Mine Arianne Phosphate: Le Gouvernement doit attendre les études avant tout décret
MONTRÉAL, le 15 déc. 2015 /CNW Telbec/ - La Fondation Rivières, membre de la Coalition Québec meilleure mine, a demandé dans une lettre au ministre Heurtel de ne pas soumettre de décret au Conseil des ministres en faveur du projet minier Arianne Phosphate. Et ce tant que les études en cours et les conditions du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) n'auront pas été réglées en toute transparence et que le promoteur n'aura pas déposé de garanties financières de compensation pour les dommages causés à tous les tiers et à l'environnement.
Alors que l'élite économique régionale fait pression pour que le Gouvernement émette immédiatement un décret, le projet apparaît prématuré et contourne les règles élémentaires de saine gestion publique, notamment à l'égard de la planification du transport du minerai. Le scénario du plus bas coût retenu par le promoteur nécessiterait un transport très polluant par 56 camions, 24 heures par jour, sur 240 kilomètres. Il exige de plus l'aménagement d'un nouveau port à Sainte-Rose-du-Nord. Celui-ci doit faire l'objet d'une autorisation fédérale distincte, alors que le gouvernement du Québec a renoncé à ses responsabilités d'analyser cet aspect dans le cadre du BAPE. Les commissaires ont ainsi mis en évidence l'incongruité d'avoir fractionné l'examen environnemental du projet et soulignent : « Dans son analyse, la commission d'enquête constate que le projet minier et le projet de terminal maritime sont liés, que l'un ne peut se réaliser sans l'autre et que l'exclusion du projet de terminal maritime a ainsi soustrait du débat public une des principales composantes du projet. »
Ce rapport indique que de nombreux aspects sont mal définis ou non pris en compte dans le projet. A titre d'exemple, l'absence totale d'une réglementation sur les effluents d'eaux industrielles dans le secteur minier apparaît inacceptable. Le gouvernement du Québec n'a actuellement aucun pouvoir de contraindre Arianne Phosphate à respecter des normes pourtant essentielles.
Ce projet prévoit que les eaux industrielles, qui n'auront subi qu'une simple décantation, se déverseront dans la rivière Manouane qui a déjà été amputée de 90 % de son débit moyen lors du détournement effectué par Hydro-Québec en 2002. Déjà les ouananiches ont pratiquement disparues avec l'absence d'un débit écologique minimal acceptable. Les activités de plein air, notamment dans la Pourvoirie Lac Duhamel, s'en trouveraient encore plus affectées. Le camionnage soutenu entraînerait d'autres conséquences sur tout son parcours alors que des modes de transport plus viables, tel le train, ou via le port de Forestville, ne sont pas considérés.
A la lumière des engagements de la COP21, le projet doit maintenant être réévalué puisqu'il occasionnerait l'émission de plus de 2,3 Mt équivalent CO2 avec la solution la plus profitable choisie par le promoteur. Le projet causerait de multiples dommages et nuisances pour la population et les entreprises de la région. Il « contribuerait à l'impact cumulatif sur le caribou forestier, une espèce désignée vulnérable au Québec et menacée au Canada, pour laquelle aucun inventaire sur le terrain n'a été réalisé par le promoteur » indique le BAPE.
SOURCE Fondation Rivières
Entrevues : Dominique Bernier, coordonnatrice, Coalition Québec meilleure mine, 418 570-3497; Source : Catherine Huard, directrice générale, Fondation Rivières, 514 924-2013; Lettre au ministre Heurtel : www.fondationrivieres.org
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