Utiliser l'immunothérapie anti-cancer pour lutter contre le VIH English
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Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM)18 févr, 2019, 12:58 ET
Des chercheurs du CRCHUM explorent une potentielle voie thérapeutique
MONTRÉAL, le 18 févr. 2019 /CNW Telbec/ - Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) démontrent que les traitements d'immunothérapie contre le cancer pourraient diminuer la quantité de virus qui persiste chez les personnes sous trithérapie. Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, ils montrent sur des cellules de personnes vivant avec le VIH comment ces thérapies rendent visible au système immunitaire le virus, jusqu'alors caché au creux des cellules infectées.
« Nous montrons pour la première fois par quel mécanisme les immunothérapies anticancéreuses peuvent "réveiller" le virus de ses cachettes et réduire la taille des réservoirs du VIH chez les personnes sous trithérapie. Bien que la majorité de nos expériences aient été réalisées in vitro, notre approche pourrait conduire au développement de nouvelles thérapies », dit Nicolas Chomont, chercheur au CRCHUM et professeur à l'Université de Montréal.
Les réservoirs du VIH sont des cellules et des tissus dans lesquels le virus persiste, malgré les traitements de trithérapie. Ces traitements empêchent l'évolution de l'infection vers le syndrome d'immunodéficience acquise (sida). Pour vivre et se répliquer, le VIH a besoin d'être hébergé dans une cellule. En règle générale, il emménage dans les lymphocytes T CD4+, des globules blancs responsables d'activer la défense du corps humain contre les infections.
Dans une partie de ces cellules, le virus s'endort et établit un réservoir qui est contrôlé, mais pas éliminé par les trithérapies. Faisant l'objet d'intenses recherches, ces cellules réservoirs sont les derniers obstacles à l'éradication du virus et obligent les personnes vivant avec le VIH à prendre les trithérapies toute leur vie.
En 2016, Rémi Fromentin, associé de recherche au sein du laboratoire de Nicolas Chomont, a démontré que les cellules abritant les virus persistants ont des caractéristiques immunologiques particulières : trois protéines nommées PD-1, LAG-3 et TIGIT s'exprimant fréquemment à leur surface. Aujourd'hui, ces molécules sont ciblées par les immunothérapies utilisées en cancer. Les chercheurs ont donc évalué l'effet de ces thérapies sur les réservoirs du VIH.
Pas demain pour l'humain
« Nos résultats prouvent que les immunothérapies ciblant des molécules comme PD-1 permettraient de réduire la quantité de virus qui persiste chez les personnes sous trithérapie. L'une des prochaines étapes serait de combiner l'immunothérapie à des molécules jusqu'alors inefficaces sur les réservoirs VIH. Cette combinaison entre une immunothérapie et des molécules chimiques pourrait "réveiller" le virus et ainsi favoriser l'élimination des cellules infectées par le VIH », ajoute M. Chomont.
Dans cet article, Rémi Fromentin et Nicolas Chomont présentent aussi les données d'un patient de Montréal infecté par le VIH et traité par immunothérapie pour un mélanome.
« La taille de ses réservoirs VIH a diminué de façon significative, ce qui est encourageant. Toutefois, nous devons rester prudents, car ceci ne fonctionne pas chez tous les patients. Ces traitements présentent aussi d'importants effets secondaires », indique Rémi Fromentin. Les résultats d'essais cliniques menés actuellement aux États-Unis sur des patients atteints d'un cancer et du VIH devraient permettre d'orienter les futures recherches.
Près de 37 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. Chaque jour, 5 000 cas sont signalés aux autorités sanitaires mondiales.
Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, les National Institutes of Health, la Delaney AIDS Research Enterprise (DARE) to Find a Cure, la Foundation for AIDS Research (amfAR) et le Réseau SIDA maladies infectieuses (FRQ-S).
À lire : "PD-1 blockade potentiates HIV latency reversal ex vivo in CD4+ T cells from ART-suppressed individuals" par Rémi Fromentin et al. dans Nature Communications DOI: 10.1038/s41467-019-08798-7
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