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Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec03 mai, 2019, 15:04 ET
MONTRÉAL, le 3 mai 2019 /CNW Telbec/ - « J'offre mes plus sincères condoléances aux proches de la fillette qui a perdu la vie à Granby dans une situation qui secoue et choque tout le Québec. » C'est ainsi que s'est exprimée la présidente de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ), Mme Guylaine Ouimette, T.S., en début de conférence de presse. « Personne ne peut rester indifférent devant un événement aussi dramatique que nous déplorons de toutes nos forces. ».
La présidente a tenu à préciser que l'Ordre ne portera aucun jugement et ne tirera aucune conclusion sur ce dossier, ni ne jugera le travail effectué par la Direction de la protection de la jeunesse dans ce dossier ou d'autres; cette tâche incombe aux responsables des enquêtes instituées par le gouvernement et au gouvernement lui-même.
D'ailleurs, la présidente a souligné le dévouement et la passion qui animent les travailleurs sociaux œuvrant en protection de la jeunesse au Québec. « Ces professionnels font un travail remarquable, dans un contexte extrêmement complexe et difficile. Devant le triste sort de cette enfant, les travailleurs sociaux sont en deuil et ils sont les premiers à s'interroger et à chercher des solutions pour que cela n'arrive plus » a-t-elle déclaré.
Alors que le mandat de protection du public de l'ordre est de veiller à la qualité de la pratique de ses 14 000 membres, Mme Ouimette a insisté sur le fait que les travailleurs sociaux doivent pouvoir exercer dans des conditions de travail optimales.
Rappelant que les difficultés d'accès aux services sociaux sont connues depuis plus de 20 ans, Mme Ouimette déplore que cet accès se soit détérioré au fil des ans. « Les services sociaux de première ligne se sont effrités à un point tel qu'ils n'existent pratiquement plus et que les délais d'attente portent préjudice à la sécurité des enfants ». En outre, les travailleurs sociaux sont de moins en moins présents dans les écoles et leur nombre a grandement diminué dans les CLSC. »
Les principaux problèmes du système sont nombreux :
- Explosion des demandes : plus de gens qui se trouvent dans des conditions complexes de dépendance, de pauvreté, de manque de soutien.
- Augmentation de cas en centre jeunesse et en santé mentale
- Pénurie de professionnels
- Surcharge de travail
- Désintéressement de la relève
- Lourdeur administrative et bureaucratique
- Effets pervers des coupes budgétaires et impact de la dernière réorganisation dans les services sociaux et en santé mentale.
L'Ordre critique la logique de productivité actuelle dans les services sociaux qui se fait au détriment de la qualité des services requis par une clientèle très vulnérable. Cette façon de faire exerce une pression exacerbée sur les travailleurs sociaux à qui on demande de raccourcir le temps d'intervention et qui doivent se prononcer trop rapidement sur des situations même si elles sont extrêmement complexes. Ce mélange d'ingrédients met la table à de possibles dérives qui interpellent toute la société.
« Les travailleurs sociaux sont indignés par cette logique industrielle. Au plan éthique et déontologique, ils vivent de profonds conflits de loyauté entre répondre aux pressions exercées par l'organisation d'en faire plus et le temps requis pour accompagner adéquatement les jeunes et de leurs familles » déplore la présidente.
AFFIRMER ET SOLIDIFIER UNE VRAIE PREMIÈRE LIGNE DES SERVICES SOCIAUX
« L'heure n'est plus au petit remaniement ou à l'injection de sommes par-ci par-là. Nous favorisons que les solutions proviennent du milieu afin qu'elles soient appliquées partout, dès que possible. »
Dans cet esprit, l'Ordre propose de s'attaquer rapidement à mettre en place des solutions durables pour améliorer la dispensation des services sociaux, et ce, par six recommandations :
Recommandations
- Que le ministre convie toutes les parties concernées (services sociaux, éducation, garderies, milieux communautaires, policiers, avocats, légistes) à une commission, appelons-la une commission sociale, qui aurait lieu à l'automne 2019.
Mandat : lever le voile sur les problèmes systémiques, recenser les facteurs aggravants dans les communautés, revoir les façons de faire, notamment en diminuant la bureaucratie, et effectuer la révision des mécanismes de coordination entre les différents secteurs de services pour la jeunesse. - Que le ministre crée immédiatement une commission-pilote, dans une région représentative.
Mandat de 4 mois : développer un modèle concret et réaliste qui serait ensuite présenté à la commission québécoise à l'automne 2019. - Que le ministre accorde un réinvestissement en promotion et en prévention basées sur les déterminants sociaux, c'est-à-dire les conditions de vie des personnes, et en mettant à contribution les milieux communautaires, parties prenantes incontournables dans le développement du bien-être dans les communautés.
- Que le ministre mette sur pied un programme de mentorat visant à soutenir cliniquement les travailleurs sociaux en début de pratique dans le développement des connaissances et des compétences requises compte tenu des risques possibles de préjudice sur le futur des enfants et de leurs familles.
- Que le ministre et son gouvernement marquent le pas dans le nécessaire changement de culture afin de repositionner les services sociaux à titre égal aux services de santé curatifs.
- Que les Québécoises et les Québécois retrouvent l'art d'être bienveillants envers les gens de leur famille, de leur voisinage, de leur environnement de travail. Il faut que chacune et chacun joue son rôle dans le filet social qui protège les personnes vulnérables, qu'elles soient jeunes ou vieillissantes.
« Ce sont là quelques mesures concrètes qui peuvent être mises en force dans un délai raisonnable et acceptable. Nous n'avons plus de temps à perdre… la situation est alarmante. Il faut rapidement travailler à améliorer ce qui peut l'être, ce qui doit l'être.
« Nous devons tous, comme société, prendre la mesure de ce qui est susceptible d'arriver dans un système imparfait. La protection de l'enfance est une responsabilité collective. Le Québec, fou de ses enfants? Il est temps de le prouver » a-t-elle conclu.
L'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) regroupe près de 14 000 membres, majoritairement des travailleurs sociaux. Il a pour mandat d'assurer la protection du public. Pour ce faire, il veille à la compétence et l'intégrité de ses membres, favorise et soutient leur développement professionnel, surveille et encadre l'exercice professionnel, gère le processus disciplinaire et contrôle l'exercice illégal ainsi que l'usurpation des titres professionnels.
SOURCE Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec
Ordre des travailleurs sociaux et des Thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Téléphone : 514 731-3925, poste 244
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