Une cameraman expulsée de la gare de l'AMT à Mont-Saint-Hilaire
MONTRÉAL, le 13 mai 2015 /CNW Telbec/ - Une cameraman de TVCOGECO a été expulsée mardi matin de la gare de l'Agence métropolitaine de Transport (AMT) à Mont-Saint-Hilaire parce qu'elle tournait des images pour un reportage.
La journaliste se trouvait dans le stationnement et sur le quai d'embarquement de la gare où des centaines de citoyens circulent librement chaque jour. Un agent de sécurité l'a avertie qu'elle n'avait pas l'autorisation nécessaire et l'a reconduite hors des lieux.
En novembre 2013, un journaliste de Radio-Canada s'était fait expulser de la même façon du stationnement incitatif Brossard-Panama, appartenant lui aussi à l'AMT. Il voulait réaliser des entrevues avec les usagers.
L'organisme public exige en effet que les journalistes demandent une autorisation pour accéder à ses gares et autres sites publics. Cette demande d'autorisation occasionne non seulement des délais, mais elle impose une condition injustifiée à l'exercice du journalisme. Elle peut aussi être refusée. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé en novembre 2013.
L'AMT justifie son action par sa «Politique d'accès aux sites» qui vise ses employés, fournisseurs, sous-traitants, etc. mais aussi les «représentants des médias». Elle concerne autant les zones à accès restreint que les aires très publiques comme les stationnements.
Cette Politique ne tient pas compte de ce droit fondamental qu'est la liberté de presse. Une autorisation peut être nécessaire pour pénétrer dans des lieux à accès restreint, mais il est clairement excessif d'exiger des médias une autorisation pour pénétrer dans les endroits publics des gares et dans les stationnements.
Selon la Cour suprême du Canada, «Les terminus d'autobus, les gares et les aérogares qui attirent de grandes quantités de voyageurs sont des carrefours des temps modernes ou des voies contemporaines, et devraient donc être accessibles à ceux qui désirent communiquer avec la foule qui y circule» (arrêt Comité pour la République du Canada c. Canada, 1991).
Dans ce jugement, la Cour invalidait la politique d'une aérogare fédérale qui interdisait la distribution de tracts dans ses espaces publics à moins d'avoir obtenu une autorisation du ministre. La politique de l'aérogare brimait la liberté d'expression, avait tranché le plus haut tribunal du pays. Le même raisonnement vaut pour la liberté de presse, qui découle de la liberté d'expression.
Pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), les éléments de la Politique d'accès aux sites de l'AMT qui s'appliquent aux journalistes oeuvrant dans les aires publiques portent atteinte à la liberté de presse.
L'argument de la «sécurité» invoqué par l'AMT ne tient pas la route. Des milliers d'usagers fréquentent chaque jour les zones publiques des gares, sans avoir à demander une autorisation, sans avoir besoin des «recommandations de sécurité» que le service des communications veut prodiguer aux journalistes, et sans encourir de danger.
La FPJQ demande à l'AMT de revoir ses procédures afin de permettre aux journalistes de faire leur travail et de circuler librement dans les espaces publics de ses sites.
SOURCE FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC
Lise Millette, présidente de la FPJQ, 514-522-6142
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