Moins riches au Québec, car moins éduqués
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HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité02 févr, 2012, 08:30 ET
MONTRÉAL, le 2 févr. 2012 /CNW Telbec/ - Les hommes québécois les plus riches le sont toutefois moins que leurs homologues canadiens, notamment en raison de leur niveau de scolarisation plus faible. C'est ce que révèle une étude réalisée récemment par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal. « Un phénomène assez surprenant car, par le passé, c'était plutôt parmi les Québécois les plus pauvres que l'on observait les plus grands écarts de richesse avec le reste du Canada », déclare Daniel Parent, auteur de l'étude et professeur agrégé à HEC Montréal.
Aujourd'hui, la situation tend à s'inverser. Ainsi, en 2007-2008, dans le reste du Canada, les 20 % d'hommes les plus riches ont enregistré un revenu après impôts et transferts qui était supérieur de 20 à 22 % à celui des Québécois de la même catégorie de revenu. Les 20 % les plus pauvres disposaient, pour leur part, d'un revenu qui dépassait d'environ 10 % celui de leurs homologues québécois. Ce renversement de situation s'explique par le niveau de scolarité, qui s'est grandement amélioré au Québec au cours des trente dernières années, diminuant du coup les écarts de revenu entre les gens moins nantis.
En outre, l'étude montre que la fiscalité accentue aussi les écarts de revenu entre les plus riches, compte tenu du fait que le Québec redistribue la richesse dans une plus large mesure que les autres provinces. « Bien que les différences en termes de scolarité expliquent une large part des écarts de revenu entre les contribuables québécois et leurs homologues canadiens, que ce soit avant ou après les impôts et les transferts, il reste qu'une part non négligeable des différences de revenu est attribuable à des facteurs autres et provient donc d'autres sources, telles que des différences sur le plan de la productivité », précise Daniel Parent.
Les femmes constituent l'exception
Autre révélation surprenante : d'une province à l'autre, il n'y a presque pas d'écart de revenu entre les femmes qui occupent une position similaire dans la distribution. Ainsi, dans le reste du Canada, en 2007-2008, les 20 % de femmes les plus riches jouissaient d'un revenu (après impôts et transferts) à peine 8 % plus élevé que celui des Québécoises. De leur côté, les 20 % les plus pauvres touchaient des revenus presque équivalents, voire légèrement inférieurs à ceux des Québécoises.
Ces écarts de revenu plus faibles entre les Québécoises et les autres Canadiennes découlent en bonne partie du fait qu'entre les deux groupes, il n'y a guère de différence sur le plan de la scolarité. L'étude montre d'ailleurs très clairement qu'en raison de leur niveau de scolarisation plus élevé que les hommes, les Québécoises tirent mieux leur épingle du jeu.
Le rôle de la redistribution
L'analyse des dépenses de consommation suggère que la situation est somme toute assez similaire partout au Canada. Les ménages qui sont vraiment contraints de consacrer une large part de leur revenu à l'achat de biens essentiels comme la nourriture et les vêtements sont soutenus de façon très semblable par les régimes fiscaux, tant au Québec qu'ailleurs au Canada. Toutefois, comme les Québécois paient davantage d'impôts, ils consacrent, en moyenne, une part plus importante de leur revenu disponible à l'achat de biens de consommation essentiels que les autres Canadiens.
« Cette étude montre qu'en raison de mécanismes de redistribution plus élaborés au Québec, les moins riches de cette province affichent des niveaux de vie similaires à leurs vis-à-vis canadiens. Cependant, comme cette redistribution est financée par les contribuables mieux nantis, ces derniers voient leurs revenus amputés et ont, par conséquent, un positionnement inférieur à celui des autres Canadiens en ce qui a trait aux revenus après transferts et impôts », conclut Daniel Parent.
Pour en savoir plus :
- Téléchargez l'étude Inégalités de revenu et inégalités de consommation au Québec et au Canada, de Daniel Parent;
- Consultez le communiqué de presse (version anglaise).
À propos du Centre sur la productivité et la prospérité
Créé en 2009, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal mène une double mission. Il se consacre d'abord à la recherche sur la productivité et la prospérité en ayant comme principaux sujets d'étude le Québec et le Canada. Ensuite, il veille à faire connaître les résultats obtenus en organisant des activités de transfert, de vulgarisation et, ultimement, d'éducation. Pour en apprendre davantage sur le Centre, visitez le www.hec.ca/cpp.
Liette D'Amours
Responsable des relations médias
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