MONTRÉAL, le 10 janv. 2016 /CNW Telbec/ - Vers la fin de l'année 2015, des milliers de personnes ont été témoins de certains propos tenus par des animateurs, journalistes ou autres personnalités, qui ont fait sursauter : en vieillissant, nous devenons un fardeau, le vieillissement coûte cher alors que la contribution des aînés est moindre, devrait-on traiter ou soigner les personnes plus âgées ou prioriser les plus jeunes, etc.
Les données sont sans équivoque : le bilan démographique du Québec indique de façon inéluctable que le Québec vieillit et qu'il vieillit rapidement. Le vieillissement de la population est donc un fait incontestable dont les impacts s'intensifieront à l'égard, entre autres, de l'économie, du marché du travail et du système de santé. Dès l'âge de la retraite, le rythme de vie et les besoins changent et nécessitent. Certaines ressources deviennent nécessaires pour maintenir un mode de vie sain et actif, en plus de permettre de vivre à domicile le plus longtemps possible.
Il est essentiel de sensibiliser adéquatement les Québécois à ce phénomène en l'abordant de façon globale et positive. En effet, il s'agit d'un enjeu sociétal complexe qui requiert une réponse collective tenant compte de l'ensemble des composantes. Encore trop de préjugés demeurent à propos des personnes âgées, à commencer par celui voulant qu'elles représentent un fardeau au premier chef. Il est grand temps de reconnaître clairement la force ainsi que les atouts de nos aînés et de les considérer comme des acteurs importants de notre société. Nous ne pouvons plus ignorer leur implication, leur expérience et leurs droits.
Les retraités paient toujours des impôts, dépensent les revenus cumulés et participent ainsi à l'économie. Aussi, la contribution des personnes âgées va-t-elle bien au-delà des considérations financières; les aînés sont également actifs sur le plan social. Par exemple, la force du Réseau FADOQ repose, comme celle de bien d'autres organismes, sur la participation de bénévoles, plus de 10 000 qui agissent à titre de dirigeants et d'administrateurs dans nos 16 bureaux régionaux et nos 800 clubs locaux. De plus, une proportion importante des proches aidants sont des aînés, plus particulièrement des femmes.
D'ailleurs, le concept même de retraite ainsi que le modèle traditionnel études-travail-retraite, sont chamboulés. Sur le plan du travail, il est grand temps de s'ouvrir aux nouvelles réalités. Certains prennent une retraite anticipée, font un retour aux études, reprennent le travail, à temps plein, à temps partiel, à leur compte, etc. Aujourd'hui, pour assurer un roulement productif de la main-d'œuvre et pour le respect des droits des travailleurs à tout âge, il faut adopter de meilleures pratiques sinon de nouvelles. À cette fin, nous devons reconnaître l'expertise et l'expérience des travailleurs de 50 ans et plus, favoriser leur rétention sur le marché du travail avec la mise en place de mesures concrètes, soutenir le transfert de connaissances et faciliter l'accès à la retraite progressive. Il y a bien sûr quelques incitatifs fiscaux pour les entreprises, mais il faut plus pour combler les besoins des travailleurs d'expérience : des horaires allégés, des semaines écourtées, de la formation continue, du mentorat, etc. Bref, soyons créatifs.
Quant à la retraite proprement dite, qu'attendons-nous comme société pour mettre en place des mesures appropriées pour assurer une retraite digne de ce nom à tous les travailleurs? Dans un premier temps, protégeons les régimes de retraite existants. Permettons un accès élargi à ces véhicules. Puis, bonifions la RRQ comme l'a fait l'Ontario en modifiant à la hausse la rente de ses travailleurs pour la faire passer de 25 % à 40 % ainsi que le maximum du salaire admissible pour qu'il atteigne 70 000 $ au lieu de 54 900 $.
Au sujet de la pression qu'exerce la vieillesse sur le système de la santé, nous tenons à rectifier le tir quant aux croyances populaires, car les aînés constituent le 4e poste de dépenses en santé, derrière les nouvelles technologies, les nouveaux médicaments et l'équipement. Ainsi, l'analyse des dépenses en santé pour les aînés démontre que la hausse d'environ 2 % est bien moindre que l'augmentation de cette même population.
De plus, actuellement, l'ensemble du système de santé et des services sociaux n'est pas adapté au vieillissement de la population. Le système de santé doit à la base être centré sur le patient et de ce fait être plus humain. Il doit assurer un continuum de soins plus efficace et une coordination des services plus efficiente, tout en privilégiant une meilleure accessibilité pour le patient.
Pour ce faire, il doit prendre en compte les changements démographiques spécifiques de la population.
À titre d'exemple, nous savons de source sûre que le vieillissement de la population affectera grandement la façon dont nous prodiguerons les soins et services de santé au cours des 30 prochaines années. Notamment, au Québec, les 65 ans et plus représenteront près de 25 % de la population. C'est donc dire que nous ne pourrons pas réussir la transformation du système de santé avec succès sans jumeler le tout à une politique provinciale du vieillissement.
Pourquoi? Parce qu'un système de santé adapté au vieillissement peut offrir tous les soins et services nécessaires afin de desservir aussi bien les bébés, les enfants que les adultes, donc le cycle de vie complet.
Un autre élément incontournable du débat est le noble objectif de permettre aux gens de demeurer chez eux, dans de bonnes conditions, le plus longtemps possible. On ne peut parler de maintien à domicile sans mentionner la contribution sans pareille des proches aidants. Qu'en est-il de leur reconnaissance et de leur soutien face au travail colossal qu'ils accomplissent quotidiennement?
Voilà certaines préoccupations qui sont cruciales à nos yeux ainsi qu'à ceux de tous les aînés du Québec. Nous souhaitons de tout cœur pour 2016 que le Québec devienne un acteur incontournable en matière de changement social qui respecte ses citoyens, du plus jeune au plus vieux. Mais pour cela, nous devons être considérés et consultés par nos élus et, à cet égard, nous offrons notre entière expertise et collaboration.
Le Réseau FADOQ rassemble et représente les personnes de 50 ans et plus dans le but de conserver et d'améliorer leur qualité de vie. Le Réseau défend et fait la promotion de leurs droits, valorise leur apport dans la société et les soutient par des programmes, services et activités. Le Réseau FADOQ compte à ce jour plus de 425 000 membres et est le plus grand organisme d'aînés au Canada.
SOURCE FADOQ
Brigitte Roussy, Conseillère - Communications, Réseau FADOQ, 514 252-3017, poste 3417, 514 248-0160, [email protected]; Marco Guerrera, Conseiller - Affaires publiques, Réseau FADOQ, 514 252-3017, poste 3439, 514 793-2533, [email protected]
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