Y-a-t-il des différences de revenus entre les mères et les femmes sans enfant au Canada et au Québec ?
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Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO)19 mars, 2018, 08:30 ET
MONTRÉAL, le 19 mars 2018 /CNW Telbec/ - Les disparités salariales entre hommes et femmes sont bien documentées. Les pénalités liées à la maternité ou à la paternité (c'est-à-dire les écarts de revenus entre les parents et les individus sans enfant) sont moins connues, mais n'en demeurent pas moins préoccupantes. Comme le Québec s'est doté d'une politique familiale parmi les plus généreuses au monde, il est intéressant de dresser un état des lieux de la situation.
Voici quelques faits saillants ressortant d'un rapport de recherche CIRANO publié aujourd'hui. En se basant sur deux sources de données de Statistique Canada (l'Enquête sociale générale (2001 - 2006 -2011) et l'Enquête longitudinale et internationale des adultes (2012)), les auteurs ont utilisé des modèles expliquant les revenus d'emploi grâce à un certain nombre de variables explicatives, dont la présence et le nombre d'enfants.
- La pénalité liée à la maternité est généralement moins élevée au Québec que dans le reste du Canada. Les mères du reste du Canada ont en moyenne gagné 6,3 % de moins que les femmes sans enfant, à expérience, heures de travail hebdomadaires et âge égaux (c'est seulement 2,5 % de moins au Québec).
- La pénalité liée à la maternité affecte-t-elle différemment certains groupes de femmes ? Pour le Québec, des différences de revenus sont ainsi notables lorsque l'on examine des sous-groupes particuliers. Par exemple :
- Les mères avec un niveau d'éducation moins élevé (pénalité de 8,8 %) et les mères monoparentales (pénalité de 10,9 %), deux groupes déjà plus à risque de se retrouver en situation de pauvreté et d'exclusion sociale, sont touchées par les pénalités liées à la maternité.
- Peu importe la province, les écarts de revenus se creusent avec le nombre d'enfants, les pénalités étant de plus en plus élevées. Ainsi, pour les mères québécoises qui ont trois enfants ou plus, les écarts de revenus sont de l'ordre de 10 à 23 %.
- Si l'on analyse les trajectoires de revenus d'emploi des mères après la naissance de leur premier enfant, en comparaison avec celles des femmes sans enfant, les mères québécoises semblent encore une fois favorisées par rapport aux mères du reste du Canada. En effet, celles-ci retrouvent des revenus semblables à ceux des femmes sans enfant après quatre ans, comparativement à après 12 ans dans le reste du Canada.
- La situation pour les hommes semble inversée : les pères ont en moyenne des revenus plus élevés que les hommes sans enfant. Toutefois, les pères, que ce soit au Québec ou dans le reste du Canada, ne voient pas leurs revenus augmenter à la suite de l'arrivée d'un premier enfant. Ces résultats laissent supposer que les pères et les hommes sans enfant diffèrent selon des caractéristiques observables et inobservables, et que celles-ci seraient à la base de la différence entre leurs revenus. Il n'y aurait donc pas de bonus lié à la paternité, mais plutôt une sélection différentielle entre les pères et les hommes sans enfant.
L'ensemble de ces résultats témoignent d'une corrélation entre la province de résidence et la magnitude de la pénalité liée à la maternité. Toutefois, la situation au Québec est, à bien des égards, meilleure que celle du reste du Canada. Il est possible, bien que non confirmé, que les politiques familiales du Québec (subventions aux services de garde et congés parentaux) aident les mères à garder un attachement au marché du travail et un niveau de revenus plus aligné avec celui des femmes sans enfant.
Comme il existe encore des écarts, ceux-ci étant surtout prononcés pour les mères moins éduquées et celles qui ne sont pas en couple, les auteurs concluent sur le fait qu'il est important de continuer à étudier la question pour le bien-être des mères et leur capacité à gagner leur vie, ainsi que pour permettre à leurs enfants d'atteindre leur plein potentiel.
Marie Mélanie Fontaine et Catherine Haeck présenteront les faits saillants de ce rapport CIRANO lors d'un séminaire qui se tiendra aujourd'hui au CIRANO de 12h30 à 14h00.
Pour en savoir plus
Consultez le rapport de recherche État des lieux sur les écarts de revenus entre les parents et les femmes et hommes sans enfant au Québec et dans le reste du Canada, rédigé par Marie Connolly et Catherine Haeck, Fellows CIRANO et Professeures à l'UQAM et Mélanie Fontaine.
À propos du CIRANO
Le Centre Interuniversitaire de Recherche en Analyse des Organisations (CIRANO) est un centre de recherche multidisciplinaire, de liaison et de transfert qui a pour mission l'accélération du transfert des savoirs entre le monde de la recherche et celui de la pratique (www.cirano.qc.ca).
SOURCE Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO)
et demandes d'entrevues : Ingrid Peignier, Directrice Relations Partenaires et Communication, CIRANO, Téléphone : 514-442-2468, Courriel : [email protected]
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