Violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires MeTooScolaire -- Il faut agir maintenant
MONTRÉAL, le 18 nov. 2021 /CNW Telbec/ - La voix des jeunes compte, récipiendaire d'une Médaille de la paix YMCA 2021, tenait aujourd'hui une conférence de presse. Composé de femmes âgées de 15 à 21 ans, le collectif a pris la parole pour partager des témoignages et faire la lecture d'une lettre ouverte directement adressée au ministre de l'Éducation Jean-François Roberge. Cette lettre ouverte est cosignée par Tarana Burke, instigatrice du mouvement international MeToo. La présidente-directrice générale du Y des femmes de Montréal, Mme Nadine Raymond, et la vice-présidente des initiatives communautaires à la Fondation canadienne des femmes, Mme Anuradha Dugal, étaient présentes pour appuyer la démarche du collectif.
La conférence de presse visait à sensibiliser les décideurs du milieu de l'éducation et le grand public au phénomène des violences sexuelles dans les écoles. L'objectif était également d'inviter l'ensemble des partis politiques au pouvoir à se mobiliser dès maintenant pour faire adopter le projet de loi n° 394[1] déposé par Christine Labrie. « La protection des jeunes, c'est le devoir de tous. L'idée de ce projet de loi chemine depuis quelques années déjà. L'actuel ministre de l'Éducation, alors qu'il était dans l'opposition, appuyait cette démarche. Rappelons que 66 % des victimes d'agressions sexuelles ont moins de 18 ans (Sécurité publique, 2013) -- nous ne voulons pas qu'elles soient abandonnées et que toutes les avancées soient effacées », soutient Clorianne Augustin, intervenante jeunesse accompagnant le collectif depuis plus de 4 ans.
Seulement un tiers des jeunes révèleraient les agressions sexuelles dont ils ont été victimes alors qu'ils sont encore mineurs (INSPQ, s.d.), car beaucoup des violences sexuelles vécues par les jeunes sont banalisées et minimisées comme étant de « l'exploration sexuelle », de « l'intimidation », voire comme de simples « erreurs de jeunesse », notamment en raison de la culture du silence ainsi que des tabous entourant les agressions sexuelles et la « sexualité » des jeunes. De plus, selon les études (INSPQ, s.d.), entre 50 % et 80 % des agresseurs sexuels adultes ont affirmé avoir commis leur premier acte criminel à l'adolescence.
« Au moment où nous écrivons ces lignes, plusieurs agresseurs circulent partout autour de nous, en toute impunité. Ils récidivent constamment, font plusieurs victimes et tout le monde en est témoin. Il faut faire plus que de simplement les changer d'école, ou, pire, nier ce qui est arrivé », déclare le collectif La voix des jeunes compte.
En conséquence, « plusieurs jeunes ayant vécu des violences sexuelles tarderont à dévoiler les gestes qu'ils ont subis, ou ne les dévoileront jamais, ce qui les prive de la protection et des services nécessaires à leur situation » selon Mélanie Lemay, mentore pour le collectif et cofondatrice de Québec contre les violences sexuelles.
L'absence de protocoles adaptés, de ressources tant pour recevoir les plaintes que pour accompagner les victimes ou encore pour documenter les agressions relègue la réalité des violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires au statut de préoccupation marginale. Le collectif La voix des jeunes compte maintient que la réforme de la loi sur l'instruction publique (Protecteur de l'élève) du ministre Roberge, annoncée pour cet automne, ne suffira pas à changer la donne puisque ce ne sont pas tous les jeunes qui ont accès à des adultes de confiance prêts à défendre leurs intérêts; qu'elle n'est pas adaptée à la réalité des jeunes coincés à l'intersection de différentes formes de discriminations; et qu'elle demeure dans une logique punitive plutôt que préventive voire même réparatrice. L'objectif étant d'épauler adéquatement l'ensemble de l'équipe-école et de rendre accessible l'accompagnement de professionnels formés et outillés (tel que des T.E.S., sexologues, psychologues, psychoéducatrices, orthopédagogues) pour qu'elle soit en mesure de mieux accompagner les victimes comme les témoins de violences sexuelles tout au long du processus ainsi que de remplir les vides de services d'une région à l'autre.
Les jeunes et les intervenantes qui se sont réunies aujourd'hui demandent :
- Une mobilisation urgente afin que les partis politiques fassent front commun en reconnaissant l'importance d'une telle loi pour protéger tous les jeunes du Québec.
- Que le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge adopte le projet de loi n° 394 dès maintenant pour prévenir et combattre les violences sexuelles dans les établissements d'enseignement offrant des services de l'éducation préscolaire, d'enseignement au primaire ou d'enseignement en formation générale ou professionnelle au secondaire, incluant les services éducatifs pour les adultes.
« Adopter une telle loi ferait du Québec un précurseur, un leader en la matière, tant au niveau national qu'international. »
-- Anuradha Dugal, vice-présidente des initiatives communautaires à la Fondation canadienne des femmes
[1] Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement offrant des services de l'éducation préscolaire, d'enseignement au primaire ou d'enseignement en formation générale ou professionnelle au secondaire, incluant les services éducatifs pour les adultes. |
SOURCE Daniel Meyer
Personne-ressource: Mélanie Lemay, [email protected], 819 238-3868
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