L'endettement bas protégera les sociétés canadiennes quand le taux montera,
Marchés mondiaux CIBC
On craint un dollar plus fort - on souhaite une politique graduelle de la part de la Banque du Canada
TORONTO, le 29 avr. /CNW/ - À une époque où l'endettement des consommateurs canadiens atteint des niveaux record, les entreprises du pays vivent la situation inverse : leurs niveaux d'endettement affichent des creux record. Ainsi, les entreprises canadiennes sont très bien positionnées pour faire face aux futures hausses des taux d'intérêt, selon un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
Le rapport souligne que, aujourd'hui, les paiements du service de la dette des entreprises représentent environ 30 % du total des bénéfices d'exploitation, alors qu'ils étaient de 100 % ou plus au moment de la dernière récession réelle au Canada de 1990-1991. "Bien que cette situation soit de toute évidence en partie attribuable au faible niveau absolu des taux, elle reflète également un énorme désendettement de nombreuses entreprises", a déclaré Peter Buchanan, économiste principal et auteur du rapport.
"Contrairement à ce qu'on observe avec les ménages, les ratios emprunts/capitaux propres des entreprises ont davantage diminué et moins régulièrement pendant les 15 dernières années. Affichant actuellement un creux record de 54 %, non seulement la moyenne représente un peu plus que la moitié du niveau qu'elle affichait à l'époque de la dernière récession économique réelle, mais elle se situe environ à 15 points de pourcentage sous les niveaux constatés aux États-Unis. Les gouvernements et les entreprises ont fait de la réduction de l'endettement une vertu à la limite de la sainteté, ce qui leur a permis de se placer en meilleure position pour faire face au changement de politique imminent de la Banque du Canada."
M. Buchanan a constaté que la récession de 1990-1991 a incité un changement important dans l'attitude des entreprises canadiennes face à la dette. Les entreprises qui se sont endettées jusqu'au cou à la fin des années 1980 pour tirer parti de l'ALENA et d'autres développements ont payé cher lorsque la Banque du Canada a fait grimper les taux au-dessus de 10 % pour combattre l'inflation. M. Buchanan souligne que les bénéfices d'exploitation sur une base généralisée ont chuté de plus de 60 % pendant cette période difficile, soit près du double du déclin actuel. Épuisées pendant l'épisode précédent par la double influence des taux élevés et d'une monnaie forte, les entreprises ont tiré parti d'un solide rétablissement des bénéfices subséquent, qui a vu la part de profit doubler à 10 % du PIB sur une période de quatre ans, pour redresser leurs bilans mal en point.
"Les niveaux actuellement élevés des liquidités des entreprises témoignent de la prudence dont ont fait preuve les entreprises canadiennes dans la gestion de leur bilan ces dernières années, prudence susceptible de porter fruits lorsque les taux remonteront", a ajouté M. Buchanan. "Les niveaux de liquidités dans un certain nombre de secteurs clés comme le commerce de détail sont plusieurs fois sinon plus élevés que leur moyenne historique, normalisés par les ventes."
Ce qui a fondamentalement changé depuis la dernière récession, c'est que le secteur des entreprises est passé d'un statut d'emprunteur net à celui de prêteur net. Les entreprises dans leur ensemble constituaient des emprunteurs nets à hauteur de 20 milliards de dollars par année au début et à la fin des années 1990. Ces dernières années, les entreprises canadiennes ont inversé cette situation et sont maintenant des prêteurs nets pour une somme à peu près égale.
La capacité de financer à l'interne une grande part de leurs besoins en investissement a contribué à réduire les paiements d'intérêt aux prêteurs externes au cours des dix dernières années. Du côté du coût d'emprunt, un coup d'œil aux marges laisse croire que la prudence au chapitre de l'emprunt a été récompensée. Bien que les entreprises canadiennes n'aient pas totalement échappé au resserrement du crédit, les obligations de sociétés de première qualité à échéance de 10 ans se négocient beaucoup plus près des émissions américaines comparables aujourd'hui qu'il y a 10 ou 20 ans.
"Si les entreprises ont une crainte importante face à la perspective d'un changement des taux par la Banque du Canada, cette crainte concerne probablement moins le coût du service de la dette que la potentielle hausse non souhaitée d'un huard déjà élevé", a affirmé M. Buchanan. "Alors que l'accession à des sommets pour le dollar canadien reflète simplement à un certain degré le redressement du secteur des ressources, la valeur de cette monnaie a dans une certaine mesure grimpé plus haut que ne le justifient les développements dans ce secteur.
"Les fabricants des secteurs autres que les ressources naturelles, qui sont vulnérables face aux concurrents du pays et de l'étranger dont la majeure partie des dépenses est en devises étrangères, doivent assumer sans aucun doute la plus importante charge d'ajustement quand le dollar prend de la valeur. Toutefois, une monnaie plus forte n'est pas totalement négative. Les entreprises qui utilisent des composantes importées, tout en faisant face à peu de concurrence directe des importations, comme le secteur de la construction, constatent généralement des avantages. Il en va de même pour les détaillants qui vendent maintenant moins cher des produits importés et pour les sociétés qui répondent à l'appétit des Canadiens pour des voyages à l'étranger soudainement abordables."
Pour mieux comprendre les effets des variations du dollar canadien à l'échelle de l'industrie, M. Buchanan a classé les entreprises en fonction des répercussions potentielles sur leurs chiffres d'affaires tant à l'étranger qu'au pays. Il a constaté que les fabricants de matériel de transport, de vêtements et d'équipement font partie de ceux qui pourraient souffrir le plus d'une hausse du huard. Les secteurs qui pourraient en profiter le plus sont la construction, le commerce et divers fournisseurs de services. Il est toutefois peu probable qu'une hausse de la monnaie en raison d'une hausse des taux soit réellement positive pour le secteur de la construction.
"Tout dépend bien sûr énormément de la vitesse à laquelle la Banque inversera sa politique", a ajouté M. Buchanan. "Dans ces récentes prises de position, la Banque a invoqué à la fois un dollar canadien élevé et un fort niveau d'endettement des consommateurs comme des obstacles potentiels à une reprise normale ayant un rythme sain. Cela laisse croire que la Banque péchera peut-être par excès de prudence, ce qui est une bonne nouvelle étant donné la vulnérabilité de la reprise encore observée sur un certain nombre de fronts."
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse :
http://research.cibcwm.com/economic_public/download/sapr10.pdf ( en anglais)
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Renseignements: Peter Buchanan, économiste principal, Marchés mondiaux CIBC inc., (416) 594-7354, [email protected]; ou avec Kevin Dove, Communications et affaires publiques, (416) 980-8835, [email protected]
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