Un projet de loi conservateur donne au gouvernement le droit d'ingérence dans le journalisme à Radio-Canada
TORONTO, le 7 mai 2013 /CNW/ - De nouveaux pouvoirs dans le projet de loi du budget fédéral déposé la semaine dernière permettraient au gouvernement de participer dans des discussions sur la définition des nouvelles et le rôle des réalisateurs qui créent les émissions à Radio-Canada/CBC. Le projet de loi C-60 ouvre la voie à l'ingérence politique directe dans la plus grande organisation journalistique au pays.
« Nous ne parlons pas que de salaires et d'avantages sociaux lors des négociations, précise Dan Oldfield, Premier conseiller syndical de la Guilde canadienne des médias (GCM). Nous discutons avec la direction de Radio-Canada de toutes sortes de choses, notamment la manière dont les affectations sont faites et le rôle des réalisateurs. Notre convention collective comprend même une définition de ce qui constitue les émissions de nouvelles, ainsi que l'impératif qu'une grande majorité soit réalisée par le personnel de Radio-Canada. Dans une société démocratique, il n'y a pas de bonne raison pour le gouvernement de participer activement à ces discussions. »
La présidente de la GCM, Carmel Smyth indique que la convention collective entre Radio-Canada et la Guilde aide à protéger les journalistes contre des pressions pouvant orienter leurs reportages et leurs émissions pour servir des intérêts étroits. « Ces mesures ont été mises au point en 50 ans de négociations au cours desquelles on s'est parfois retrouvé dans des situations où on soulève des questions au sujet de ceux qui paient les factures dans le but d'informer le public. Les télédiffuseurs publics autour du monde doivent tous composer avec cette tension. »
Mme Smyth ajoute que le gouvernement Harper ne cesse de promouvoir des programmes et des lois visant à rendre les emplois temporaires, occasionnels ou mal payés, et d'affaiblir la capacité des travailleurs, dont les travailleurs des médias, à défendre leurs intérêts collectifs. « Nous continuerons de nous battre contre ces attaques consternantes."
La convention collective entre la Guilde et Radio-Canada traite du journalisme de manière suivante :
Le journalisme à Radio- Canada sert l'intérêt public |
Ce que dit la convention collective ✓ Des règles rigoureuses en matière de conflit d'intérêt pour faire en sorte que les journalistes et d'autres employés agissent dans l'intérêt du public et non dans leur intérêt personnel. ✓ La politique journalistique la plus complète de n'importe quelle salle des nouvelles au pays avec des formations et des discussions régulières. ✓ Les syndicats et la direction ont ensemble défini les nouvelles et les émissions d'information comme traitant « divers intérêts dont la politique, les enjeux de politique publique, les sports, les sciences et la culture de manière journalistique ». ✓ La convention affirme que les correspondants à l'étranger offrent une perspective canadienne sur des enjeux d'importance internationale. Tout gouvernement présent à la table de négociation serait en mesure de réviser ces définitions. |
Les journalistes sont protégés contre l'ingérence politique et d'autres types d'intrusion |
Ce que dit notre convention collective ✓ Un réalisateur a le droit de refuser de réaliser une émission s'il est en désaccord avec le contenu ou le format de celle-ci. ✓ La direction de Radio-Canada doit protéger l'autorité du réalisateur en ce qui a trait au contenu, au format et au budget de l'émission. Un réalisateur ne peut être retiré d'une émission sans justification. ✓ On ne peut retirer ses fonctions à un journaliste, y compris un correspondant à l'étranger, sans qu'il y ait de très bonne raison. Journalistes, réalisateurs, recherchistes, rédacteurs et vidéographes, tous doivent être engagés et promus selon des exigences d'emploi et des qualifications objectives. ✓ Aucun employé, y compris les journalistes, ne peut faire face à la discrimination pour raisons d'appartenance politique, ou d'adhésion au syndicat ou d'activité au sein du syndicat. Tout gouvernement présent à la table des négociations serait en mesure d'essayer de forcer l'élimination de ces mesures de protection. |
Les journalistes n'ont pas à craindre des représailles, y compris la perte de leur emploi pour avoir rapporté les nouvelles |
Ce qui dit notre convention collective ✓ Les journalistes ne peuvent être licenciés ou réaffectés sans raison légitime. ✓ La direction a pris l'engagement de recourir aux services du personnel de Radio-Canada pour réaliser une grande majorité des nouvelles, des émissions d'information, et notre convention collective affirme que « le recours aux employés de Radio-Canada contribue à assurer des normes élevées de qualité et de créativité. » Affaiblir ces dispositions pourrait mener à un contrôle politique direct de la programmation de Radio-Canada, ou même à sous-traiter les services d'information de Radio-Canada à un service proche du gouvernement. |
La direction a des outils pour s'assurer que les employés peuvent faire - et font - leur travail. |
Ce que dit notre convention collective ✓ Le syndicat et la direction « reconnaissent la valeur de la formation et du perfectionnement pour les besoins présents et futurs » de Radio-Canada et de ses employés. ✓ Nous avons en place un processus mixte de gestion du rendement qui s'assure notamment que les employés peuvent se perfectionner pour répondre aux besoins de cette industrie en constante évolution. Le gouvernement souhaite-t-il faire de la gestion du rendement un outil disciplinaire ? Dans l'affirmative, voir ingérence politique ci-dessus. |
Au sujet de la GCM
Nous sommes 6 000 journalistes, animateurs, réalisateurs, techniciens, rédacteurs vidéastes, médiathécaires, programmeurs, représentants aux ventes, employés administratifs, et collaborateurs à la pige. Nous croyons qu'un système médiatique de qualité qui répond aux attentes des Canadiens repose sur des organisations en santé qui traitent les employés de manière équitable. www.laguilde.ca.
SOURCE : La Guilde canadienne des médias
Jeanne d'Arc Umurungi
[email protected]
416-708-4628
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