Étude : le taux d'AVC chez les femmes enceintes est trois fois plus élevé que chez les femmes non enceintes English
Les experts doivent publier un énoncé de consensus pour guider les professionnels de la santé dans la prévention et le traitement de l'AVC pendant la grossesse
TORONTO, le 8 sept. 2017 /CNW/ - Selon une étude canadienne publiée aujourd'hui dans l'International Journal of Stroke, le taux d'AVC chez les femmes enceintes est trois fois plus élevé que chez celles non enceintes du même âge, ce qui signifie qu'environ 30 femmes sur 100 000 subiront un AVC pendant leur grossesse. Les périodes précédant et suivant l'accouchement présentent le plus haut risque.
L'examen systématique et la méta-analyse ont évalué l'incidence de l'AVC pendant la grossesse et les six semaines suivant l'accouchement. Ces procédures consistaient à examiner toutes les études internationales publiées entre 1990 et janvier 2017 sur l'incidence de l'AVC pendant la grossesse. Onze études ont satisfait aux critères d'inclusion rigoureux.
L'AVC pendant l'accouchement a été signalé dans trois études, et la mortalité, dans 10 études.
« La grossesse peut affecter les facteurs de risque vasculaires, comme le diabète ou le niveau de la pression artérielle, mais beaucoup de gens ne reconnaissent pas le risque accru d'AVC », explique l'un des coauteurs de l'étude, le Dr Rick Swartz, neurologue spécialiste de l'AVC; directeur médical, Programme régional de soins de l'AVC du secteur nord-est du Grand Toronto; directeur, Unité de recherche sur l'AVC, Centre des sciences de la santé Sunnybrook; et professeur adjoint, département de médecine, Université de Toronto. « L'AVC est l'une des principales causes de décès et d'incapacité chez les adultes, et lorsque la maladie survient comme une complication liée à la grossesse, l'impact sur la mère, l'enfant et la famille peut être dévastateur. »
Malgré les progrès réalisés dans le traitement, la prévention et les soins de l'AVC, ce dernier demeure une cause majeure de mortalité maternelle et une cause dévastatrice de morbidité maternelle dans le monde entier. Étant donné les répercussions profondes de l'AVC chez les femmes en âge de procréer, sur leur famille et sur les systèmes de santé, il est essentiel de connaître le taux exact d'AVC pendant la grossesse et les périodes qui la précèdent et la suivent, pour faciliter la prise de décisions cliniques et la planification des systèmes de santé.
Davantage d'études sont nécessaires pour expliquer précisément pourquoi le risque d'AVC est trois fois plus élevé chez les femmes enceintes que chez les jeunes adultes. Cependant, les premières constatations suggèrent que les changements hormonaux et certaines conditions comme la prééclampsie peuvent accroître ce risque. Cette maladie, qui se caractérise par une soudaine hypertension, peut menacer la vie de la future mère et de son bébé si elle n'est pas traitée. L'hypertension artérielle est le principal facteur de risque d'AVC, mais elle peut être gérée.
Il peut aussi exister des différences géographiques entre les pays, pouvant refléter des facteurs comme la génétique, les systèmes de santé et d'autres raisons qui ne sont pas encore déterminées. La méta-analyse a décelé une tendance à la baisse du taux d'AVC dans certains pays, qui semblent offrir davantage de soins prénatals universels.
« Toutes les femmes enceintes présentent un risque faible mais accru d'AVC », indique la Dre Patrice Lindsay, directrice de l'AVC à la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC (Cœur + AVC), et coauteur de l'étude. Même si ce risque ne peut pas être éliminés, les femmes disposent de plusieurs moyens pour le réduire, notamment adopter une alimentation saine, être physiquement actives, cesser de fumer, contrôler leur pression artérielle et leur stress, et limiter leur consommation d'alcool. »
L'étude a révélé que la grossesse augmente le risque d'AVC pour plusieurs raisons, y compris les troubles de la pression artérielle liés à la grossesse (hypertension chronique, hypertension gestationnelle, prééclampsie, éclampsie) et leurs complications (atteinte rénale, syndrome HELLP); les changements des paramètres sanguins et de la coagulation sanguine au cours du troisième trimestre et de la période post-partum; l'hyperémèse (vomissements persistants qui peuvent mener à la déshydratation) entraînant une concentration accrue de cellules et de solides dans le sang; et les changements au système vasculaire cérébral.
Un suivi régulier avec un médecin tout au long de la grossesse est particulièrement utile pour veiller aux facteurs de risque, comme la prééclampsie, de niveau de la pression artérielle et le taux de glycémie, et pour discuter de tout symptôme préoccupant.
Bien qu'il y ait un minimum de données concernant le taux de récidive d'AVC post-partum lors des grossesses suivantes, la Dre Lindsay note que les femmes ayant déjà subi un AVC peuvent être enceinte à nouveau et doivent travailler étroitement avec leurs fournisseurs de soins pour s'assurer que les risques et besoins de prévention sont pris en compte. De nouveaux travaux de recherche sont nécessaires pour combler cette lacune.
Geneviève était enceinte de six mois lorsque quelque chose d'inattendu s'est produit
C'est juste avant minuit, le 31 mars 2013, que tout a changé pour Geneviève Morel : elle a subi un AVC à l'âge de 26 ans. « La foudre a éclaté dans ma tête », se souvient Geneviève. Sous le choc, Jonathan, son conjoint, a composé le 9-1-1. Aux urgences, les médecins ont constaté une hémorragie cérébrale qui prenait de l'expansion à une vitesse alarmante.
Elle était à 24 semaines de grossesse.
Deux vies étaient en danger : la sienne et celle de l'enfant. Heureusement, ils ont tous les deux survécu à l'opération d'urgence, qui aura duré cinq heures. Quoique cette intervention ait sauvé la vie de Geneviève, l'AVC qu'elle a subi était grave. Elle en a gardé des limitations physiques, dont la paralysie de son côté gauche. Son bébé, quant à lui, semblait intact. « Son petit cœur battait toujours. C'était tout ce qui importait », se rappelle Geneviève.
Au cours des mois qui ont suivi, Geneviève, toujours enceinte, a réalisé que sa vie avait changé pour toujours, alors qu'elle réapprenait à effectuer des tâches simples comme s'asseoir, se nourrir et s'habiller.
Trois mois après l'AVC, sa joie était indescriptible lorsque Nathan est venu au monde, en santé. Les mois suivants ont été teintés de nombreux obstacles et de journées difficiles : Jonathan a dû endosser le rôle de maman et celui d'aidant, et Geneviève a entrepris un nouveau programme de thérapies de jour à l'hôpital.
On ne sait toujours pas ce qui a causé l'AVC de Geneviève. Aujourd'hui, son rétablissement se poursuit, et elle fait beaucoup de progrès : « Même avec une hémiparésie toujours bien présente, je sais que rien n'est impossible! Je fais du bénévolat dans une ressource communautaire de Laval venant en aide aux familles défavorisées, en plus de travailler sur mon orientation de carrière, dont un programme de relation d'aide spécialisé dans la remise en forme et la confiance en soi. »
Recommandations du pays pour les fournisseurs de soins
Les spécialistes qui fournissent des soins obstétricaux et de l'AVC peuvent rencontrer des femmes ayant déjà souffert de cette affection et souhaitant devenir enceintes, ou encore des femmes, comme Geneviève, qui ont subi un AVC pendant ou immédiatement après la grossesse. Comment ces cas doivent-ils être gérés? Actuellement, il existe peu de données probantes pour guider les professionnels de la santé dans ces décisions médicales.
Dans la deuxième phase de l'étude, les auteurs publieront un énoncé de consensus médical lundi, au Congrès canadien de l'AVC, lequel fournira des recommandations pour guider les professionnels de la santé dans la prévention et le traitement de l'AVC qui survient avant, pendant et après la grossesse.
« Il est nécessaire d'assurer la santé de la mère pour assurer celle du bébé. L'adoption d'approches organisées pour la gestion de cette population à haut risque, éclairées par des données probantes ainsi que l'expertise de spécialistes de l'AVC et des soins obstétricaux, est essentielle », explique le Dr Swartz.
Des essais continus basés sur la littérature sur l'AVC et les soins obstétricaux sont continuellement surveillés et examinés dans le cadre du processus des pratiques optimales de Cœur + AVC, et l'énoncé de consensus sera mis à jour à mesure que de nouvelles données seront disponibles.
Les auteurs de l'étude soulignent le besoin urgent de poursuivre la recherche sur l'AVC pendant la grossesse; sur l'impact des variations géographiques sur les facteurs de risque et les résultats; sur les améliorations sur la saisie de données liées à l'AVC pendant la grossesse et la qualité de ces données; ainsi que sur les approches thérapeutiques rationnelles en l'absence de données d'essais randomisés.
Toute la population doit également connaître les signes VITE de l'AVC et savoir comment réagir en cas d'urgence médicale :
- Visage - Est-il affaissé?
- Incapacité - Pouvez-vous lever les deux bras normalement?
- Trouble de la parole - Trouble de prononciation?
- Extrême urgence - Composez le 9-1-1.
Auteurs de l'étude
Richard Swartz (Sunnybrook), Megan L Cayley (Sunnybrook), Norine Foley (Université Western), Noor Niyar N Ladhani (Sunnybrook), Lisa Leffert (Université Harvard), Cheryl Bushnell (Wake Forest Baptist Health), JA McClure (workHORSE Consulting Group) et Patrice Lindsay (Cœur + AVC)
Financement
Cœur + AVC, Instituts de recherche en santé du Canada, Partenariat canadien pour le rétablissement de l'AVC de Cœur + AVC, Sunnybrook, Université de Toronto
Quelques statistiques sur l'avc
- L'AVC est une perte soudaine des fonctions cérébrales.
- On compte environ 62 000 AVC au pays chaque année, soit un toutes les neuf minutes.
- Chaque année, plus de 13 000 personnes au pays succombent à la suite d'un AVC.
- Il y a 80 % des gens qui survivent à un AVC.
- Les cellules cérébrales meurent au rythme de 1,9 million par minute après un AVC.
- Plus de 400 000 personnes au pays ont une incapacité persistance liée à l'AVC, et elles seront près du double dans 20 ans.
- Un AVC peut survenir à n'importe quel âge. L'AVC est de plus en plus courant chez les gens de moins de 65 ans, et ses facteurs de risque sont de plus en plus fréquents chez les jeunes adultes.
Cœur + AVC
Plus de moments. Plus de vie. C'est pour cette raison que Cœur + AVC mène la lutte contre les maladies du cœur et l'AVC. Grâce à nos donateurs et à nos bénévoles, nous finançons la recherche vitale et aidons la population à vivre plus sainement. (coeuretavc.ca)
Centre des sciences de la santé Sunnybrook
Le Centre des sciences de la santé Sunnybrook invente l'avenir des soins de santé pour 1,2 million de patients pris en charge par chaque année par ce centre hospitalier grâce au dévouement de plus de 10 000 employés et bénévoles. Étant donné son rôle de chef de file international en recherche et en formation, et son affiliation complète à l'Université de Toronto, Sunnybrook est l'un des principaux centres universitaires des sciences de la santé au pays. Il se spécialise dans la prise en charge des grossesses à haut risque, et des nouveau-nés et des adultes gravement malades en offrant une réadaptation spécialisée, ainsi que le traitement et la prévention du cancer, des maladies cardiovasculaires, des troubles neurologiques et psychiatriques, des affections orthopédiques et arthritiques, et des lésions traumatiques.
Congrès canadien de l'AVC
Coorganisé par Cœur + AVC et le Consortium Neurovasculaire Canadien, le Congrès canadien de l'AVC est un forum unique pour que les experts puissent faire partager les résultats scientifiques les plus récents, échanger des idées et établir des liens qui changeront l'avenir des soins de l'AVC. Cette occasion incomparable d'améliorer la santé du cerveau dans la population du pays rassemble des chercheurs, des neurologues, des infirmiers, des spécialistes de la réadaptation, des décideurs en matière de politique et de systèmes de soins de santé et bien d'autres professionnels. (congresavc.ca)
SOURCE Fondation des maladies du cœur et de l'AVC
Pour demander une entrevue : Maryse Bégin, [email protected], 514 871-8038, poste 232; Jane-Diane Fraser, [email protected], 613 406-3282
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