Virage vers les services à domicile
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Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)25 avr, 2013, 11:00 ET
Compressions, optimisation, privatisation : l'APTS fait état d'une situation très difficile
MONTRÉAL, le 25 avril 2013 /CNW Telbec/ - À quelques jours du dépôt d'un livre blanc sur le soutien à l'autonomie des personnes âgées par le gouvernement, l'APTS a salué en conférence de presse la volonté du ministre Hébert de favoriser davantage les services à domicile. Pour l'APTS, « le ministre de la Santé répond ainsi à la volonté de la grande majorité de personnes âgées et de proches aidants qui préfèrent de loin demeurer chez elles », affirme la présidente de l'APTS, Carolle Dubé. De nombreuses inquiétudes demeurent toutefois.
La situation sur le terrain est loin d'être rose. Le manque de personnel est frappant : par exemple, cette année dans le réseau, 400 postes d'intervenants sociaux ne sont pas comblés. Valérie Lepage, travailleuse sociale en service à domicile auprès des personnes âgées en perte d'autonomie dans la région de Lanaudière, lance un cri du cœur. « Je travaille auprès de personnes âgées atteintes de démence. Les ressources manquent à tous les niveaux. Il y a par exemple un manque criant d'auxiliaires familiales pour donner des bains, du répit, de la médication. Pour voir une travailleuse sociale, une physiothérapeute ou une ergothérapeute, les personnes âgées, dont la situation est jugée moins urgente, peuvent attendre jusqu'à un an. Durant l'attente, leur état s'aggrave. Ce qui fait qu'un cas qui paraît moins pressant se transforme la plupart du temps en cas urgent. On ne fait qu'éteindre des feux et gérer des urgences, finalement. On n'a pas une minute pour faire du préventif. On est que dans le curatif. Si la personne avait été traitée plus tôt, on aurait pu prolonger son maintien à domicile. »
À l'heure des compressions et des projets d'optimisation, le climat de travail en services à domicile est très difficile. « Nos gens sont essoufflés, croulent sous la paperasse et les redditions de comptes à n'en plus finir, déclare Johanne Mc Gurrin, 1re vice-présidente à l'APTS. Les projets d'optimisation à la Proaction ont fait un tort considérable à nos professionnels et à la qualité des services rendus. Le minutage des services nuit à la qualité des services aux personnes âgées. Les compressions effectuées partout font mal également. Seulement pour Montréal, les compressions sont de l'ordre de 100 millions de dollars. Dire que les services ne seront pas touchés relève de la pensée magique. »
Un virage qui sera difficile
Le dépôt prochain d'un livre blanc sur les services à domicile suscite à la fois beaucoup d'espoirs et beaucoup d'inquiétudes. Le contexte actuel sur le terrain ne favorise pas l'implantation d'une réforme aussi ambitieuse. « Tout virage de cette importance est voué à l'échec si les ressources ne suivent pas, renforce Carolle Dubé. Le virage ambulatoire entrepris dans les années 1990 est à cet égard instructif. Les ressources promises ne se sont jamais concrétisées. »
Pour répondre à la demande de services à domicile qui va sans aucun doute augmenter, il faudra embaucher des professionnels et cesser cette course folle à la performance à tout prix. Selon les chiffres du ministre Hébert, il faudrait ajouter 500 millions de dollars pour couvrir 40 % des besoins seulement. « À l'heure actuelle, nous sommes bien loin du compte, ajoute Carolle Dubé. Si la caisse-autonomie prévue permet d'assurer un financement stable et d'augmenter les budgets, ça nous apparaît comme une bonne idée. Autrement, ça relèvera du vœu pieux. »
La place du privé dans cette réforme suscite également beaucoup d'interrogations. « Le privé prend déjà beaucoup trop de place dans le réseau. Il ne faudrait pas que le virage vers les services à domicile soit une occasion d'affaires. C'est vrai tout particulièrement pour les services professionnels, notamment en physiothérapie, en ergothérapie et en travail social. Ces services doivent demeurer publics. De cette façon, on s'assure de l'équité entre les régions et de la qualité des services, à moindre coût. » L'APTS souhaite donc que la politique qui suivra le dépôt du livre blanc assure un financement adéquat, que la place du privé soit sérieusement limitée et qu'on cesse de pressuriser le personnel en place. «Sans ces conditions essentielles, nous raterons le virage vers les soins à domicile, tant attendu par les Québécois », conclut Carolle Dubé.
À propos de l'APTS
L'APTS est une organisation syndicale qui regroupe 30 000 personnes occupant des postes professionnels et techniques dans le réseau de la santé et des services sociaux, dont des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des orthophonistes, des travailleurs sociaux, des psychologues, des diététistes-nutritionnistes, des audiologistes, des psychoéducateurs, des thérapeutes en réadaptation physique, des technologistes médicales, des techniciennes en loisir, des archivistes médicales, des technologues en radiologie, des techniciennes en diététique, des techniciennes en travail social, des intervenants en soins spirituels et des hygiénistes dentaires.
SOURCE : Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Francis Boucher, conseiller en communication
Téléphone : 514.609.2906 (cell.)
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