Un chercheur de l'IRCM met le doigt sur le mécanisme cellulaire qui module la
perméabilité des vaisseaux sanguins
MONTRÉAL, le 12 août /CNW Telbec/ - Le Dr Jean-Philippe Gratton, directeur de l'unité de recherche en biologie des cellules endothéliales à l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), identifie un nouveau mécanisme intracellulaire responsable de la modulation de la perméabilité vasculaire, soit la nitrosylation de la protéine bêta-caténine par le monoxyde d'azote. Cette percée scientifique pourrait possiblement avoir un impact dans le traitement des tumeurs cancéreuses en altérant la perméabilité des vaisseaux sanguins qui les irriguent. L'équipe du Dr Gratton fera paraître demain les résultats de ses travaux dans la revue scientifique Molecular Cell.
La perméabilité des vaisseaux sanguins est déterminée entre autre par l'espace entre les cellules endothéliales, les cellules qui tapissent l'intérieur de tous les vaisseaux sanguins. L'augmentation de la perméabilité est une étape essentielle à l'angiogenèse, à savoir le processus qui régit la formation de nouveaux vaisseaux. Le facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF) déclenche l'angiogenèse et augmente la perméabilité vasculaire en activant l'enzyme eNOS, qui produit à son tour le monoxyde d'azote (NO), un gaz intracellulaire.
"On savait déjà que le NO jouait un rôle très important dans la modulation de la perméabilité vasculaire et représentait une cible pour bloquer la croissance tumorale. Par contre, on ignorait comment celui-ci procédait. Nous avons maintenant démontré que la bêta-caténine est la protéine précise ciblée par la nitrosylation - la modification chimique des protéines des cellules endothéliales par le NO" explique le Dr Gratton.
La nitrosylation de la bêta-caténine permet de détacher les cellules endothéliales et ainsi d'augmenter la perméabilité vasculaire. Ce processus pourrait éventuellement aider la régénération des artères abîmées à la suite d'un accident cardiaque. Au contraire, réduire la perméabilité endothéliale des tumeurs cancéreuses pourrait permettre d'arrêter la formation des nouveaux vaisseaux qui les alimentent et ainsi bloquer leur croissance. Mieux comprendre les fonctions du NO pourrait donc avoir un impact important sur de nombreux domaines de recherche, puisque cette molécule joue un rôle dans plusieurs processus physiologiques et pathologiques.
"L'identification de nouveaux mécanismes cellulaires qui modifient la perméabilité des vaisseaux sanguins est une étape importante dans la recherche sur le cancer. Cette découverte peut potentiellement avoir un impact sur la façon que l'on traite la croissance de certains types de tumeurs" ajoute la Dre Morag Park, directrice scientifique de l'Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada.
Tous les participants à l'étude sont membres de l'IRCM. Sébastien Thibeault, doctorant, et Yohann Rautureau, stagiaire postdoctoral, en sont les co-auteurs.
Les travaux de recherche de l'équipe du Dr Gratton ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
L'article complet du Dr Gratton peut être consulté sur le site de Molecular Cell (en anglais seulement). (http://www.cell.com/molecular-cell/abstract/S1097-2765(10)00535-6)
À propos du Dr Jean-Philippe Gratton
Jean-Philippe Gratton est docteur en pharmacologie et directeur de l'unité de recherche en biologie des cellules endothéliales à l'IRCM. Il est aussi professeur agrégé de recherche IRCM et chercheur agrégé au département de médecine de l'Université de Montréal. Le Dr Gratton est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en signalisation fonctionnelle des cellules endothéliales.
En 2003, l'équipe du Dr Gratton a démontré l'effet d'une molécule aux propriétés anti-inflammatoires, le cavtratin, sur le développement de tumeurs cancéreuses. Cette molécule prévient la production de NO et ralenti la progression des tumeurs de 50 % en réduisant la perméabilité des vaisseaux sanguins qui les irriguent. Cette découverte proposait alors de nouvelles voies thérapeutiques pour certains types de cancer.
À propos de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)
Créé en 1967, l'IRCM (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd'hui 37 unités de recherche spécialisées dans des domaines aussi variés que l'immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique et la bioéthique. Il compte aussi trois cliniques spécialisées et deux plateformes de recherche dotées d'équipements à la fine pointe de la technologie. Plus de 450 personnes y travaillent. L'IRCM est une institution autonome affiliée à l'Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). L'Institut entretient également une association de longue date avec l'Université McGill.
Renseignements: ou pour une entrevue avec le Dr Gratton, veuillez communiquer avec: Lucette Thériault, Directrice des communications, Institut de recherches cliniques de Montréal, 514-987-5535, lucette.thé[email protected]; Julie Langelier, Chargée de communication, Institut de recherches cliniques de Montréal, 514-987-5555, [email protected]
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