Freiner la concurrence nuit à la productivité
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HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité21 nov, 2012, 05:00 ET
MONTRÉAL, le 21 nov. 2012 /CNW Telbec/ - En maintenant des réglementations qui freinent la concurrence dans plusieurs secteurs de l'économie, le Canada - et, par conséquent, le Québec - nuit à la croissance de sa productivité. Dénoncée dans le rapport Productivité et prospérité au Québec -Bilan 2012, cette situation a de quoi préoccuper. « Par cette analyse, nous voulions proposer aux décideurs gouvernementaux des pistes pour réduire le retard que notre pays accuse, depuis une trentaine d'années, sur le plan du niveau de vie. Notre étude montre notamment que le trop grand protectionnisme du Canada à l'égard des marchés des produits nuit à son expansion économique », soutient Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal.
À ce chapitre, les gouvernements fédéral et provincial auraient d'ailleurs grandement intérêt à s'inspirer des pratiques adoptées par certains pays - la Scandinavie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni - qui étaient confrontés à des difficultés très semblables à celles que rencontrent le Québec et le Canada. Ces réformes visaient une meilleure efficacité par un recours plus grand aux forces concurrentielles.
Ainsi, en réaction à la crise économique des années 1990, les pays scandinaves ont cherché à minimiser le poids de la réglementation touchant les entreprises engagées dans les marchés extérieurs ou celles qui étaient intéressées à investir dans le marché local. Les lois régissant la concurrence se sont resserrées et les marchés des produits ont été peu à peu déréglementés. Encore aujourd'hui, la stratégie consiste à simplifier la réglementation pour réduire la charge qui pèse sur les entreprises, afin qu'elles puissent consacrer plus d'énergie à leurs opérations quotidiennes. Elles peuvent ainsi diversifier leurs activités et générer plus d'emplois. À titre d'exemple, la Suède a lancé en 2006 un programme visant à diminuer les coûts administratifs des entreprises de 25 %.
Ces mesures semblent d'ailleurs grandement satisfaire les entrepreneurs scandinaves. Ainsi, selon un sondage mené par le World Economic Forum sur la compétitivité des marchés, de tous les investisseurs interviewés à l'échelle mondiale, ce sont majoritairement les Scandinaves qui considèrent que les lois antimonopoles dans leurs pays respectifs encouragent le plus la concurrence.
Qui trop protège, étouffe
Force nous est donc de constater que le Canada n'affiche pas la même ouverture au commerce international ni n'encourage autant la concurrence que ces pays. Certains marchés comme l'électricité, les télécommunications et le transport aérien sont encore très réglementés et très fermés à toute participation étrangère. Résultat : les consommateurs ne profitent pas des retombées positives que la concurrence et les investissements directs étrangers (IDE) peuvent entraîner sur l'économie en termes de qualité de service et de baisse de coûts. Rappelons que les IDE correspondent à l'ensemble des investissements réalisés par une personne ou une société dans le but d'exercer une influence significative sur une entreprise située à l'étranger.
Le Canada se montre donc très réfractaire à toute participation étrangère et occupe à ce chapitre la 24e place sur 29, comme en témoigne l'indice des restrictions de l'OCDE. Pour justifier leur réglementation, les pays les plus protectionnistes, dont le Canada, invoquent surtout des raisons liées à la sécurité et à la souveraineté nationale.
Les conséquences négatives d'un trop grand protectionnisme sont toutefois connues des autorités. Selon une étude d'Industrie Canada, éliminer les obstacles à la participation étrangère dans la seule industrie des télécommunications permettrait au PIB réel par personne en âge de travailler d'augmenter de 1,7 % sur une période de dix ans. Par surcroît, le faible niveau de concurrence ralentit l'adoption de services de télécommunications modernes et de nouvelles technologies, nuisant ainsi à la productivité.
Cependant, le gouvernement fédéral commence tout juste à ouvrir le secteur des télécommunications aux investisseurs étrangers. Dans son dernier budget (2012), il a confirmé qu'il abolirait les restrictions qui empêchent les sociétés étrangères d'investir dans des groupes de télécommunication sans fil dont la part de marché est inférieure à 10 %. À l'heure actuelle, la loi interdit toute participation étrangère de plus de 46,7 % dans une entreprise œuvrant dans ce secteur. Selon le ministre de l'Industrie, ces mesures permettront à de nouveaux fournisseurs de services sans fil d'accéder à de nouvelles sources de capitaux et de mieux intégrer le marché.
« À la lumière de cette analyse, il nous apparaît évident qu'un nouvel examen approfondi des réglementations actuelles et de la loi sur la concurrence permettrait l'émergence d'un milieu plus concurrentiel. Cet exercice favoriserait la croissance de la productivité et donnerait aux Québécois et aux Canadiens l'occasion de profiter de produits de meilleure qualité à moindres coûts », conclut Robert Gagné.
Loin de se limiter à la compétitivité des marchés des produits, le Bilan 2012 du CPP trace aussi un portrait détaillé de la performance économique du Québec, tout en la comparant à celle d'une vingtaine de pays industrialisés, dont le Canada et les États-Unis. En primeur cette année, ce rapport présente aussi une analyse détaillée de l'impact de certains autres déterminants sur la productivité du Québec - scolarisation, santé, transports, fiscalité et aide aux entreprises - et suggère des pistes pour améliorer la situation.
Pour en savoir plus :
- Consultez le rapport Productivité et prospérité au Québec - Bilan 2012 en page 63;
- Téléchargez le communiqué de presse en anglais.
À propos du Centre sur la productivité et la prospérité
Créé en 2009, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal mène une double mission. Il se consacre d'abord à la recherche sur la productivité et la prospérité en ayant comme principaux sujets d'étude le Québec et le Canada. Ensuite, il veille à faire connaître les résultats obtenus en organisant des activités de transfert, de vulgarisation et, ultimement, d'éducation. Pour en apprendre davantage sur le Centre, visitez le www.hec.ca/cpp.
SOURCE : HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité
Liette D'Amours
Responsable des relations médias
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