Un homme montréalais sur huit sous le seuil de faible revenu
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Regroupement des organismes pour hommes de l'Île de Montréal (ROHIM)20 nov, 2024, 05:00 ET
MONTRÉAL, le 20 nov. 2024 /CNW/ - Un portrait statistique comparatif de la situation des femmes et des hommes de Montréal quant à divers indicateurs socioéconomiques, familiaux et de santé montre que ces derniers ont une espérance de vie à la naissance plus faible, qu'ils sont plus susceptibles de décéder de tumeurs, de problèmes cardiaques, respiratoires, par traumatisme ou par suicide, qu'ils sont plus nombreux à avoir recours à l'assistance sociale et qu'ils sont davantage vulnérables au décrochage scolaire.
Ces constats émanent d'un rapport intitulé Santé et bien-être des hommes et des femmes de Montréal - recueil statistique, pour lequel Nadine Girouard, Ph. D., de l'équipe de surveillance et intelligence décisionnelle de la Direction régionale de santé publique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal a compilé diverses sources de données de ministères et d'organismes gouvernementaux. Ce portrait a été présenté à une centaine d'intervenants réunis dans le cadre du colloque annuel sur la santé et le bien-être des hommes tenu à Montréal le 20 novembre dernier.
La précarité socioéconomique des hommes, un phénomène peu visible
Parmi l'ensemble des statistiques présentées, celles qui concernent la précarité socioéconomique de certains hommes préoccupent particulièrement le professeur Jean-Yves Desgagnés (UQAR), spécialiste des inégalités socioéconomiques. « Sur le plan de l'actualité, la pauvreté chez les hommes est un phénomène peu visible, affirme-t-il. Pourtant, depuis quelques années, particulièrement parmi les personnes seules de 18-64, le taux de faible revenu des hommes seuls est légèrement plus élevé que celui des femmes seules. Les hommes cisgenres représentent également 78 % des personnes en situation d'itinérance de rue et 75 % de celles se trouvant en ressource d'hébergement d'urgence1. Cette précarité économique peut conduire à l'aggravation de problèmes de santé physique et mentale ou accroitre l'adoption de comportements à risque ou autodestructeurs ».
Selon les données compilées par la DRSP, le salaire médian des hommes montréalais (35 200 $) est environ 7 % supérieur à celui des femmes montréalaises (32 800 $). « Cet écart favorable aux hommes tend à masquer d'autres statistiques, notamment la proportion de personnes vivant sous le seuil de faible revenu mesurée selon la Mesure du panier de consommation (MPC), qui se chiffre à 11,9 % chez les hommes et 12,1 % chez les femmes », précise Nadine Girouard. « Par ailleurs, alors que le taux de chômage varie peu selon le genre, la proportion d'hommes ayant recours à l'assistance sociale (7,8 %) dépasse significativement celle des femmes (6,5 %) » indique-t-elle.
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Les hommes moins scolarisés
Dans l'ensemble, les garçons ont une fois et demie plus de chances de quitter l'école secondaire sans qualification ni diplôme. Les hommes sont aussi moins nombreux à détenir un diplôme universitaire et plus nombreux à ne détenir qu'un diplôme d'études secondaires. La proportion d'élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage (EHDAA) est près de deux fois supérieure chez les garçons, et on recense trois fois plus de garçons que de filles avec un trouble envahissant du développement (TED) ou un trouble du spectre de l'autisme (TSA).
Davantage de facteurs de risque
Les hommes affichent une incidence plus élevée de plusieurs comportements ou habitudes de vie nuisibles à la santé : ils consomment plus de boissons sucrées, fument davantage, sont plus nombreux à présenter une consommation excessive d'alcool et consomment davantage de cannabis. Un point positif toutefois : ils sont plus nombreux à être actifs physiquement.
Une plus forte prévalence de divers problèmes de santé
Le portrait statistique montre en outre que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de souffrir de plusieurs types de problèmes de santé. C'est le cas notamment des maladies pulmonaires obstructives chroniques, du diabète, de l'hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires et de tous les types de cancers, à l'exception des cancers féminins.
Les femmes, pour leur part, sont plus nombreuses à souffrir de maladies neurodégénératives, de maladies musculosquelettiques ou de maladies respiratoires.
Briser l'isolement pour favoriser la demande d'aide
Selon Jean-Yves Desgagnés, la précarité socioéconomique des hommes peut créer de l'isolement qui affaiblit le filet de sécurité dont ils pourraient avoir besoin. « Pour les organisations, cet isolement augmente les difficultés à joindre les hommes, ce qui réduit d'autant l'accès aux soins. Par ailleurs, cette précarité souvent concomitante à d'autres vulnérabilités de santé mentale, de santé physique ou de dépendance, complexifie la relation d'aide et de soins auprès des hommes », analyse-t-il.
Augmenter et favoriser l'accès aux services de santé pour les hommes
Pour Raymond Villeneuve, président du Regroupement des organismes pour hommes de l'île de Montréal (ROHIM), ce portrait invite à écouter les hommes afin de mieux répondre à leurs besoins, adapter les services et offrir un accès qui tient compte de l'iniquité entre les groupes d'hommes.
« Collectivement, nous devons agir pour augmenter et faciliter l'accès aux services de santé pour les hommes qui vivent cette précarité économique, qui sont les plus fragilisés et les plus vulnérables, et parfois oubliés. Il est particulièrement important de favoriser la complémentarité des services entre ceux du réseau des organismes communautaires en santé et bien-être des hommes et ceux du réseau de la santé et des services sociaux, afin de répondre aux besoins multiples de la demande d'aide des hommes. Enfin, il faut soutenir financièrement les organismes communautaires et les projets qui soutiennent les groupes d'hommes prioritaires et sensibiliser le personnel intervenant aux réalités des hommes et à la complexité que peut prendre leur demande d'aide », affirme-t-il.
À propos du ROHIM
Le ROHIM est un regroupement d'organismes qui viennent en aide aux hommes sur le territoire de l'Île de Montréal. Il a vu le jour officiellement en février 2006. Il compte actuellement 43 membres dont 17 membres actifs, 19 membres associés, 5 membres sympathisants et 2 membres honoraires (Janie Houle, Professeure et Chercheure, Département de psychologie à l'UQAM). Le ROHIM souhaite pouvoir réunir le plus grand nombre possible d'organismes offrant des services spécifiques aux hommes sur l'Île de Montréal pour qu'ensemble, ces organismes puissent croître, avoir une voix commune dans la reconnaissance des besoins des hommes et continuent à aider les hommes dans le besoin.
SOURCE Regroupement des organismes pour hommes de l'Île de Montréal (ROHIM)
Pour obtenir plus de renseignements ou pour une demande d'entrevue : Jean-Yves Desgagnés, Ph.D., professeur-chercheur, UQAR, cellulaire : 418-262-0387; Nadine Girouard, Direction régionale de la santé publique de Montréal : Relations médias, CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal : [email protected]; Le ROHIM - 514 793-5660
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