Lancement d'un dépliant en soutien aux professionnels victimes d'abus et de harcèlement disciplinaires
MONTRÉAL, le 23 janv. 2019 /CNW Telbec/ - Au cours des derniers mois de nombreux professionnels ont réagi à la parution du livre d'Albert Benhaim, « l'Exécution », dénonçant le phénomène des abus disciplinaires et du harcèlement institutionnel au sein des ordres professionnels. Depuis, les témoignages ont abondé sur les réseaux sociaux, révélant ainsi l'ampleur du problème.
La fonction disciplinaire est pertinente pour la protection du public, mais son envers négatif est méconnu. Les syndics disposent d'énormes pouvoirs et sont, à toute fin pratique, non imputables de leurs comportements et actions. Le problème est d'ordre systémique : personne ne surveille les surveillants. C'est l'absence de contre-pouvoir qui permet aux abus de se perpétrer en toute impunité. Les professionnels n'ont pratiquement aucun recours pour dénoncer les abus et la maltraitance. La situation est documentée, nous avons remis un rapport au ministère de la Justice il y cinq ans, mais personne ne semble vouloir agir.
À titre de psychologues, nous sommes aux premières loges pour constater la dévastation humaine que peut entraîner le harcèlement institutionnel et les injustices disciplinaires sur les personnes, avec des impacts majeurs tels que dépressions, épisodes d'anxiété sévère, parfois des états de stress post-traumatiques et même des suicides. Les réputations sont détruites et les vies sont brisées et même perdues dans ce bar ouvert d'intimidation.
Conscientisée à ce problème depuis plusieurs années, l'Association des psychologues a pris l'initiative de rédiger un dépliant informatif sur les dérives du processus disciplinaire et sur la réalité du harcèlement institutionnel. Le but est double : prévenir les professionnels de la réalité parfois injuste et brutale de ce processus et leur apporter un certain soutien afin d'éviter qu'ils ne se retrouvent seuls, piégés dans un sentiment de marginalité et entraînés dans une spirale d'effondrement qui conduit certains au suicide.
Les choses doivent changer au Québec pour corriger les lacunes du droit disciplinaire et rétablir la justice. La mission de protection du public doit-elle aller jusqu'à la perte de vies humaines? Dans un État de droit, cette absence de dispositif de surveillance n'est pas normale, considérant les énormes pouvoirs d'investigation dont disposent les syndics. Lorsque ce système se montre injuste et abusif, il ne contribue pas à la protection du public car plutôt que de favoriser l'amélioration des pratiques, il provoque un climat de terreur et des pratiques défensives qui servent mal la population.
Suite à une importante vague de suicides chez les professionnels sous enquête, les autorités médicales britanniques ont décidé qu'il était de leur devoir de s'assurer que les procédures disciplinaires soient conduites de façon à ne pas porter préjudice à la santé physique ou mentale des professionnels. Ils ont conclu que les procédures devraient être plus transparentes, gérées de façon compétente, limitées dans le temps et qu'il devrait y avoir des politiques pour les plaintes vexatoires.
Les solutions sont déjà sur la table. Nous nous attendons à ce que la nouvelle ministre de la Justice agisse rapidement et impose un code de déontologie aux syndics, à l'instar des policiers enquêteurs, et voie également à créer un comité de traitement des plaintes auquel les professionnels lésés pourront faire appel. Autant le Protecteur du citoyen que la précédente ministre de la Justice avaient déjà affirmé l'importance d'encadrer le travail des syndics. Nous souhaitons également que la ministre impose de toute urgence aux ordres professionnels de revoir leurs procédures disciplinaires, à l'exemple de l'Angleterre : des vies humaines sont en jeu.
SOURCE Association des psychologues du Québec
Charles Roy, président ou Gaëtan Roussy, vice-président, [email protected], 514 353-7555
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