Une percée scientifique des chercheurs à l'IRCM pourrait être la première
étape d'un meilleur traitement pour les patients atteints de leucémie
MONTRÉAL, le 16 sept. /CNW Telbec/ - La découverte de l'équipe du Dr Tarik Möröy, président et directeur scientifique et directeur de l'unité de recherche en hématopoïèse et cancer à l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), a été récemment publiée dans Blood, la revue médicale de la American Society of Hematology. Les chercheurs ont identifié une protéine qui peut moduler certaines caractéristiques des cellules souches sanguines et qui pourrait mener à un meilleur traitement pour les patients atteints de leucémie. Le Dr Cyrus Khandanpour, médecin et stagiaire postdoctoral au laboratoire du Dr Möröy, est le premier auteur de l'article.
La greffe de cellules souches sanguines est une thérapie utilisée mondialement pour les patients atteints de leucémie et d'autres maladies du sang. « Les cellules souches sanguines données aux patients peuvent entièrement renouveler le système de production de sang ainsi que toutes ses globules sanguins, y compris les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes » a expliqué le Dr Möröy.
Les patients atteints de leucémie ou d'autres maladies du sang sont initialement traités par la chimiothérapie, ce qui détruit leur système de formation de sang en plus de la maladie. Les cellules souches sanguines peuvent ensuite être utilisées de deux façons. La première est de les prélever du patient avant la chimiothérapie, et de lui redonner ses propres cellules souches après le traitement pour qu'elles puissent redévelopper de nouveaux globules sanguins. « L'un des problèmes avec cette thérapie est que les cellules souches sanguines résident entre l'os et les cellules environnantes et sont dans un état inactif. Afin d'obtenir un nombre suffisant de cellules souches, celles-ci doivent être mobilisées à partir de leur emplacement dans la moelle osseuse pour qu'elles puissent ensuite pénétrer dans le sang où elles peuvent être facilement recueillies » a expliqué le Dr Khandanpour.
La deuxième possibilité est de prélever des cellules souches sanguines d'un donneur en santé et de les donner au patient à la suite du traitement de chimiothérapie. Ces cellules étrangères reconstruiront ainsi le système sanguin du patient et régénèreront ses globules sanguins. « Cependant, cette thérapie échoue dans environ 10 % à 20 % des cas. Ces patients meurent parce que les cellules souches greffées ne génèrent pas de nouveaux globules sanguins assez rapidement, ce qui mène à l'infection et à la mort » a ajouté le Dr Khandanpour.
« Nous avons identifié une protéine (nommée Gfi1b) qui semble réguler le niveau d'activité des cellules souches et l'endroit où elles résident dans l'os. Dans notre modèle de souris, nous avons réussi à désactiver le gène codant pour la Gfi1b. Suite à cette désactivation, les cellules souches se sont activées, ont commencé à se développer considérablement, ont quitté leur emplacement dans la moelle osseuse et ont pénétré le sang sans perdre leurs fonctions. La capacité de manipuler les cellules souches sanguines de cette façon augmenterait considérablement l'efficacité de la thérapie par cellules souches » a dit le Dr Khandanpour.
Selon les chercheurs, l'inactivation de la Gfi1b dans la cellule souche greffée pourrait accélérer la production de nouvelles cellules sanguines et ainsi rendre la thérapie par cellules souches plus efficace et moins dangereuse pour le patient. Cependant, il manque une certaine compréhension des mécanismes qui régulent l'inactivité et la mobilisation des cellules souches.
« Nous comptons maintenant investiguer les mécanismes moléculaires précis qui sont atteints par la suppression de la Gfi1b et étudier plus précisément comment la Gfi1b régule l'emplacement et l'activation des cellules souches sanguines. Notre projet contribuerait à une meilleure compréhension de la biologie de la mobilisation et de l'inactivité des cellules souches, ce qui pourrait mener au développement de meilleurs traitements pour les donneurs et les receveurs de greffes » a ajouté le Dr Möröy.
D'après la Leukemia & Lymphoma Society of Canada, une personne est diagnostiquée avec un cancer du sang à chaque 4 minutes et quelqu'un meurt d'un cancer du sang à chaque 10 minutes. Cette statistique représente plus de 54 000 personnes par année. La leucémie cause plus de morts que tout autre cancer chez les enfants et les adultes de moins de 20 ans.
Le projet de recherche a été subventionné par les Instituts de recherches en santé du Canada (IRSC), le programme de Chaires de recherche du Canada et la Fondation Cole.
Pour plus de détails, veuillez consulter le sommaire de l'article publié par Blood (en anglais seulement) : http://bloodjournal.hematologylibrary.org/cgi/content/abstract/blood-2010-04-280305v1.
À propos des chercheurs
Tarik Möröy est docteur en biochimie de l'Université de Ludwig-Maximilians, à Munich en Allemagne. Il est président et directeur scientifique de l'IRCM, professeur titulaire de recherche IRCM et directeur de l'unité de recherche en hématopoïèse et cancer. Le Dr Möröy est également chercheur titulaire au département de microbiologie et immunologie et est membre accrédité au programme de biochimie de l'Université de Montréal. Par ailleurs, il est membre associé du département de biochimie et membre de la Division de médecine expérimentale de l'Université McGill. Le Dr Möröy est titulaire de la Chaire de recherche du Canada (niveau 1) en hématopoïèse et différenciation des cellules immunitaires.
Le Dr Cyrus Khandanpour est médecin et stagiaire postdoctoral dans l'unité de recherche du Dr Möröy. Il est également boursier de la Fondation Cole.
À propos de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)
Créé en 1967, l'IRCM (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd'hui 37 unités de recherche spécialisées dans des domaines aussi variés que l'immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique et la bioéthique. Il compte aussi trois cliniques spécialisées et deux plateformes de recherche dotées d'équipements à la fine pointe de la technologie. Plus de 450 personnes y travaillent. L'IRCM est une institution autonome affiliée à l'Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). L'Institut entretient également une association de longue date avec l'Université McGill.
Renseignements:
Pour plus d'information ou pour une entrevue avec les Drs Möröy et Khandanpour, veuillez communiquer avec :
Lucette Thériault Directrice des communications Institut de recherches cliniques de Montréal [email protected] 514-987-5535 |
Julie Langelier Chargée de communication Institut de recherches cliniques de Montréal [email protected] 514-987-5555 |
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