Le Québec, en voie de devenir la province canadienne la plus pauvre ?
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HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité07 févr, 2012, 08:30 ET
MONTRÉAL, le 7 févr. 2012 /CNW Telbec/ - Les ménages québécois sont-ils plus riches ou moins riches que les ménages canadiens ? Le Québec a t-il rattrapé son retard sur le plan du revenu par rapport aux provinces les plus riches? À quoi ce retard est-il attribuable ? Quel est l'impact de la fiscalité fédérale sur le niveau de vie des Québécois ? Pour faire le point sur ces questions, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal a récemment mené une recherche qui révèle des tendances préoccupantes. « Les constats sont plutôt inquiétants et devraient nous interpeller », déclare l'auteur de l'étude, Martin Coiteux, professeur agrégé à HEC Montréal.
Les résultats révèlent notamment que les Québécois touchent un revenu inférieur aux autres Canadiens, exception faite des résidents des provinces de l'Atlantique. Toutefois, au-delà de ces écarts, ce sont surtout les tendances observées qui devraient nous alarmer. Les provinces de l'Est du Canada, traditionnellement plus pauvres, ont grandement diminué leur retard de revenu par rapport au Québec, et l'Ontario, traditionnellement plus riche que le Québec, a accru son avance. À terme, si ces tendances devaient persister, les Québécois pourraient donc se retrouver au dernier rang des provinces canadiennes sur le plan du revenu.
Les Québécois se rattrapent en partie en bénéficiant d'un coût de la vie plus bas que celui observé ailleurs au Canada. Cet avantage est cependant en train de disparaître, et ne suffit pas, de toute manière, à compenser la faiblesse du Québec en matière de taux d'emploi, du nombre d'heures travaillées par emploi et du revenu gagné par heure travaillée. Ce revenu horaire étant intimement lié à la valeur de la productivité du travail, sa faiblesse signale donc le retard du Québec en matière de productivité. Cet écart est manifeste à l'égard de l'Ontario et de l'Alberta, mais aussi par rapport à la Colombie-Britannique.
La pauvreté relative du Québec fait en sorte que ses citoyens paient moins d'impôt fédéral et profitent davantage des transferts personnels du fédéral que les Canadiens des provinces plus riches. Cette redistribution interprovinciale des revenus engendrée par la fiscalité fédérale fait en sorte que les ménages québécois bénéficient d'un transfert net provenant des provinces plus riches. « Bien que celui-ci atténue l'écart qui existe entre les habitants des provinces plus riches et ceux du Québec sur le plan du revenu et du pouvoir d'achat, il engendre une forme de dépendance », fait remarquer Martin Coiteux.
Le Québec occupe une position relativement meilleure au bas de la pyramide des revenus. En effet, lorsqu'on compare le quintile des ménages les plus pauvres, on note que le Québec a presque éliminé l'écart de revenu net avec l'Ontario et parvient même à surpasser la Colombie-Britannique et les provinces des Prairies, exception faite de l'Alberta. Par rapport aux provinces les plus riches, le Québec connaît toutefois un déficit de revenu pour chacun des quintiles restants. Pour 80 % de sa population, ce déficit est d'autant plus élevé que l'on progresse dans l'échelle des revenus. Le Québec semble donc avoir un problème de productivité relative généralisé qui est toutefois plus important en haut qu'en bas de la distribution des revenus.
Compte tenu de ses ambitions au chapitre des dépenses, lesquelles sont généralement plus élevées que celles des autres provinces, le gouvernement québécois manque de revenus imposables au milieu et en haut de la distribution. Cette situation n'est certainement pas étrangère à la dépendance du Québec vis-à-vis des transferts fédéraux. Elle est sans doute aussi responsable du niveau élevé des taux d'imposition de la province et de son problème d'endettement.
Comparé au reste du pays, le Québec présente donc un réel problème de revenu qui a des conséquences autant personnelles que collectives. Cette situation déplorable est notamment due à une productivité du travail déficiente qui se reflète dans une rémunération horaire plus basse et à un nombre d'heures travaillées moins élevé qu'ailleurs au Canada. Le Québec doit donc débattre sérieusement de ses méthodes qui ont pu contribuer à créer une telle situation. « À défaut d'engager sans tabou ce débat, le Québec pourrait se retrouver un jour au dernier rang des provinces canadiennes sur le plan des revenus et du niveau de vie », conclut Martin Coiteux.
Pour en savoir plus :
- Téléchargez l'étude Le point sur les écarts de revenu entre les Québécois et les Canadiens des autres provinces, de Martin Coiteux;
- Consultez le communiqué de presse (version anglaise).
À propos du Centre sur la productivité et la prospérité
Créé en 2009, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal mène une double mission. Il se consacre à la recherche sur la productivité et la prospérité en ayant comme principaux sujets d'étude le Québec et le Canada. Ensuite, il voit à faire connaître les résultats obtenus en initiant des activités de transfert, de vulgarisation et, d'éducation. www.hec.ca/cpp.
Source :
Liette D'Amours
Responsable des relations médias
Tél. : 514 649-2347
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