La FPJQ appuie la tenue d'une commission parlementaire sur le conflit au
Journal de Montréal
MONTRÉAL, le 14 oct. /CNW Telbec/ - Après le rejet à 89,3% des offres patronales dans le conflit au Journal de Montréal, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) voit d'un bon oeil la tenue d'une commission parlementaire sur ce litige qui dure depuis 20 mois.
L'échec des pourparlers qui se sont déroulés sous les auspices du médiateur spécial, Jean Poirier, confirme une fois de plus que les deux parties sont incapables d'en arriver à une solution par leurs propres moyens. La FPJQ avait réclamé l'intervention du premier ministre, Jean Charest, lors du premier anniversaire du conflit, le 24 janvier dernier. La FPJQ était fort encouragée par la nomination d'un médiateur spécial et elle souhaite que les pourparlers se poursuivent jusqu'à la fin du mandat de M. Poirier, dans l'espoir d'en arriver à une solution négociée.
Mais malgré cette initiative, l'offre de Quebecor s'est révélée si contraire aux valeurs fondamentales du journalisme qu'elle s'est heurtée à une fin de non recevoir. Ce rejet démontre crûment les dangers considérables de la concentration du pouvoir médiatique entre une poignée de mains.
Dans sa proposition, Quebecor veut interdire pendant six mois aux journalistes en lock-out, en échange d'indemnités de départ, de travailler pour une entreprise de presse concurrente, La Presse et son site Internet, Cyberpresse. Une telle exigence est impossible à justifier pour de simples journalistes qui ne sont pas en possession d'informations stratégiques sur l'entreprise. C'est la manifestation d'une volonté d'empêcher la concurrence.
La fermeture exigée de RueFrontenac, le site d'information des journalistes en lock-out, participe de la même volonté de contrôle total, tout comme l'interdiction de lancer un nouveau site avant six mois. Quebecor exige en outre que le nom RueFrontenac, qui jouit d'une notoriété acquise à la suite d'un long et pénible parcours, ne puisse plus être utilisé, tout comme le conglomérat veut empêcher la création d'un nouveau quotidien dans le marché desservi par le Journal de Montréal.
Malgré sa position enviable de joueur dominant dans l'industrie des médias, Quebecor semble résolu à écraser les initiatives qui assurent une plus grande diversité de l'information, et un gagne pain pour les journalistes mis à pied.
Le plan de Quebecor pour le Journal de Montréal est un plan pour brasser de meilleures affaires, et non un plan pour assurer la pérennité de l'information. Ce plan détruit en effet une grande salle de rédaction en l'atrophiant au maximum — l'offre patronale ne conserverait qu'un journaliste sur cinq -— et en utilisant les autres sources du groupe de presse pour remplir les pages, sans aucune limite. Cette consécration de la convergence entrainera un inévitable appauvrissement de la diversité des points de vue.
Dans tous les pays occidentaux, les salles de rédaction fortes sont essentielles à la recherche d'une information de qualité pour le public. Elles sont certainement mieux outillées qu'une multitude de petites salles inter-reliées, mais aux moyens réduits.
Le Journal de Montréal, qui se proclamait la semaine dernière le quotidien le plus lu dans la région métropolitaine, avec 64% des parts de marché, compterait moins de journalistes que certains journaux régionaux! La FPJQ craint pour la diversité de l'information dans ce Journal imaginé par Quebecor avec le moins de journalistes possibles.
Ces enjeux, complexifiés par un Code du travail d'un autre âge, concernent toute la société. Des pays démocratiques, en Europe, considèrent qu'ils ont le devoir de veiller à l'existence d'une presse en santé. Après avoir contribué à l'expansion de Quebecor Media, par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le gouvernement a maintenant la responsabilité d'intervenir. Mais cette fois pour contrebalancer les excès d'un pouvoir trop grand, et ramener les parties sur la voie d'une solution négociée dans les plus brefs délais.
Récemment, le critique du Parti québécois en matière de relations de travail, Guy Leclair, a déposé à l'Assemblée nationale une pétition signée par près de 22 000 personnes, enjoignant le gouvernement à «mettre en branle tous les moyens dont il dispose» afin de favoriser, dans les meilleurs délais, l'émergence d'une solution négociée au Journal de Montréal.
La FPJQ invite la Commission de l'économie et du travail à se saisir du dossier s'il s'avère que le médiateur se retrouve dans l'impossibilité de réunir les parties à très court terme pour la reprise des discussions. Bien que Québec ne puisse pas imposer les termes de la future convention collective, il est impératif que les véritables enjeux du conflit fassent l'objet d'un débat public.
Renseignements:
Brian Myles, président, 514 262-2860
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