Déclaration du dimanche de l'administratrice en chef de la santé publique (ACSP) - 7 février 2021 - Rendons hommage aux femmes et aux filles dans le domaine des STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) English
OTTAWA, ON, le 7 févr. 2021 /CNW/ - Ce jeudi 11 février marque la Journée internationale des femmes et des filles de science. En reconnaissance de cette journée importante, je souhaite souligner la présence et les efforts importants des femmes dans le domaine des STIM de partout au pays qui contribuent à la réponse du Canada à la COVID-19.
Chaque jour, en côtoyant mes collègues aux niveaux fédéral, provincial, territorial et local, je suis témoin de la profondeur du talent et de l'expertise scientifiques que nous avons au Canada. Et si la science médicale a été au centre de la réponse à la COVID-19, les femmes scientifiques de toutes les disciplines des STIM - y compris les sciences sociales et de la santé - ont joué un rôle important dans le cadre de leur travail et de leurs recherches ainsi qu'en réorientant leurs compétences et leurs ressources pour aider le Canada à répondre à la COVID-19.
Le Canada donne l'exemple dans le monde entier en ce qui concerne la représentation des femmes dans les sciences et le leadership en matière de santé pendant la pandémie. Dans le domaine de l'ingénierie, les femmes conçoivent et fabriquent des équipements de protection individuelle pour les travailleurs de première ligne, assurent des services municipaux essentiels, soutiennent le réseau de télécommunications qui nous permet de rester virtuellement connectés et adaptent les programmes universitaires pour rester sur la bonne voie. Les femmes apportent également leur contribution dans le domaine de la technologie - des expertes en santé numérique qui développent des technologies pour suivre la propagation des virus aux fondatrices d'entreprises technologiques qui mettent rapidement au point des technologies innovantes pouvant tous nous aider pendant l'épidémie de COVID-19 et après. Il y a également des femmes mathématiciennes et épidémiologistes qui travaillent sur la modélisation de maladies complexes, et des femmes scientifiques, notamment des expertes en génomique, des biologistes cellulaires et moléculaires, des immunologistes, des spécialistes des maladies infectieuses et des biochimistes, qui mènent toutes des recherches précieuses liées à la COVID-19 dans leurs domaines respectifs. Les femmes dans le domaine des sciences sociales jouent également un rôle essentiel en aidant les décideurs politiques à comprendre les répercussions et les conséquences involontaires des interventions de santé publique, en apportant leurs idées sur les meilleures façons de mettre en œuvre les programmes de vaccination et de communiquer à ce sujet, et en veillant à ce que la voix des personnes les plus touchées par la COVID-19 soit prise en compte dans l'élaboration des politiques et des programmes.
Obstacles persistants pour les femmes dans le domaine des STIM : la course à obstacles en verre
Si la pandémie a contribué à mettre en lumière bon nombre de ces femmes remarquables et leurs importantes contributions sur le plan de la COVID-19, elle a également permis de sensibiliser aux disparités et aux obstacles entre les sexes qui persistent pour les femmes et les filles dans le domaine des STIM.
Il est encourageant de constater les progrès réalisés au cours des dernières décennies par des femmes qui poursuivent des carrières dans le domaine de la santé et des sciences sociales. Cependant, dans de nombreuses autres disciplines des STIM, les femmes restent sous-représentées, et les femmes issues des minorités le sont encore plus. Aujourd'hui, les femmes sont encore moins susceptibles de choisir une carrière dans les STIM que dans d'autres domaines, et celles qui le font sont plus enclines à poursuivre un diplôme en biologie ou dans d'autres sciences qu'en mathématiques, en ingénierie ou en informatique.
Ce n'est pas une question de performance; au contraire, les données de Statistique Canada indiquent que les femmes ayant des capacités mathématiques plus élevées ont moins de chances d'aller dans le domaine des STIM que les hommes ayant des capacités mathématiques plus faibles. La sous-représentation des femmes dans les STIM est plutôt due à une série d'obstacles qui ont persisté au fil des ans dans ces domaines, qui ont été historiquement dominés par les hommes. Ces obstacles sont collectivement décrits par certaines chercheuses comme une « course d'obstacles de verre », soit tous les obstacles formels et informels rencontrés à chaque tournant de la carrière des femmes, de l'école primaire à l'enseignement supérieur, au travail sur le terrain et en laboratoire ainsi qu'aux demandes de titularisation et de subventions. Cela inclut la discrimination sexuelle - un obstacle encore plus important à surmonter pour les femmes des minorités, car elles sont confrontées aux effets croisés du racisme et du sexisme, de même qu'aux obstacles liés à l'éducation des enfants et à la répartition par sexe des responsabilités familiales et de garde d'enfants.
Ces défis ont également entraîné une diminution du nombre de modèles féminins pour les jeunes filles débutant dans le domaine des STIM, malgré les diverses contributions des femmes dans celui-ci.
Répercussions de la COVID-19 - Amplification des inégalités
La pandémie a amplifié ces inégalités et a rendu ces obstacles encore plus difficiles à surmonter pour les femmes dans le domaine des STIM. Dans le milieu universitaire, les femmes dirigent moins d'essais cliniques liés à la COVID-19 et soumettent moins de publications aux serveurs de prépublication (services d'archivage et de distribution en ligne de manuscrits scientifiques qui n'ont pas encore été examinés par des pairs). Cet effet est plus prononcé pour les jeunes chercheuses en début de carrière - période où même un petit revers pourrait être préjudiciable pour leur carrière et leurs recherches à long terme.
Il est important de noter qu'une diminution des recherches menées par des femmes signifie également que les questions intéressant les femmes auront tendance à être sous-étudiées et que les données des études seront moins susceptibles d'être ventilées par sexe et par genre. Cela pourrait créer des lacunes importantes dans notre compréhension des questions liées à la santé des femmes. Heureusement, des politiques telles que la Politique en matière d'analyse comparative fondée sur le sexe et l'Énoncé de politique des trois conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humaines du gouvernement du Canada, qui soulignent l'importance d'intégrer le sexe et le genre dans la recherche en santé, peuvent contribuer à prévenir ces répercussions.
De nombreuses femmes scientifiques parlent également de leurs difficultés à gérer leur carrière et à s'occuper de leur famille, et des conséquences émotionnelles que cela entraîne pour elles. Ces histoires sont difficiles à entendre et ne se limitent pas à la seule sphère universitaire. Je les entends également de la bouche même de mes collègues, de mon personnel et des Canadiennes de tout le pays. Les femmes qui répondent à la pandémie, qu'il s'agisse de personnel de santé de première ligne, de travailleuses des services essentiels ou de personnes travaillant à domicile, travaillent souvent de longues heures tout en jonglant avec les exigences familiales et autres. Leur dévouement à leur travail est incroyable. Cependant, je sais que des sacrifices personnels se cachent souvent derrière ce dévouement et cela me pousse à faire de mon mieux pour honorer leurs efforts.
Soutenir les femmes et les filles dans le domaine des STIM et lutter contre les inégalités
Il est important que nous commencions à envisager des moyens d'atténuer les effets que la COVID-19 a eus sur les femmes dans les STIM et de garantir une participation diversifiée dans ces domaines à l'avenir. Une première étape essentielle consiste à engager des conversations ouvertes au sein des communautés et des institutions afin de reconnaître que les inégalités entre les sexes dans le domaine des STIM se sont intensifiées en raison de la COVID-19. En outre, les institutions devraient envisager des moyens de s'attaquer aux obstacles structurels qui découragent les femmes de poursuivre une carrière dans les STIM. Il s'agit notamment de stratégies visant à améliorer les processus de recrutement, de perfectionnement et de maintien en poste des femmes - en particulier celles issues de la diversité - ainsi que de politiques qui favorisent l'égalité entre les sexes et encouragent des lieux de travail inclusifs.
Il est également essentiel de célébrer les réalisations des femmes et des filles. Au Canada, nous avons beaucoup de grandes femmes scientifiques qui sont des pionnières dans leur domaine et des modèles pour des générations de femmes et de filles. Des scientifiques comme Donna Strickland, lauréate du prix Nobel 2018, physicienne optique et pionnière dans le domaine des lasers pulsés, Rose Johnstone, biochimiste qui a découvert les exosomes - de minuscules bulles libérées par les cellules qui déplacent les protéines et autres matériaux génétiques d'une cellule à l'autre - et Brenda Milner, neuropsychologue, parfois appelée la « fondatrice de la neuropsychologie ». Ces femmes ne sont que quelques-unes parmi un nombre très impressionnant et croissant de femmes et de jeunes filles dans le domaine des STIM.
Aujourd'hui, je vous demande donc à tous de prendre un moment pour tendre la main à une fille ou à une femme que vous connaissez et qui participe à un programme ou à un métier dans le domaine des STIM, afin de célébrer ses réalisations. Envoyez-lui un message de reconnaissance et de soutien pour le travail qu'elle accomplit. Encouragez-la à continuer à nourrir sa curiosité scientifique, à poursuivre ses intérêts et à travailler à l'atteinte de ses objectifs!
À toutes les femmes et filles dans le domaine des STIM, je reconnais que l'école, le travail et de nombreux autres aspects de la vie sont peut-être un peu plus difficiles aujourd'hui, mais je veux vous encourager à poursuivre votre travail important. Selon une autre femme scientifique remarquable, la neurologue et prix Nobel Rita Levi-Montalcini, qui a connu sa part de difficultés dans son parcours, notamment en tant que femme juive étudiant et menant des recherches en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, « surtout, ne craignez pas les moments difficiles. Le meilleur vient d'eux ».
Je crois fermement que les conseils de Mme Levi-Montalcini sont valables pour les femmes et les filles des STIM d'aujourd'hui. Ce que nous vivons à l'heure actuelle, même si ce n'est pas facile, a mis en lumière les inégalités persistantes auxquelles sont confrontées les femmes dans le domaine des STIM et l'importance d'élaborer des solutions qui tiennent compte de nos expériences vécues. Pour voir le changement que nous espérons tous, il faudra un effort concerté. Toutefois, ensemble, nous pouvons faire de grandes choses.
SOURCE Agence de la santé publique du Canada
Relations avec les médias, Agence de la santé publique du Canada, 613-957-2983, [email protected]
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