L'austérité du gouvernement ralentira considérablement la croissance en 2011:
Marchés mondiaux CIBC
La fin des mesures de stimulation économique et le resserrement des dépenses ralentiront la hausse des taux
TORONTO, le 29 avr. /CNW/ - Après avoir orchestré une gigantesque offensive fiscale en 2009 et poursuivi la lutte contre la récession en 2010, les gouvernements canadiens réduiront bientôt leurs dépenses, ralentissant ainsi la croissance en 2011, peut-on lire dans un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
"Avec un fardeau de la dette nette moins lourd que celui des autres pays du G7, le Canada a le loisir de réduire progressivement son déficit", estime Warren Lovely, stratège, questions gouvernementales, du Macro Strategy Group de la Banque CIBC et auteur du rapport. "Mais le Canada a adopté une discipline fiscale plus stricte que celle de la plupart des autres pays et semble être un des pays les plus audacieux quand vient le temps de combattre un déficit structurel. Les gouvernements non seulement laisseront s'épuiser les mesures de stimulation de l'économie, mais ils adopteront en outre des mesures d'austérité. À noter que le Canada est le seul pays du G7 qui pourrait éliminer son déficit d'ici 2015."
L'auteur du rapport note que la dégradation de l'équilibre budgétaire combiné fédéral-provincial, équivalente à plus de cinq points de pourcentage du PIB, n'a jamais été aussi grave qu'en 2009. Ayant vu le déficit combiné exploser et atteindre 88 G$, la plupart des gouvernements prévoient revenir à l'équilibre budgétaire d'ici trois à cinq ans. Puisque les mesures de stimulation de l'économie sont toujours en vigueur, les projections officielles font croire que les déficits bougeront peu en 2010-2011. Les gouvernements canadiens visent une réduction combinée de 30 G$ du déficit en 2011-2012 - équivalente à 1,8 point de pourcentage du PIB - réduction annuelle la plus spectaculaire depuis l'époque des restrictions draconiennes du milieu des années 90.
"La fin de certains programmes incitatifs temporaires jouera pour beaucoup dans la correction des inégalités et compte pour 40 % de la stratégie de retour à l'équilibre fiscal d'Ottawa", note M. Lovely. "Les mesures incitatives extraordinaires du fédéral, et des programmes provinciaux similaires, ont permis d'injecter 62 G$ dans l'économie, dont la majeure partie a été prise en compte pendant l'exercice 2009-2010."
M. Lovely estime qu'un peu moins de 20 G$ du budget des mesures incitatives ont été dépensés pendant l'année civile 2009, ce qui a contribué pour environ 1 % à la croissance du PIB. Ces dépenses augmentant en 2010, il prévoit qu'elles atteindront 1,3 % du PIB. Toutefois, la fin de ces mesures de stimulation freinera l'économie, qui tourne aujourd'hui à haut régime, et retranchera quelque deux points de pourcentage à la croissance du PIB.
Après avoir langui dans une fourchette située entre 2 et 2 1/2 % pendant la majeure partie de 2009, la croissance du PIB réel en 2010 devrait s'accélérer, selon les prévisions. La Banque CIBC s'attend d'ailleurs à une croissance réelle de 3,1 % au Canada cette année, la Banque du Canada étant encore plus haussière avec des prévisions à 3,7 %. Les projections budgétaires sous-entendent que le rythme de croissance, pour l'ensemble du pays, s'établira à 2 1/2 % en 2010, position extrêmement prudente étant donné les nouvelles perspectives relatives au PIB réel.
"Si notre opinion sur le rendement de l'économie canadienne s'avérait, une analyse de sensibilité laisse entendre que l'assiette fiscale des gouvernements fédéral et provinciaux serait supérieure d'environ 7 à 10 G$ au plan", remarque M. Lovely. "La lutte aux déficits s'en trouverait accélérée, mais un manque à gagner corrigé des variations cycliques devrait toujours être comblé."
Pour le corriger, les gouvernements proposent une réduction de la croissance des dépenses de programmes. Après une augmentation de ces dépenses à un rythme annuel moyen de 7 % au cours des dix dernières années, le plan fiscal quinquennal d'Ottawa penche pour un ralentissement de la croissance des dépenses à moins de 2 %. Comme les transferts aux provinces devraient croître de 4 %, le plan compte sur une réduction des dépenses de l'assurance-emploi et sur un profil à peu près neutre pour les "autres" programmes, notamment pour la défense nationale et autres dépenses discrétionnaires qui comptent aujourd'hui pour la moitié des dépenses de programmes.
Les gouvernements provinciaux aspirent à réduire la croissance de leurs dépenses à moins de 2 % au cours des trois années commençant en 2011-2012, augmentation qui atteindrait à peine le tiers du rythme moyen de plus de 5 % enregistré pendant la période ayant précédé la récession, lorsque les coffres des provinces étaient pleins. Mais un contrôle serré des dépenses pourrait être un objectif difficile à atteindre étant donné les responsabilités provinciales dans les domaines de la santé et de l'éducation.
L'analyse des dépenses, la recherche de l'efficience et le regroupement d'organisations permettront de réaliser des économies. Mais, dans la plupart des cas, des progrès notables exigeraient que les gouvernements se montrent intraitables quant aux salaires et réduisent assez considérablement, jusqu'à 10 %, le nombre d'employés dans le secteur public. On demandera aux travailleurs du secteur public d'en faire plus pour un salaire réel réduit, ce qui soulèverait l'ire des syndicats et pourrait conduire à des perturbations dans les services.
"Pendant les années 2000, les dépenses gouvernementales ont contribué en moyenne à une croissance annualisée de 0,8 point de pourcentage du PIB, soit à 40 % de la croissance du pays", ajoute M. Lovely. "Cette contribution directe a grimpé à 1,5 point de pourcentage l'an dernier, soit le plus grand apport du secteur public depuis les années 1970, alors que le tissu social canadien prenait forme.
"Mais tout cela devrait bientôt changer. Avec la fin des programmes de stimulation économique, des dépenses réelles au titre des programmes stationnaires ou réduites et des coupures de poste dans le secteur public, l'économie canadienne perdra un important moteur de sa croissance. Les mesures d'austérité ne seront pas aussi rigoureuses que celles que nous avons connues au milieu des années 1990, mais signalent tout de même un risque de repli de la croissance en 2011 et des perspectives encore moins bonnes par après. Ce resserrement signifie aussi que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, et autres n'augmenteront pas en 2011 les taux aussi rapidement que ce à quoi le marché s'attend actuellement."
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse :
http://research.cibcwm.com/economic_public/download/sapr10.pdf
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Renseignements: Warren Lovely, Macro Strategy Group, Marchés mondiaux CIBC, (416) 594-8041, [email protected]; ou Kevin Dove, Communications et affaires publiques, (416) 980-8835, [email protected]
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