Voici une autre raison d'améliorer le RPC : votre santé - Dr Louis Hugo Francescutti Président, Association médicale canadienne English
OTTAWA, le 20 déc. 2013 /CNW/ - Pourquoi donc un groupe de médecins voudrait-il se joindre aux actuaires, comptables, politiciens et tous les autres intervenants qui sont maintenant au cœur du débat sur l'avenir du Régime de pensions du Canada ?
La raison est très simple. La pauvreté rend malade.
Les médecins savent depuis longtemps que des déterminants sociaux comme le logement, la nutrition ou le revenu ont un effet sur l'évolution de l'état de santé de leurs patients. Il vaut la peine de répéter que sur 5 $ que nous consacrons aux soins de santé, il est possible d'en attribuer un aux déterminants sociaux ou aux conditions de vie qui ont une incidence sur le mieux-être des gens.
Voilà pourquoi une source suffisante et stable de revenu pour les Canadiens au cours de la retraite est si importante pour leur santé, aussi bien que pour la santé de notre système de santé. Votre santé financière a une incidence sur votre état de santé global et les deux devraient faire partie d'une stratégie nationale sur le soin des personnes âgées, comme le préconisent l'AMC et d'autres intervenants.
Comme la plupart des autres pays industrialisés, le Canada a une population vieillissante et les personnes âgées, selon les estimations, composeront 23 % de la population d'ici 2030, ce qui est environ deux fois plus qu'en 1990.
Nous exhortons les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux des Finances à voir beaucoup plus loin que les coûts immédiats d'une amélioration du RPC et à se demander plutôt comment utiliser ce bien public pour contrer la montée de la pauvreté chez les personnes âgées.
À première vue, il n'y a peut-être pas de raison convaincante pour que les responsables des politiques utilisent actuellement le RPC comme un moyen de lutte contre la pauvreté chez les personnes âgées. Après tout, le Canada affiche un taux de pauvreté assez respectable chez les personnes âgées : il s'établit à 6,7 %, ce qui le place au troisième rang parmi ses pairs de l'OCDE.
Jouons toutefois le rôle de l'actuaire pendant un instant pour regarder ce qu'il y a derrière ces chiffres.
Comme le signale le Conference Board du Canada, après 20 ans de réduction, le taux de pauvreté des personnes âgées au Canada a augmenté entre le milieu des années 1990 et la fin des années 2000 pour passer de 2,9 % à 6,7 %. Cette tendance est inquiétante, affirme le Conference Board.
En pourcentage du revenu disponible chez les personnes âgées du Canada, les pensions ont plus que doublé entre 1980 et 1996 grâce à la croissance cumulative des régimes publics et privés de revenus de retraite au cours des années d'après-guerre.
Maintenant que le régime de retraite à prestations déterminées est une espèce en voie de disparition, particulièrement dans le secteur privé, et comme 60 % des Canadiens n'ont pas de régime de pension privé, nous ne reverrons probablement pas ce genre de richesse chez les personnes âgées d'ici longtemps. Les ministres des Finances des deux ordres de gouvernement devraient réfléchir à ce qui se prépare.
Nous savons que les Canadiens y pensent, beaucoup. Les Canadiens ont raison d'être préoccupés par leurs soins de santé à mesure que la population du pays vieillit. Dans un sondage réalisé pour le compte de l'AMC l'été dernier, 83 % des répondants ont affirmé que leurs soins de santé au cours de la retraite les préoccupaient. Tout comme nous avons appris en tant que société à réfléchir aux conséquences environnementales de l'expansion de l'économie, toute décision stratégique importante devrait tenir compte aussi de la santé. Les responsables des politiques devraient commencer à regarder le système de santé de façon à voir plus loin que le traitement des maladies pour réfléchir à la prévention. La prévention peut produire un dividende sur le plan budgétaire. L'amélioration des facteurs socio-économiques aussi.
Le RPC a déjà été un régime de pension minimaliste dont le taux de cotisation atteignait à peine 1,8 % - peu coûteux mais insuffisant et fragile sur le plan actuariel. Après sa restructuration en 1996, il est devenu un des meilleurs régimes publics au Canada. Le taux de cotisation a été fixé à 6 % au cours d'une série d'augmentations graduelles et a atteint les 9,9 % actuels en 2003. Il n'y a pas eu de soubresauts dans l'économie.
Le moment est venu de doter encore mieux le RPC pour protéger la population canadienne. Il n'y a rien qui empêche Ottawa et les provinces de trouver une transition étalée sur plusieurs années qui ne causera pas de perturbation. Tout ce qu'il faut, c'est la volonté de collaborer.
L'Association médicale canadienne (AMC) est le porte-parole national des médecins du Canada. Fondée en 1867, l'AMC est un organisme professionnel à participation volontaire qui représente plus de 80 000 médecins du Canada et comprend 12 associations médicales provinciales et territoriales ainsi que 60 organisations médicales nationales. L'AMC a pour mission de servir et d'unir les médecins du Canada et de défendre sur la scène nationale, en collaboration avec la population du Canada, les normes les plus élevées de santé et de soins de santé.
SOURCE : Association médicale canadienne

Lucie Boileau
Conseillère principale, Communication et Rayonnement public
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