ÉTUDE DE L'INSTITUT DU QUÉBEC - QUELS SONT LES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES LES PLUS VULNÉRABLES À L'AUTOMATISATION ET À L'ADOPTION DE L'IA?
MONTRÉAL, le 15 janv. 2025 /CNW/ - La crainte que plusieurs tâches soient automatisées, voire que des emplois soient carrément supprimés, inquiète certains travailleurs et travailleuses. Mais qu'en est-il vraiment ? En appliquant pour la première fois au contexte québécois une méthodologie éprouvée à l'international, l'Institut du Québec, en collaboration avec le Centre des compétences futures, a pu identifier quels sont les travailleurs et travailleuses les plus vulnérables à l'automatisation et au déploiement de l'intelligence artificielle (IA). C'est-à-dire ceux dont non seulement l'emploi est à haut risque d'être automatisé - par des robots ou par l'IA -, mais qui auront de la difficulté à se replacer professionnellement.
« Environ 810 000 Québécois et Québécoises, soit 18 % de la population active, travaillent ou cherchent un emploi dans les 96 professions identifiées comme étant vulnérables à l'automatisation, déclare Emna Braham, présidente-directrice générale de l'Institut du Québec. Il s'agit principalement d'emplois dans le secteur de la vente et des services tels que caissiers et caissières, mais aussi dans le secteur des affaires, finances et administration comme adjointes et adjoints administratifs ou encore vérificatrices et vérificateurs comptables. »
Phénomène intéressant : les professions vulnérables sont totalement absentes des milieux de l'enseignement, des services sociaux et communautaires ou encore des arts et de la culture. Ces professions requièrent souvent des compétences, comme l'intelligence sociale, la créativité et l'empathie, encore impossibles à entièrement automatiser.
Un risque d'automatisation important pour les jeunes… qui ne poursuivent pas d'études
Les jeunes de 15 à 24 ans, qu'on retrouve souvent en vente et services, sont davantage à risque. Toutefois, comme bon nombre d'entre eux n'occupent ce type d'emplois que lors de leurs études, l'impact sur leur parcours professionnel n'est que ponctuel.
« La situation est cependant plus préoccupante pour ceux qui ne poursuivent pas d'études et qui souhaitent faire carrière dans des emplois vulnérables à l'automatisation, explique Anthony Migneault, économiste principal à l'IDQ. Chez les adultes de 25 ans et plus, ce sont les travailleurs sans diplôme qui sont le plus à risque : 27 % d'entre eux occupent ou recherchent un emploi dans une profession vulnérable. »
Bien que les diplômées et diplômés universitaires ne soient pas complètement épargnés, ils restent très peu exposés : seulement 8 % des adultes de 25 ans et plus occupent des emplois vulnérables et ce, même si les nouvelles formes d'IA génératives - capables de créer du contenu original - les exposent plus qu'avant au risque d'automatisation. Leur avantage? Ils pourront miser sur leurs nombreuses compétences transversales pour faciliter leur reconversion professionnelle dans l'éventualité où leur emploi venait à être robotisé ou bon nombre de leurs tâches automatisées.
Une hausse de productivité plus que bienvenue
L'intelligence artificielle (IA) représente une nouvelle génération de technologies qui accroît les capacités des outils numériques existants. En les rendant plus efficaces et autonomes, l'IA laisse donc entrevoir un bond de productivité dont le Québec a bien besoin pour soutenir sa croissance et réduire les difficultés de recrutement dans plusieurs secteurs.
L'IA augmente la productivité de deux manières : tout d'abord, en amplifiant les capacités humaines pour l'exécution de tâches tant répétitives que créatives. Puis, comme outil d'automatisation, permettant ainsi aux travailleurs et travailleuses de se consacrer à des tâches de plus grande valeur. Cette transformation exige toutefois un accompagnement sociétal, notamment par la formation, pour permettre aux employés de développer de nouvelles compétences.
« Contrairement aux autres technologies qui exigent souvent des connaissances techniques spécifiques, l'intelligence artificielle, par sa grande convivialité, en démocratise l'accès, précise Noel Baldwin, directeur général du Centre des compétences futures. Cette accessibilité ne réduit toutefois pas les besoins en formation, elle les réoriente : nous devons à la fois former des experts pour concevoir des solutions technologiques innovantes et les dirigeants pour en favoriser l'intégration stratégique, mais surtout s'assurer que les travailleurs et travailleuses détiennent de bonnes compétences de base, notamment en littératie et numératie et, accompagner les plus vulnérables afin de soutenir leur adaptabilité professionnelle. »
Un choc technologique dont les répercussions doivent être nuancées
« Les craintes liées à une rupture technologique, comme celle engendrée par l'adoption de l'IA, sont compréhensibles. De tout temps, les vagues technologiques ont suscité cette appréhension collective d'être éventuellement remplacé par une machine, rappelle Emna Braham. Cependant, on sous-estime souvent les transformations bénéfiques - profondes et durables - que ces technologies entraînent, telles que l'émergence de nouvelles compétences, la création de modèles d'affaires innovants et leur impact sur la productivité. »
À la différence du grand public qui a adopté très rapidement certaines applications d'IA, comme ChatGPT, les organisations québécoises risquent de prendre plus de temps à intégrer l'IA pour transformer leurs processus. D'où l'importance qu'elles accélèrent non seulement leurs investissements en technologies numériques et IA, mais aussi dans la formation de leurs gestionnaires et employés, afin de rattraper l'important retard de productivité qu'elles accusent.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Répercussions de l'automatisation et de l'IA sur la main-d'œuvre au Québec : quels sont les travailleurs et travailleuses les plus vulnérables ?
À propos de l'Institut du Québec
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. www.institutduquebec.ca | @InstitutduQC
SOURCE Institut du Québec
Source : Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347 - [email protected]
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