MONTRÉAL, le 12 janv. 2023 /CNW Telbec/ - La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et sa Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) entament l'année 2023 en intensifiant leur campagne d'information auprès de la population et des élus du Québec au sujet des dérives potentielles du Plan Dubé en santé et des dangers qu'il représente pour la continuité de notre système public de santé et de services sociaux.
Au cours des dernières semaines, la CSQ et la FSQ-CSQ, par l'entremise de leurs syndicats affiliés, ont fait parvenir à plusieurs élus municipaux et provinciaux du Québec un document intitulé « Plan santé du gouvernement Legault : Un appel urgent à toutes les élues et tous les élus du Québec! ». Le document se veut un appel à la prudence face aux intentions du ministre Christian Dubé de réorganisation du réseau de la santé.
La CSQ et la FSQ-CSQ craignent que, « sous prétexte de rendre notre système public de santé et de services sociaux plus humain et plus performant, le ministre Dubé entraîne le Québec dans une vaste réforme qui menace directement les grands fondements sur lesquels repose ce système : universalité, accessibilité et gratuité. Ce projet gouvernemental pourrait même remettre en question le maintien de certains services et soins de santé dans de nombreuses régions du Québec ou, à tout le moins, leur gratuité ».
Le secrétaire-trésorier de la CSQ, Luc Beauregard, soutient que, par-delà les belles intentions avouées du ministre pour aller de l'avant avec son Plan santé, une étude exhaustive de ce projet gouvernemental a de quoi inquiéter toutes celles et ceux qui ont à cœur la pérennité de notre système de santé public. « C'est profondément troublant de constater que, pour venir à la rescousse de notre système public fragilisé, le ministre ne propose rien de moins qu'un plus grand recours au privé. Nous avons un système public qui souffre d'un manque de ressources humaines et financières et la solution du ministre est de faire plus de place à un réseau privé qui lui livre une compétition déloyale. C'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire », affirme le leader syndical.
La CSQ et la FSQ-CSQ précisent que l'expérience démontre que ce recours au privé coûte de plus en plus cher au Trésor public et est loin d'avoir fait ses preuves. Ainsi en est-il de l'embauche d'employés d'agences privées, qui a coûté près de 1 milliard de dollars en 2022 seulement. Même constat désolant du côté des groupes de médecine familiale (GMF), qui devaient favoriser l'accès aux médecins de famille et désengorger les urgences. Malgré ces résultats mitigés, le gouvernement veut pourtant aller de l'avant avec la construction de deux mini-hôpitaux privés gérés et financés justement selon le modèle décevant des GMF.
Même illogisme pour ce qui est de la volonté du gouvernement de réaliser plus de partenariats avec les cliniques médicales privées de chirurgies. Pourtant, aucun des projets pilotes en cours depuis 2016 n'a fait l'objet d'une évaluation publique et aucune étude sérieuse n'a démontré leur plus grande efficacité. La CSQ et la FSQ-CSQ jugent également immoral d'assurer des marges bénéficiaires de 15 % à des professionnelles et professionnels déjà très bien rémunérés exploitant ces cliniques et bénéficiant de généreuses subventions et avantages fiscaux.
Une autre source importante d'inquiétude et de préoccupation qu'identifient la CSQ et la FSQ-CSQ dans le Plan Dubé est le financement axé sur le patient. Plutôt que d'accorder un budget global aux établissements, les budgets seraient déterminés en tenant compte des services réalisés et des tarifs spécifiques établis. Une approche irréaliste, selon les organisations syndicales, qui a d'ailleurs été rapidement abandonnée par plusieurs gouvernements qui l'ont expérimentée. « Comment comprendre qu'on veut reprendre au Québec une façon de faire qui s'est avérée néfaste et contre-productive? », s'interroge Luc Beauregard. Ce dernier soulève aussi plusieurs questionnements à l'endroit de la nouvelle agence Santé Québec que souhaite implanter le ministre Christian Dubé.
En complément à ces critiques à l'égard du Plan santé du gouvernement Legault, la CSQ et la FSQ-CSQ proposent leurs propres éléments incontournables pour rétablir notre système de santé. Cela passe par la mise en place de conditions de travail et d'exercice plus humaines et respectueuses du personnel. « Si l'on veut mettre fin à la désertion du personnel du réseau, il faut lui donner des raisons d'y demeurer. Le ministre a beau élaborer de beaux plans, mais s'il n'y a pas de personnel pour donner les soins et les services, ces projets, quels qu'ils soient, sont voués à l'échec. Il serait plus que temps qu'on cesse d'accorder un traitement privilégié au personnel du secteur privé et qu'on s'occupe des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes sans la présence desquelles il n'y aurait plus de réseau public », plaide Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ.
La CSQ et la FSQ-CSQ prônent également une décentralisation qui redonne un véritable pouvoir aux régions pour qu'elles puissent répondre adéquatement aux besoins et aux défis de leur territoire, assurer la sécurité de leur population et rétablir les services essentiels de proximité afin d'éviter les ruptures et les fermetures de services. Finalement, les organisations syndicales sont d'avis qu'il faut créer une Santé publique régionale forte en rétablissant localement, et pour chacune des installations de notre réseau, des plans d'action en santé publique qui seront élaborés, mis en œuvre, évalués et mis à jour régulièrement par les parties concernées, dont les travailleuses et travailleurs, qui connaissent très bien leurs milieux.
En terminant, la CSQ et la FSQ-CSQ invitent la population et les élus du Québec à prendre le temps de bien s'informer sur le contenu du Plan santé du gouvernement Legault et ses conséquences réelles pour la survie de notre système public de santé. « Le ministre Christian Dubé est en train de procéder à une vaste réforme de notre système public qui remet en question les fondations sur lesquelles il repose, sans qu'il y ait de réels débats publics. Ce n'est pas sain dans une démocratie et cela manque de respect à l'égard de la population et de toute personne élue qui a à cœur de défendre les intérêts des gens qu'elle représente. Nous invitons les gens à prendre connaissance des enjeux réels qui se cachent derrière cette nouvelle réforme », conclut Isabelle Dumaine.
La CSQ représente près de 215 000 membres, dont environ 125 000 font partie du personnel de l'éducation. La CSQ compte 11 fédérations qui regroupent quelque 240 syndicats affiliés; s'ajoute également l'AREQ (CSQ), l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services éducatifs à la petite enfance, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
Twitter : CSQ_Centrale
La Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) représente plus de 5 000 infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires travaillant dans des établissements de tous les secteurs de la santé : centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), centre hospitalier de réadaptation, centre de réadaptation en dépendance et Héma-Québec.
SOURCE CSQ
Claude Girard, Conseiller en communication, Cellulaire : 514 237-4432, Courriel : [email protected]
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