Verdict dans l'Affaire Ghomeshi : la non-culpabilité ne signifie pas l'absence d'agression
MONTRÉAL, le 25 mars 2016 /CNW Telbec/ - Au lendemain du verdict de non-culpabilité rendu dans l'affaire Ghomeshi, la FFQ tient à réaffirmer que bien que la cour n'ait pas reconnu Jian Ghomeshi coupable, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas eu d'agressions sexuelles.« Nous tenons à souligner le courage des trois femmes qui ont porté plainte, nous tenons à leur réaffirmer, à elles, ainsi qu'à toutes les victimes d'agressions sexuelles, que nous les croyons. Nous sommes en solidarité avec toutes les victimes, qu'elles choisissent ou non de dénoncer les agressions qu'elles ont vécues », affirme Mélanie Sarazin, présidente de la FFQ.
La FFQ déplore le jugement et le déroulement du procès qui risquent de décourager les victimes de dénoncer les agressions sexuelles et de mettre à mal la confiance des victimes envers le système judiciaire. La couronne aurait-elle pu mieux soutenir les femmes qui ont témoigné, mieux les préparer? Aurait-elle pu faire appel à des expert.es pour expliquer les types de comportement qui peuvent survenir après une agression? Les policiers devraient-ils recevoir des formations pour mieux recueillir et traiter les plaintes pour agression sexuelle? Peut-on envisager l'accompagnement des plaignantes dans des cas d'agression par un.e avocat.e du début à la fin de la procédure, entre autres en donnant accès à l'aide juridique? «Pour la FFQ, il est essentiel de se poser ces questions, puisqu'au lendemain du verdict, nous ne pouvons que constater qu'une fois encore ce sont les victimes qui portent le poids et la responsabilité des agressions qu'elles ont vécues. La honte doit changer de camp.», ajoute Mme Sarazin.
1 femme sur 3 : victime d'au moins une agression sexuelle dans sa vie
La campagne #AgressionNonDénoncée a permis de démontrer à un large public l'importance du phénomène de la violence sexuelle dans la vie des femmes. Ce mouvement a permis d'ouvrir en partie une discussion publique sur les causes de la violence sexuelle, sur une certaine faillite du système judiciaire dans le traitement des dénonciations et sur les conséquences à court et long terme de cette violence. Pourtant, il n'est que la pointe de l'iceberg. En effet, nous n'avons que trop peu attendu les voix des femmes de couleurs, des femmes vivant dans la pauvreté, des femmes dans l'industrie du sexe ou encore des femmes ayant un statut de citoyenneté précaire dans cette discussion publique sur la violence sexuelle. Les systèmes judiciaire et policier doivent comprendre la diversité et la complexité des contextes dans lesquels surviennent les agressions et ajuster leur action en conséquence.
Repenser le système judiciaire et policier
Au sortir de ce procès, nous nous questionnons d'autant plus sur la capacité des systèmes judiciaire et policier à accueillir et à traiter adéquatement les dénonciations de toutes, peu importe leur statut. Ce système reproduit les inégalités que nous observons dans la société entre les femmes et les hommes et entre les femmes elles-mêmes. Selon l'Enquête sociale générale sur la victimisation menée par Statistique Canada en 2014, à peine 1 814 accusations d'agression sexuelle ont mené à une condamnation sur les 633 000 déclarées par les Canadiens de 15 ans et plus, soit 3 cas sur 1000.
«Pour nous, ces chiffres démontrent clairement, qu'il faut repenser le système judiciaire.Le gouvernement a une responsabilité envers les victimes. Nous nous attendons à des actions concrètes pour sortir de la culture du viol et responsabiliser les agresseurs», conclut Mme Sarazin. La culture du viol et le «slut-shaming» discréditent et blâment les victimes. Il est temps de faire confiance aux femmes et à leur capacité à consentir ou non, peu importe leur comportement avant ou après les violences.
SOURCE Fédération des femmes du Québec
Fédération des femmes du Québec, Cybel Richer-Boivin, 514-717-4847
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