traitement des demandes. Cependant, il doute que ce soit suffisant pour faire passer le délai moyen de traitement d'une première audience à deux mois en 2021-2022 comme le prétend le budget Girard. Le FRAPRU insiste sur l'urgence de réformer la Régie pour la rendre plus accessible aux locataires de toutes les régions comme le demande le Regroupement des comité logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
Enfin, le regroupement se réjouit de l'augmentation appréciable du montant de revenus de pension alimentaire pour enfant pouvant être exempté du calcul des aides financières gouvernementales à l'aide sociale, à l'aide financière aux études, pour les programmes d'aide au logement et à l'aide juridique. Cependant, avec des mesures comme l'uniformisation de la taxe scolaire qui bénéficiera aux propriétaires seulement, ce budget contribuera selon lui à accroître les inégalités. « Le mot pauvreté ne figure pas une fois dans le budget du ministre Girard, ça en dit long sur son peu d'intérêt à profiter de la situation économique favorable pour instaurer davantage de justice sociale », conclue Véronique Laflamme.
Alors qu'il fête son 40e anniversaire, le FRAPRU promet de poursuivre ses actions pour le droit au logement. Dans les prochaines semaines, il tentera notamment d'obtenir des mesures d'urgence pour les locataires à risque de se retrouver à la rue en vue de la période des déménagements qui s'annonce difficile, notamment à Montréal et Gatineau. Il talonnera le gouvernement Legault pour obtenir de nouvelles unités dans AccèsLogis dans son prochain budget et poursuivra sa mobilisation afin que les fonds fédéraux prévus dans la Stratégie fédérale sur le logement servent à planifier plus de logements sociaux au Québec.
SOURCE Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
et demandes d'entrevues : Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)
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