Les négociations de libre-échange doivent tenir compte de l'interventionnisme monétaire pour éviter les distorsions dans l'économie canadienne
TORONTO, le 27 sept. 2012 /CNW/ - Pour que les échanges internationaux soient véritablement libres de toutes contraintes, les accords commerciaux canadiens ne doivent pas seulement porter sur l'élimination des barrières tarifaires et réglementaires, mais aussi sur les politiques monétaires interventionnistes des autres pays qui sont à l'origine de déséquilibres commerciaux et monétaires au Canada, peut-on lire dans un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
« On peut libéraliser les échanges, mais les taux de change qui déterminent les prix et les coûts relatifs pourront-ils eux aussi évoluer librement? Si la réponse est non, le marché n'aura alors de libre que le nom », déclare Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC, qui a rédigé le rapport en collaboration avec Emanuella Enenajor, économiste.
Plusieurs partenaires commerciaux du Canada sont intervenus afin de maintenir leur monnaie à un niveau inférieur à celui qui aurait été fixé par les marchés, ce qui leur confère des avantages, tant du point de vue des coûts sur le marché canadien que de la concurrence pour les parts de marché aux États-Unis, souligne M. Shenfeld. Cette pratique a été particulièrement courante dans les marchés émergents. En même temps qu'elles vendaient leur propre devise, les banques centrales des marchés émergents ont accumulé des réserves qui, dans bien des cas, représentent plus de 30 % de leur PIB.
Ces réserves étaient auparavant constituées en majeure partie de dollars américains, d'euros et d'autres grandes devises, mais les auteurs de l'étude estiment que les avoirs en monnaies de réserve autres que les grandes devises internationales, notamment le dollar canadien, ont quintuplé au cours des cinq dernières années, pour atteindre l'équivalent de 550 milliards de dollars américains.
Les achats des banques centrales et des fonds souverains étrangers ont joué un rôle clé dans l'accumulation par les investisseurs de pays étrangers de 280 milliards de dollars en obligations canadiennes, alors que cette somme n'était que de 65 milliards de dollars pour la précédente période de cinq ans. L'excellente cote de crédit du Canada et la confiance qu'il inspire ont amplifié ces achats, explique M. Shenfeld, mais ont fait augmenter la valeur du huard en cours de route. Selon le FMI, le dollar canadien fait maintenant partie des devises les plus surévaluées en fonction des données fondamentales du commerce.
Bien que les achats étrangers d'obligations canadiennes aient contribué à maintenir les rendements qu'elles offrent à un niveau peu élevé, l'appréciation de la monnaie a nui aux exportations nettes. Pour éviter que les exportations ne souffrent davantage, M. Shenfeld indique que la Banque du Canada n'a d'autre choix que de maintenir les taux d'intérêt en deçà de ce qu'ils seraient autrement, ce qui présente un autre risque. « Cette situation pourrait être trop avantageuse pour d'autres secteurs, comme celui de l'habitation, où une longue période caractérisée par de faibles taux d'intérêt risque de créer une bulle du prix des maisons et du crédit hypothécaire. »
On peut également lire dans le rapport que « bien que le Canada ait récemment décidé de remettre à plus tard la conclusion d'une entente officielle sur les tarifs et les autres barrières avec la Chine, la question des échanges commerciaux demeurera au premier plan des relations avec la plus grande économie de l'Asie. Cependant, pour envisager la situation dans son ensemble, il faut aller au-delà des barrières tarifaires et réglementaires et se concentrer sur les politiques monétaires et autres qui influent sur la balance commerciale entre le Canada et la Chine, ainsi que d'autres économies de marché émergentes. »
« La question des devises est délicate d'un point de vue politique, mais les négociations commerciales devraient justement permettre de traiter de tels enjeux. »
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eisep12.pdf.
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SOURCE : Marchés Mondiaux CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, 416 594-7356, [email protected]; Emanuella Enenajor, économiste, 416 956-6527, [email protected]; Tom Wallis, Communications et affaires publiques, 416 980-4048, [email protected]
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