À qui profite une Couronne affaiblie?

Les procureurs de la Couronne dénoncent le manque de ressources

MONTRÉAL, le 1er nov. /CNW Telbec/ - L'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales (APPCP) a dénoncé aujourd'hui « la justice à rabais » qui prévaut au Québec et les impacts sérieux sur la population qui ne reçoit pas les services auxquels elle a droit.

« Le Québec est la province qui consacre le moins à sa justice criminelle. C'est ici que les délais sont les plus longs. Il y a plus de gens qui sont acquittés au Québec que dans le reste du Canada. Le problème fondamental, c'est qu'il n'y a pas assez de procureurs pour faire le travail. Alors on se pose la question: à qui profite une Couronne affaiblie? », a déclaré Me Christian Leblanc, président de l'APPCP.

LES VICTIMES ET LES TÉMOINS
Trop souvent, les procureurs n'ont pas le temps de rencontrer les victimes et les témoins, sauf quelques minutes avant le procès. « Des drames humains qui se jouent tous les jours dans les palais de justice du Québec et qui font que des citoyens perdent confiance dans notre système de justice », a indiqué Me Leblanc.

Dans un sondage, 8 procureurs sur 10 considèrent ne pas avoir le temps de faire un travail professionnel à l'intérieur de leur horaire normal. Trois procureurs sur quatre estiment ne pas avoir assez de temps pour se préparer adéquatement à la Cour. Le taux d'absentéisme en raison de maladie professionnelle est l'un des plus élevés dans la fonction publique.

« SURCHARGÉS ET SOUS-PAYÉS »
Voilà comment le juge à la retraite John Gomery décrivait récemment la situation des procureurs de la Couronne du Québec.  En effet, depuis 25 ans, le salaire des procureurs est passé de 80% du salaire d'un juge de la Cour du Québec, à 42% aujourd'hui. En Ontario, les procureurs sont presque deux fois plus nombreux en regard de la population et gagnent des salaires deux fois plus élevés. Pas étonnant que la Couronne perd des procureurs, a de la difficulté à recruter et s'affaiblit d'année en année.

Selon l'APPCP, il faudrait embaucher immédiatement 200 procureurs pour arriver à la moyenne nationale quant au nombre de procureurs per capita.

La charge de travail est telle qu'elle est devenue un problème déontologique pour les avocats de la Couronne qui ne suffisent plus à la tâche, situation qu'a reconnu le Barreau du Québec.

Renseignements:

Marie-José Bégin
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