Un rapport révèle comment la diplomatie canadienne a appuyé le dangereux projet minier de Blackfire Exploration English
OTTAWA et SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS, le 6 mai 2013 /CNW/ - Selon des documents rendus publics par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) en réponse à une demande en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, les autorités canadiennes ont mis des ressources publiques à la disposition de Blackfire Exploration, une entreprise de Calgary, et ce, en dépit de liens avec des suspects dans le meurtre d'un activiste local, de la suspension des activités minières et d'allégations de corruption très médiatisées.
« Après avoir analysé ces documents, nous avons constaté que quelques jours à peine suivant la mise en circulation d'un rapport accablant sur l'entreprise au sein des échelons supérieurs du gouvernement canadien, les autorités canadiennes ont demandé conseil, au nom de l'entreprise, pour savoir comment poursuivre l'État du Chiapas en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pour avoir fermé la mine », a souligné Rick Arnold, membre de la délégation qui a mené une mission d'enquête en 2010 au Chiapas. « Il semble que la vie humaine importe peu pour le gouvernement canadien, celui-ci n'étant préoccupé que par des intérêts commerciaux partisans. »
Le 27 novembre 2009, Mariano Abarca a été assassiné devant le restaurant dont il était le propriétaire-exploitant dans la ville de Chicomuselo, dans le Chiapas, l'État le plus au sud du Mexique. M. Abarca était père de quatre enfants et un citoyen actif qui avait milité en faveur de tarifs d'électricité réduits. Au moment de son assassinat, il était engagé dans une lutte contre la mine de baryte de Blackfire, en raison des préoccupations qu'elle soulevait en matière d'impacts sociaux et environnementaux.
Une semaine après son assassinat, les autorités environnementales du Chiapas ont suspendu les activités à la mine. Quelques jours plus tard, on pouvait lire dans le Globe and Mail que Blackfire avait versé des paiements dans le compte bancaire personnel du maire de Chicomuselo. Une enquête de la GRC sur les allégations est en cours.
« D'après ces dossiers, même avant la mort de mon père, l'ambassade du Canada surveillait étroitement les conflits à Chicomuselo », a souligné José Luis Abarca, le fils de Mariano. « Toutefois, ils n'ont prêté aucune attention aux questions que mon père et d'autres soulevaient, n'accordant crédit qu'à la version de l'entreprise. On ne peut s'empêcher de se demander quelle serait la situation aujourd'hui s'ils nous avaient pris au sérieux. »
Les dossiers du MAECI indiquent que l'ambassade a reçu 1 400 lettres de personnes craignant gravement pour la vie de Mariano Abarca à la suite de son arrestation en août 2009. Un mois plus tôt, M. Abarca s'était plaint auprès d'un fonctionnaire de l'ambassade du fait que des travailleurs de Blackfire étaient armés et intimidaient les opposants à la mine. Néanmoins, quand les fonctionnaires de l'ambassade ont visité le Chiapas quelques semaines avant la mort de Mariano Abarca, il semble qu'ils ne se sont enquis qu'à propos de questions liées à la sécurité de l'investissement de Blackfire.
« Le portrait de la situation que nous avons pu brosser est extrêmement préoccupant, compte tenu du rôle du Canada en tant qu'investisseur de premier plan dans l'industrie minière mexicaine et dans des projets marqués par les conflits, du Chiapas au Chihuahua », a affirmé Jen Moore, coordonnatrice du Programme latino-américain pour Mines Alerte Canada. « Le dossier Blackfire illustre la nécessité de modérer la promotion que fait le gouvernement canadien de notre secteur minier à l'étranger, une telle promotion risquant d'encourager bon nombre des pratiques destructrices que nous constatons. »
Pour lire le rapport intégral de Mines Alerte Canada, consulter le site Web à miningwatch.ca/fr.
SOURCE : Syndicat des Metallos
Rick Arnold, [email protected], 905-448-2343
Jen Moore, coordonnatrice du Programme latino-américain pour Mines Alerte Canada, [email protected], 613-569-3439
Raul Burbano, directeur de programmes, Common Frontiers, [email protected], 416-522-8615
Mark Rowlinson, Syndicat des Métallos, [email protected],416-544-5952
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