Les audiences de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement prennent fin en territoire autochtone
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FRONT D'ACTION POPULAIRE EN REAMENAGEMENT URBAIN (FRAPRU)23 nov, 2012, 09:00 ET
LAC-SIMON, QC, le 23 nov. 2012 /CNW Telbec/ - C'est dans la communauté anishnabe (algonquine) de Lac-Simon, en Abitibi-Témiscamingue que la Commission populaire itinérante sur le droit au logement tient, aujourd'hui, sa dernière audience. La Commission a entamé ses travaux, le 12 octobre, à Kuujjuaq, au Nunavik. Elle a depuis parcouru les 17 régions administratives du Québec, entendant près de 400 témoignages de groupes et d'individus. François Saillant, coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui a initié la Commission, considère que « cette consultation sans précédent a permis de faire la lumière sur une multitude de violations du droit au logement, certaines déjà documentées, d'autres à peu près ignorées ».
Le FRAPRU a choisi de commencer et de terminer ses audiences dans des communautés autochtones, parce que les problèmes dramatiques de logement et d'itinérance qui y sont vécus, sont trop souvent passés sous silence.
Il a précisé que Lac-Simon, située à une trentaine de kilomètres de Val d'Or, vit un sérieux problème de surpeuplement de logements. Alors qu'au Québec, 4,3 % des logements peuvent être considérés comme surpeuplés parce que plus d'une personne y vit par pièce, ce pourcentage était de 18 % à Lac-Simon, lors du recensement de 2006. Selon François Saillant, « la situation s'est assurément aggravé depuis, puisque la population de Lac-Simon a augmenté de 20 % entre 2006 et 2011 et que 40 % de cette population a désormais moins de 15 ans ». Il ajoute que le surpeuplement a des conséquences sur la santé des personnes et sur l'aggravation de problématiques sociales comme la violence conjugale, ainsi que l'itinérance au sein ou en-dehors de la communauté. De plus, 20 % des logements de la communauté ont besoin de rénovations majeures, alors que la moyenne québécoise est de 8 %, ce qui n'est pas non plus sans conséquences sur la santé.
Un droit bafoué
Sans présumer du rapport des quatorze commissaires, dont le travail est totalement indépendant du FRAPRU, l'organisme constate que, même si les problèmes diffèrent d'une région à l'autre, le droit au logement est bafoué à maints égards, à l'échelle du Québec.
Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU qui a parcouru le Québec avec la Commission, en témoigne: « Partout, des personnes ont expliqué que le coût élevé des loyers les oblige à couper dans leurs autres besoins essentiels, dont la nourriture. Partout aussi, il a été question d'insalubrité des logements, de moisissures, d'insectes, de vermines. Des cas flagrants de harcèlement ou d'intimidation ont été dénoncés et le mot « peur » est revenu bien souvent dans la bouche de locataires de Saguenay, de Victoriaville ou de Gaspé. Partout, des témoignages ont été livrés sur la discrimination vécue au moment de la location d'un logement, que ce soit par des ménages immigrants, des familles nombreuses, des prestataires de l'aide sociale, des personnes handicapées ou encore par des personnes qui vivent avec des problèmes de santé mentale ou qui sont porteuses du VIH-Sida ».
Elle ajoute que « dans certaines régions comme l'Abitibi ou la Côte-Nord, le développement économique effréné a provoqué une véritable crise du logement, alors que dans d'autres, comme la Mauricie, la situation économique difficile aggrave dangereusement le problème d'incapacité de payer, faisant monter en flèche le nombre de ménages qui se font traîner à la Régie du logement pour non-paiement de loyer ». L'abandon de la construction de logements locatifs, au profit de celle de condominiums, a été pointée du doigt dans les plus grandes municipalités comme Montréal, Québec, Laval, Longueuil ou Gatineau. L'aggravation de l'itinérance a également été dénoncée non seulement dans ces municipalités, mais aussi dans d'autres de plus petite taille comme Rimouski ou Joliette.
Enfin, maints témoignages ont permis à la Commission de prendre note des difficultés particulières rencontrées par les personnes handicapées, bien peu de logements étant adaptés et encore moins accessibles universellement.
La responsabilité des autorités politiques
Selon le FRAPRU, la Commission a aussi confirmé jusqu'à quel point les différents paliers de gouvernement s'acquittent peu ou mal de leurs responsabilités à l'égard du droit au logement. À son avis, celui-ci ne sera pas pleinement respecté et mis en œuvre, sans un renforcement important des lois et des règlements de protection des locataires et du parc de logements locatifs, ainsi que par un accroissement significatif des investissements gouvernementaux, en particulier dans la construction de nouveaux logements sociaux et dans la protection de ceux qui existent déjà.
Le FRAPRU se dit à cet égard déçu du premier budget présenté par le gouvernement péquiste de Pauline Marois qui se contente du minimum, soit d'ajouter 3000 logements sociaux pour tout le Québec, sans prévoir le développement à plus long terme du logement social et sans offrir les subventions additionnelles nécessaires à la réalisation de logements dans des régions comme l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord où les coûts de construction sont plus élevées ».
SOURCE : FRONT D'ACTION POPULAIRE EN REAMENAGEMENT URBAIN (FRAPRU)
François Saillant (514) 919-2843 ou Véronique Laflamme, (418) 956-3403
Conseil de bande de Lac-Simon : (819) 736-4501
http://www.commissionpopulairefrapru.org
Twitter : #cpi_frapru
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