Impact de la pandémie sur les finances publiques du Québec - Le gouvernement pourra profiter d'une embellie pour préparer la relance, mais l'heure des choix viendra
MONTRÉAL, le 18 mars 2021 /CNW Telbec/ - « À l'aube du budget, nos modélisations indiquent que la vigueur de la reprise anticipée ainsi que la faiblesse des taux d'intérêt donneront, à court terme, une bouffée d'air au gouvernement. Mais attention toutefois, d'ici quelques années, la forte pression sur les besoins en santé, en éducation, et en infrastructures, combinée à un retour d'une faible croissance économique obligeront le gouvernement à faire des choix », soutient Mia Homsy, présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ).
Dans son rapport Impact de la pandémie sur les finances publiques du Québec : Embellie à court terme, mais il faudra éventuellement faire des choix, rendu public ce matin, l'IDQ a tenté d'évaluer quel pourrait être l'impact de la pandémie sur les finances publiques du Québec.
Loin d'être un exercice de prédiction du prochain budget provincial, cette analyse vise plutôt à simuler les revenus et les dépenses de l'État, sans intervention du gouvernement pour en modifier la trajectoire. Ces modélisations ont été effectuées en tenant compte des prévisions actuelles de revenus et de taux d'intérêt, combinées à une croissance des dépenses en santé (+ 4,9 % par année) et en éducation (+ 3,3 % par année) influencée par la démographie et qui sous-tend un facteur d'amélioration des services.
En voici les principaux résultats :
- Échelonné sur une période de cinq ans, l'impact de la pandémie de la COVID-19 pourrait se chiffrer à environ 36 G$ de pertes pour les finances publiques du Québec. Ainsi, comparativement aux prévisions de mars 2020, l'État québécois perdrait près de 11 G$ en revenus sur cette période et accuserait une hausse de ses dépenses d'environ 25 G$.
- En 2025-2026, date à laquelle le Québec devrait avoir atteint l'équilibre budgétaire (au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire), le déficit s'élèverait à environ 6,5 G$ - après avoir effectué les versements obligatoires au Fonds des générations (FDG)- et à 3 G$ avant ces versements. Par la suite, le déficit s'accroîtrait année après année et ne se résorberait pas de lui-même à moins que la croissance économique ne surpasse les attentes actuelles.
- L'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2025-2026 (au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire) semble donc difficilement atteignable.
Embellie dès 2021
Selon nos prévisions, le portait de la situation pour les deux prochaines années est toutefois encourageant pour plusieurs raisons. D'abord, l'économie du Québec était déjà dans une situation très favorable à l'aube de la pandémie. Puis, au cours de la crise, d'importantes mesures de soutien au revenu ont soutenu la consommation et l'emploi, ce qui a moins affecté les revenus qu'anticipé. Enfin, tout porte à croire que la reprise sera plus vigoureuse qu'anticipé et que les taux d'intérêt demeureront faibles.
Si bien que cette embellie donne actuellement au gouvernement la marge de manœuvre nécessaire pour réaliser des investissements stratégiques qui stimuleront, à moyen terme, la productivité et la croissance économique du Québec.
Une impasse à moyen terme
Toutefois, la productivité défaillante du Québec et la faible croissance économique prévue entre 2024 et 2030, conjuguées aux pressions grandissantes sur le système de santé, entraineront immanquablement des déficits croissants. Ainsi, la nécessité, à moyen terme, d'équilibrer les livres demeure incontournable afin d'éviter une hausse du fardeau de la dette pour les générations futures et pour limiter les risques dus à une hausse des taux d'intérêt.
Par contre, la faiblesse des taux d'intérêt nous donne le luxe du temps : malgré l'accumulation de déficits sur plusieurs années, le poids de la dette et son coût demeureront stables. Il n'y aurait donc pas de graves conséquences à reporter l'équilibre budgétaire de quelques années, ni à réduire temporairement les versements au FDG.
Équité intergénérationnelle
Sans être trop dogmatique face à l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2025-2026, le Québec doit tout de même maintenir son intention de graduellement équilibrer les livres et de contrôler le poids de son endettement, surtout celui qui provient des déficits cumulés. Il s'agit d'une question d'équité entre les générations. « À la lumière de cette analyse, il semble donc plus prudent pour l'État québécois de se garder une marge de manœuvre pour affronter quatre défis de taille : le vieillissement de sa population, les enjeux climatiques, la désuétude de ses infrastructures et la lutte aux inégalités sociales », propose Simon Savard, économiste à l'IDQ.
« Pour y arriver, les dépenses en éducation et en formation semblent être le meilleur investissement car elles remplissent une mission à la fois sociale et économique. D'une part, investir dans les individus permet de réduire les inégalités sociales et d'accroître la mobilité et la cohésion sociales, et d'autre part, cela permet d'accroître la productivité des entreprises et donc le potentiel de croissance de l'économie. », affirme Mia Homsy.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport L'impact de la pandémie sur les finances publiques du Québec : Embellie à court terme, mais il faudra éventuellement faire des choix.
À propos de l'Institut du Québec
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui publie des recherches et des études sur les enjeux socioéconomiques contemporains du Québec. Il vise à fournir aux autorités publiques, au secteur privé et à la société civile les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique et prospère.
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SOURCE Institut du Quebec
Source : Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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