MONTRÉAL, le 5 juin 2013 /CNW Telbec/ - L'obsession pour la réduction des dépenses publiques en médicaments, qui se manifeste par l'abaissement continu des prix plafond, par des stratégies d'achats groupés ou par des restrictions de remboursement, entraîne de nombreux effets pervers, notamment sur la santé des Canadiens. C'est ce que nous apprend une nouvelle étude de l'Institut économique de Montréal (IEDM).
« On ne peut reprocher aux gouvernements de vouloir contrôler leur budget, mais constamment compresser les dépenses en médicaments comporte des risques qu'on ne peut passer sous silence. Il a été démontré que cela allonge les délais d'accès aux nouveaux traitements, augmente significativement la probabilité de pénuries et freine l'innovation », souligne Yanick Labrie, économiste et auteur du Cahier de recherche publié aujourd'hui.
Les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la Nouvelle-Zélande sont fréquemment cités en exemples pour leur succès à contrôler la facture de médicaments. Ces pays dépensent en effet moins, mais ils obtiennent aussi… moins.
Une étude publiée en 2012 place le régime public canadien en queue de peloton pour ce qui est du remboursement des médicaments anticancéreux, alors que l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande font pire, avec un score de 38 % et 25 % respectivement. L'Angleterre affiche d'ailleurs un taux de survie au cancer plus faible que les autres pays développés. Les politiques de réduction du prix des médicaments ont vraisemblablement un rôle à jouer dans cette triste situation.
Pour chaque dollar dépensé en médicaments, les dépenses du système de santé sont réduites d'un montant compris entre 2,06 $ et 2,65 $ en réduisant le recours à des chirurgies par exemple. Les médicaments brevetés plus récents procureraient des économies encore plus importantes. M. Labrie estime qu'il faut considérer le budget de la santé dans son ensemble, non pas focaliser son attention uniquement sur la facture en médicaments.
L'auteur met aussi en garde contre les dangers que représente la création d'un régime d'assurance médicaments pancanadien, un système qui viendrait exacerber les problèmes actuels. « Notre système n'est pas parfait, mais la présence de plusieurs assureurs qui couvrent au-delà de 98 % de la population, permet notamment un accès plus rapide aux nouveaux médicaments. Socialiser une plus grande part des dépenses de médicaments par la création d'un régime pancanadien exposerait les gens aux décisions d'un seul organisme qui décide de rembourser ou non un traitement, avec pour résultat une couverture de moindre qualité », conclut M. Labrie.
Le Cahier de recherche intitulé Mauvaise prescription : Les effets pervers des politiques de maîtrise des dépenses pharmaceutiques au Canada est signé par Yanick Labrie, économiste et analyste des politiques de santé à l'IEDM. Cet ouvrage est disponible au www.iedm.org.
L'Institut économique de Montréal est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE : INSTITUT ECONOMIQUE DE MONTREAL
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