Un budget pour les familles ?
MONTRÉAL, le 2 avril 2015 /CNW Telbec/ - Depuis des mois, le gouvernement nous prépare aux coupures, ce qui a créé un sentiment d'insécurité et de morosité dans la population face aux mesures mises de l'avant. Rien de bien propice au développement économique. L'orientation actuelle du gouvernement va permettre des économies à court terme, mais à moyen ou à long terme la croissance sera-t-elle présente?
Le budget qui vient d'être déposé est un budget d'austérité. La croissance globale des dépenses sera de 1,5 %, dont 0,6 % pour l'éducation et 1,4 % pour la santé. Le ministère de la Famille verra pour sa part son budget global diminué de moins de 1 %. C'est tout de même 87 millions de moins, principalement dans les ressources allouées aux services de garde.
Concrètement, les coupes dans l'éducation feront en sorte que les commissions scolaires vont diminuer les services aux élèves. Ces services sont souvent dirigés vers les enfants les plus à risque de se retrouver plus tard sur l'aide sociale, d'avoir des problèmes de santé mentale ou d'avoir un dossier criminel... ce qui est couteux pour l'état à long terme. Il est démontré scientifiquement que l'implantation de programmes de prévention pertinents provoque des économies sociétales considérables. Selon la même logique, il est incohérent de prioriser le financement de logements à prix modique en coupant des mesures qui contribuent à diminuer le taux de chômage d'une société. Il est incompréhensible de constituer une politique de lutte contre l'intimidation et de couper dans les services de première ligne qui contribue à prévenir l'intimidation (développement des habiletés sociales, amélioration des pratiques éducatives, etc.).
Les familles ont été touchées de plein fouet avec la modulation des paiements pour les services de garde. Rien de propice au retour au travail des femmes. En particulier pour les femmes médecins qui auront à vivre avec les nouvelles exigences proposées par le ministre Barrette qui rendront la conciliation famille-travail plus compliquée pour elles.
Pour les organismes communautaires famille (OCF), il y a statu quo quant aux sommes prévues pour l'année 2015-2016. Par contre, leurs dépenses augmentent avec l'inflation. Nous avons donc moins de ressources pour faire autant sinon plus que les années précédentes. De plus, les coupes dans les budgets des CLSC et des commissions scolaires poussent les personnes à demander plus d'aide aux ressources communautaires qui ne suffisent plus à la tâche et qui n'auront plus les moyens financiers de le faire. Il n'y a pas de hausse prévue pour le financement des haltes-garderies qui sont sous-financées depuis des années
Les bonnes nouvelles se font rares. Différentes mesures ont été annoncées pour soulager la population comme l'abolition de la taxe santé, mais cette mesure entrera en vigueur en 2017. La mise en place du « bouclier fiscal » mesure qui vise à contrer en partie les pertes d'aide financière de l'État lorsque les revenus d'une famille augmentent pour franchir un certain seuil. Un projet intéressant, qui ne prendra effet qu'en 2016. Le gouvernement désire aussi que davantage de travailleurs âgés restent sur le marché du travail. Le crédit d'impôt pour les « travailleurs d'expérience » sera bonifié et l'âge d'admissibilité sera diminué de 65 à 63 ans.
Le gouvernement trouve cependant de l'argent pour le développement de la Fondation du Docteur Julien. Comme mentionné dans un mémoire déposé à l'automne 2014 par la COFAQ, nous nous interrogeons sur la pertinence de ce choix. Pourquoi un apport d'argent à cette Fondation qui semble reprendre un modèle développé par les CLSC et les organismes communautaires familles qui sont déjà sur le terrain dans toutes les régions du Québec? Ses interventions sont-elles plus efficaces que celles des OCF? Pourquoi ne pas avoir partagé ces sommes de façon égalitaire avec tous les organismes famille?
Ce budget permettra sûrement des économies pour le gouvernement, mais en évacuant la vision préventive de ses politiques. Y a-t-il, derrière le budget déposé le 26 mars par le gouvernement du Québec, une vision rassembleuse et porteuse d'un projet de société pour l'ensemble des familles québécoises? Nous en doutons fortement.
SOURCE Confédération des organismes familiaux du Québec
Pierre Paul Martin, directeur général, Pour l'ensemble du Conseil d'administration, COFAQ, Téléphone : 514.521.4777
Partager cet article