Une étude de l'Institut national de la paie dévoile des tendances financières inquiétantes et gagnant du terrain, mais souligne qu'il est possible de s'abriter de la tempête
TORONTO, le 20 sept. 2022 /CNW/ - Les travailleurs canadiens commencent à sentir les premières rafales de la tempête de stress financier, qui semble gagner en intensité.
Alors que durant la pandémie, les confinements et le télétravail ont permis à bon nombre de ceux qui ont conservé leur emploi d'épargner davantage et de dépenser moins, une nouvelle étude de l'Institut national de la paie révèle qu'avec la réouverture des bureaux, l'augmentation des dépenses, la hausse des taux d'intérêt ainsi que l'inflation, tous ces gains s'évaporent rapidement. C'est particulièrement le cas pour ceux qui n'ont pas adopté de bonnes habitudes financières.
L'étude, qui réunit le sondage annuel de l'Institut national de la paie auprès des travailleurs canadiens et l'analyse du Laboratoire canadien sur le bien-être financier (le Laboratoire), révèle que le bien-être financier des Canadiens a connu une forte baisse au cours de la dernière année, la part de ceux vivant d'un chèque de paie à l'autre ayant grimpé de 26 %.
L'analyse scientifique par grappes effectuée par le Laboratoire (qui a une nouvelle fois déterminé que les Canadiens se divisent généralement en trois : ceux qui sont à l'aise financièrement, ceux qui se débrouillent et ceux qui sont stressés) révèle elle-aussi plusieurs indices indiquant que notre santé financière se détériore. Alors qu'en 2021 la grappe des financièrement à l'aise était relativement vaste (46 %), l'analyse des données de 2022 souligne un rétrécissement de cette dernière (-10 %) et un glissement vers les grappes de ceux qui se débrouillent (+8 %) et de ceux qui sont financièrement stressés (+2 %).
« Le glissement envers les deux grappes les plus sujettes au stress financier indique que davantage de Canadiens éprouvent des difficultés au sortir de l'économie pandémique. Les données révèlent également que la situation risque de se compliquer encore davantage dans un avenir proche, et ce, pour un plus grand nombre de Canadiens, explique Peter Tzanetakis, président de l'Institut national de la paie. Alors que les habitudes d'épargne et de consommation ainsi que le recours à l'endettement ont toujours été des indicateurs déterminants dans le fait d'appartenir à une grappe ou une autre, ces indicateurs évoluent dans la mauvaise direction. Et avec la hausse des taux d'intérêt ainsi que l'inflation qui persiste, il est probable que cette tendance se maintienne. »
L'analyse montre également que l'écart s'est creusé entre la grappe de ceux qui se débrouillent et celle des financièrement stressés, ce qui dénote une augmentation de la détresse chez les individus éprouvant déjà une plus grande difficulté financière.
DÉTÉRIORATION DES HABITUDES FINANCIÈRES
La grappe dans laquelle se situent les individus est déterminée par de nombreux facteurs, en revanche, le niveau de revenus n'est pas nécessairement corrélé au niveau de bien-être financier.
Bien que l'analyse du Laboratoire ait démontré que les ménages ayant des revenus moins élevés étaient plus susceptibles de se trouver parmi les financièrement stressés, une proportion considérable de répondants se situant dans cette grappe (41 %) déclare toutefois un revenu familial annuel supérieur à 100 000 $. En réalité, ce sont les habitudes financières d'épargne, de consommation et d'endettement qui jouent le rôle le plus important dans la santé financière - et chacune de ces habitudes affiche une image plus sombre cette année.
Le nombre de travailleurs canadiens qui dépensent plus que leur paie nette est au plus haut niveau jamais déclaré dans le sondage (11 %). Sans surprise, ceux qui se trouvent dans la grappe des financièrement stressés vivent le plus près de leurs limites : 91 % dépensent toute leur paie nette ou davantage (comparativement à 82 % en 2021). Les travailleurs canadiens épargnent également moins qu'il y a un an : ceux qui n'épargnent que 1 à 5 % de leur paie sont passés de 27 % à 34 %, et 9 % des répondants n'épargnent pas du tout. Chez les financièrement stressés, 84 % épargnent moins de 5 % de leur paie (contre 76 % l'an dernier).
Les résultats de 2022 montrent également une hausse importante du niveau d'endettement. Le nombre de travailleurs canadiens ayant une dette de carte de crédit a grimpé en flèche pour atteindre 42 % (comparativement à 29 % en 2021). Le niveau d'endettement a augmenté dans tous les groupes avec 27 % des répondants signalant une augmentation (contre 17 % l'an dernier). La hausse est néanmoins plus marquée du côté des financièrement stressées, puisqu'un retentissant 56 % déclare se sentir dépassé par les dettes.
INFLATION ET PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES : DAVANTAGE DE DIFFICULTÉS À L'HORIZON
Les hausses abruptes des taux d'inflation et d'intérêt faisant suite aux faibles niveaux enregistrés sur plus d'une génération accentuent l'anxiété financière ressentie par les répondants.
Une écrasante majorité de travailleurs canadiens (85 %), dont bon nombre n'avaient jamais eu à faire face ni à l'un ni à l'autre, a souligné que l'inflation et la hausse du coût de la vie constituaient leurs principales préoccupations économiques. Ils s'inquiètent particulièrement du prix des aliments et du transport, et ont recours à leur carte de crédit pour payer ces produits de première nécessité. Dix-huit pour cent ont indiqué avoir emprunté pour payer des biens essentiels comme la nourriture, les vêtements ou le logement en 2022. Chez les financièrement stressés, ce chiffre s'élève à 61 %.
« De nombreux Canadiens sentent qu'ils sont à bout de souffle et que leur capacité à changer leur situation financière demeure hors de leur contrôle, explique Matt Davidson, doyen de la faculté des sciences de l'Université Western Ontario et directeur du Laboratoire sur le bien-être financier. Toutefois, la recherche démontre qu'améliorer son bien-être financier n'est pas seulement possible, mais probable, à condition de prendre certaines mesures visant à stabiliser sa situation financière. »
S'ABRITER DE LA TEMPÊTE
Les résultats du sondage indiquent que face à ce torrent d'anxiété et de stress financier, beaucoup ne savent pas comment réagir et, par conséquent, ne font rien. Or, ne rien faire n'aide pas à traverser la tempête.
« La bonne nouvelle est que, même si la situation paraît très sombre, la grappe dans laquelle se trouve un individu n'a pas à être définitive, ajoute M. Tzanetakis. Elle est étroitement liée au degré d'épargne et de dépense tout en étant influencée par l'emprunt. »
Dans bien des cas, l'analyse des grappes a montré qu'en établissant de bonnes habitudes telles qu'épargner davantage et choisir des types d'emprunts à taux d'intérêt moins élevés, une personne stressée financièrement peut améliorer sa santé financière et remonter vers la grappe de ceux qui se débrouillent ou même de ceux qui sont à l'aise financièrement en seulement un an. Cependant, à l'heure où la détresse financière s'aggrave pour beaucoup, la recherche indique également que la nature individuelle du bien-être financier nécessitera souvent des conseils ou du soutien financier personnalisés.
La première étape consiste à comprendre l'ampleur et la réalité de sa situation actuelle et à agir rapidement. L'Institut national de la paie s'est associé au Laboratoire afin de créer un Évaluateur de santé financière permettant aux individus d'évaluer à quelle grappe ils appartiennent. Avoir une idée de sa santé financière permet de pouvoir prendre des mesures pour se sortir de la tempête.
Plusieurs options peuvent ainsi aider à trouver les meilleures façons d'avancer vers la santé financière. Travailler avec un conseiller financier permettra de connaître ses options, tout comme explorer les programmes d'aide aux employés (souvent offerts gratuitement par les employeurs) ou faire appel à la panoplie d'organismes gouvernementaux et sans but lucratif qui fournissent du soutien et des conseils. La clé est d'agir, plutôt que d'attendre. La tempête ne durera peut-être pas éternellement, mais une chose est sûre, plus vite le pas vers de bonnes habitudes financières sera amorcé, plus l'avenir sera radieux.
MÉTHODOLOGIE
Le 14e sondage annuel de l'Institut national de la paie auprès des travailleurs canadiens a été mené en ligne du 7 juin au 15 juillet 2022 auprès de 3 033 travailleurs canadiens (dont 92 % d'employés à temps plein) issus du bassin de répondants de Framework Analytics. Le sondage comporte une marge d'erreur de plus ou moins 1,7 %, 19 fois sur 20, sans toutefois que la méthodologie non probabiliste utilisée permette d'établir une marge d'erreur définitive.
À PROPOS DE L'INSTITUT NATIONAL DE LA PAIE
L'Institut national de la paie fait la promotion du service de paie au Canada comme élément vital à la santé des entreprises au Canada, en établissant LA norme professionnelle d'excellence et en transmettant son expertise essentielle. Nous fournissons les connaissances et les ressources dont plus de 40 000 professionnels de la paie ont besoin pour développer leur potentiel, dont 1,5 million d'employeurs dépendent pour le paiement annuel de 1 060 milliards de dollars en salaires et en avantages imposables, et dont les administrations publiques dépendent pour recevoir 364 milliards de dollars en retenues obligatoires qui servent chaque année à financer des programmes essentiels. Les accréditations accordées par l'Institut sont reconnues comme la référence en matière d'expertise et de professionnalisme, et les seules de ce type pour le service de paie au pays.
SOURCE National Payroll Institute
Institut national de la paie - Personne-ressource : Adam Sanders, directeur, Relations publiques, [email protected], 416-487-3380, poste 111; Relations avec les médias : Chloé Lebouc, Kaiser & Associés, [email protected], 514.662.3547
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